Chapitre 11

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L'adolescent ferme les yeux. Il ne veut pas croiser le regard de l'homme.
Il pose sa tête brûlante sur la table gelée et lâche un soupire tremblant. Les rires dans sa tête ne se taisent pas. Les images continuent à défiler sous ses paupières closes.
L'homme regarde le jeune garçon qui semble avoir perdu un combat intérieur. Son corps et sa voix tremblent et à travers le sang séché, il le voit pâlir de plus en plus.
Il semble également absent, dans son monde. L'homme ne sait pas comment l'atteindre. Il lève les yeux et regarde un coin de la pièce. Il soupire. Une pointe de culpabilité vient le chatouiller et c'est très désagréable. Il observe à nouveau le gamin.

- Jun...

L'adolescent se lève brusquement et renverse sa chaise. L'homme ne réagit pas, il a l'habitude de ce genre de réaction et c'est ce qu'il voulait.

- Ne dîtes pas mon prénom ! crie le jeune homme.

Ses traits sont déformés par l'épouvante et l'adolescent se met à faire les cent pas en vacillant. Il recommence à se gratter les mains.

- Qu'as-tu fait ? demande l'homme qui n'a pas bougé de sa chaise.

- Laissez moi tranquille ! s'exclame l'adolescent.

Chaque fibre de son corps se tend de dégoût. Le jeune garçon ne supporte plus cet endroit, cet homme, ce moment, ces voix, ces images. Il est épuisé de lui-même.

- Parle, dit sèchement l'homme.

L'adolescent secoue frénétiquement la tête.

- Non. Je veux le silence, dit-il. Je veux oublier.

- Tu n'auras jamais le silence. C'est ta conscience. Tu n'oublieras jamais. Tu vivras avec jusqu'à ta mort. Par contre, si tu veux que je te laisse tranquille, crache le morceau, dit l'homme froidement en se levant.

- Ne m'approchez pas, dit le garçon affolé. N'avancez pas.

L'homme ne l'écoute pas et continue d'avancer lentement vers lui. Le moment est venu de le pousser un peu plus dans ses retranchements. Le garçon recule et se colle au mur, son estomac se soulève de terreur et de dégoût.

- Non ! Arrêtez ! Pitié !

Mais l'homme continue impitoyablement. Avec l'expérience, il a appris à laisser de côté ses émotions. Alors, le jeune garçon tombe à genoux, il se met en boule et cache sa tête sous ses bras.

- Que s'est-il passé ? Ne me force pas à le répéter, dit l'homme en s'arrêtant juste devant le garçon.

- J'ai signé mon arrêt de mort, dit l'adolescent la gorge serrée.

Il ne reconnaît pas sa voix. On dirait celle d'un enfant.

×××××××

Jungkook lit et relit le message, jusqu'à ce qu'il soit gravé dans son âme, la marquant au fer rouge.
Il ne se demande pas ce qu'il va répondre. Il se demande plutôt qui est l'auteur de ce message et la raison pour laquelle il fait cela. Il se sent sali aussi, coupable et, le pire, c'est que c'est de sa faute.
Personne ne l'a forcé à faire l'amour dans un lieu public. Par contre, savoir que quelqu'un les a vus et les a pris en photo le dégoûte. Il se sent violé dans son intimité, mais, en même temps, il l'a cherché. Il le mérite.
Il est hors de question que Jungkook en parle à la police, il aura une amande et tout le monde saura ce qu'il a fait et il sera exclu de la société. Puis, ça n'empêchera pas la personne de publier la photo.
Il ne peut pas en parler à ses parents, qui sont conservateurs.
Il ne peut pas en parler à Taehyung. Les émotions fortes empirent ses crises d'épilepsie et il ne veut pas lui faire endurer ça. Malgré ce que dit Taehyung, Jungkook sait qu'il apprécie sa popularité.
Il ne peut pas non plus en parler à Jimin ou Yoon-Gi, ils pourraient le dire à Taehyung.
Il ne peut pas le dire à son frère. Il n'a plus confiance en lui et il pourrait le répéter à leurs parents.
Il est seul. Jungkook s'assoit sur son lit. Son cerveau tourne à vide. Il n'est qu'angoisse et douleur. Il ne pleure même pas, tant la souffrance et le choc sont grands.

Le Bonheur À Portée De MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant