Chapitre 10

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Le jeune garçon pose ses coudes sur la table et se bouche les oreilles avec les mains. Il a mal à la tête et les voix, les images ne le laissent pas tranquille. Elles rongent son âme.
Il fixe la table à laquelle il est assis, elle est blanche et propre, sans aucun défaut. Cependant, le blanc se brouille sous ses yeux et il voit des gouttes de sang apparaître. Elles se multiplient et forment une flaque sur la table.

- Parle moi, dit l'homme.

L'adolescent lève les yeux et le regarde. Il se demande s'il a déjà eu peur de quelque chose, s'il sait ce que ça fait de détruire la vie d'une personne. Il n'y a pas de jugement dans ses yeux, il l'observe, c'est tout, attendant la suite.
L'adolescent ne veut pas aller plus loin, il ne veut pas revenir sur les derniers mois.

- Je te l'ai déjà dit, tu as de gros ennuis. La seule solution, c'est que tu continues de parler, que tu ailles jusqu'au bout. Que s'est-il passé le 14 septembre ?

Le garçon sursaute et se recroqueville sur sa chaise. Il secoue la tête et ferme les yeux.

- Dis le moi, dit l'homme sèchement.

L'adolescent recommence à se balancer d'avant en arrière. Sa respiration s'accélère.

- Le 14 septembre....... murmure le jeune garçon. J'ai pactisé avec le diable.

De nouveau, le garçon a le regard perdu dans le vide. Il continue de se balancer et penche la tête, comme s'il entendait quelque chose que lui seul peut percevoir.

- Pactiser avec le diable ? demande l'homme.

- Oui, dit le garçon sans aucune émotion dans la voix.

- Qui est le diable ? demande l'homme.

- Moi. Je suis le diable. J'ai passé un pacte avec moi-même, répond l'adolescent.

Il continue à se balancer, les bras croisés sur son ventre et le dos voûté. Comme s'il y avait un rétroprojecteur derrière lui, il voit sur le mur d'en face des images défiler. Celles qu'il enfouie en lui, qu'il ne veut pas voir.
L'homme se penche sur la table et pose ses mains dessus, l'adolescent se recule précipitamment. Il ne veut pas prendre le risque d'être touché une nouvelle fois.

- Raconte, exige l'homme d'un ton dur.

Le jeune garçon a un petit sourire en coin, tout en levant la tête pour fixer la lumière. Peut-être qu'elle lui brûlera la rétine et il ne verra plus ces horribles images.

×××××××

Jungkook reprend peu à peu son souffle, les battements de son cœur ralentissent pour revenir à un rythme régulier. En revanche, le bien-être qu'il a ressenti avec l'orgasme est toujours là. De son côté, Taehyung retrouve peu à peu ses esprits, lui aussi. Il se tourne sur le côté et le regarde. Jungkook fixe le plafond. Il a peur de voir la déception dans ses yeux ou de la moquerie.

- C'était sensationnel, dit Taehyung. Je savais que tu ne pourrais pas me décevoir.

Jungkook rougit, mais, avec l'orage, la chambre est trop sombre pour que Taehyung le remarque. Il entend toujours le tonnerre et les éclaires illuminent la pièce à intervalles réguliers. La pluie frappe à la fenêtre.
Il tourne la tête et regarde Taehyung, mais il ne voit que le contour de son visage. Il serre les poings sous le drap pour s'empêcher de le caresser, de lui prendre la main, de l'embrasser. Ce n'était qu'une expérience pour Taehyung, un jeu. Il n'est pas amoureux de lui. Ils ne peuvent pas être ensemble.

- Ça t'a plu ? demande Taehyung.

Jungkook hoche la tête, rougissant encore plus.

Le Bonheur À Portée De MortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant