- Je n'ai rien vu venir, murmure l'adolescent.
- Tu n'es pas un peu responsable de tout ça ? demande l'homme.
Le jeune garçon grimace de douleur, toujours allongé sur le sol.
- Vous avez sûrement raison, dit l'adolescent tout doucement. Je suis responsable. Je n'ai aucune excuse.
L'homme regarde pensivement l'adolescent. Il tremble toujours, allongé sur le sol, en position fœtale, serrant fort la couverture entre ses mains. Il est très pâle, trop. Mais ce qui le met mal à l'aise, c'est son regard. Il n'en a jamais vu de pareil. Ce gamin a vécu des choses qui l'ont marqué à vie. Il veut savoir ce que c'est. Il le doit, quitte à pousser l'adolescent dans ses derniers retranchements, quitte à l'épuiser.
- Tu évites soigneusement le sujet. Tu t'attardes sur des détails pour retarder le moment que tu redoutes de raconter.
Le garçon ferme les yeux très fort. Il voudrait que l'homme se taise, que les voix dans sa tête se taisent, que les images et les souvenirs s'effacent. Son cœur bat plus vite et ses intestins se tordent sous l'angoisse. Il se remet à sangloter, non pas parce qu'il le veut. C'est son corps, de lui-même, qui se secoue, sa gorge qui se serre et les larmes qui coulent. Il ne veut pas pleurer, mais il perd le contrôle.
- Qu'as-tu fait pendant les mois qui ont suivi ? demande l'homme.
- Quoi ? demande le jeune garçon.
- Le Kiss Day, c'était le 14 juin. Qu'as-tu fait en juillet et août ? dit l'homme.
L'adolescent ne dit rien. Il semble perdu dans ses souvenirs.
- Ces deux mois.....ont été.....bleus, dit le garçon.
- Bleus ? répète l'homme.
- Oui. Si je devais leur donner une couleur, ce serait bleu.
- Et le reste du temps ? demande l'homme.
Le jeune garçon essaie de se calmer. Il regarde ses mains. Sa peau le tire à cause du sang séché. Il fait bouger ses doigts pour ressentir ce tiraillement, focalisant son attention sur cette sensation, s'empêchant de penser à la suite.
- Rouge, murmure l'adolescent.
- Raconte moi les mois qui ont suivi et que tu qualifies de bleu, dit l'homme doucement.
Le jeune garçon essaie de prendre une grande inspiration. Il essaie de toutes ses forces de se concentrer sur les mots. Il a tellement froid et mal. Il est épuisé.
×××××××
Jungkook a passé un week-end éprouvant. Bien qu'il soit rentré tard vendredi soir, ses parents n'étaient pas là. Il est vite monté dans sa chambre, sans manger. Il n'avait pas faim. Il est resté plongé dans le noir, sur son lit, repensant à ces deux dernières semaines, le cœur battant la chamade. Ses émotions changent tellement qu'il ne sait plus comment il se sent. Ses pensées et les événements se sont enchaînés et il ne sait plus sur quoi il doit réfléchir.
Mais surtout, ce qui l'empêche de raisonner, c'est l'après-midi passé avec Taehyung et le chiot et le baiser. Il a encore la sensation de ses lèvres sur les siennes. Dès qu'il y repense, il a envie de sourire et son cœur devient plus léger. D'un baiser, Taehyung a effacé ces dernières semaines et ça lui fait peur. Comment une personne peut avoir autant d'importance pour une autre ? Il devrait être stressé et déprimé. Au lieu de ça, il en vient à se dire que sans ces mauvais traitements, Taehyung ne se serait peut-être pas autant rapproché de lui. Il ne comprend pas comment son cerveau peut en arriver à une conclusion aussi absurde.
Bien sûr, il sait que pour Taehyung ce n'est qu'un jeu, mais, pour lui, c'était son premier baisser et, en y pensant, il n'aurait pas voulu que ce soit une autre personne que le lui donne, même s'il sait que c'est mal.
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Le Bonheur À Portée De Mort
Fanfiction"Tu n'es pas responsable de ce qu'on a fait de toi. Mais tu es responsable de ce que tu fais de ce qu'on a fait de toi" Jean-Paul Sartre Que s'est-il passé cette année là ? Comment ça a commencé ? Qui est responsable ? Pourquoi ?