Réveille-toi

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[Perdue dans l'espace et le temps, elle repensa aux circonstances qui les avaient mené ici tous les deux.]

Les souvenirs défilèrent, plus rapides que les éclairs d'une tempête.

Le moment où ils s'étaient réveillés seuls après 125 années de cryo-sommeil et avaient rencontrés Jordan.

Les images de Monty et Harper sur l'écran du pont principal de leur vaisseau.

Les deux soleils autour desquels gravitaient leur nouvelle planète.

Soyez meilleurs. Faîtes mieux, leur avait demandé Monty après avoir sacrifié sa vie pour la survie de l'humanité. Comment ignorer la dernière volonté de leur ami ?

Alors, ils avaient fait mieux. Ils avaient été meilleurs.

Clarke n'avait pas redressé les barrières érigées par les épreuves et le temps autour de son cœur. Les barrières que seule Madi pouvait normalement traverser.

Bellamy avait dompté la colère qui tempêtait sous la surface de ses émotions, s'était interdit d'exploser et de dire des choses qu'il ne pourrait que regretter.

Et, depuis si longtemps qu'ils croyaient avoir oublié comment faire, ils avaient travaillé en harmonie, en symbiose... Ensemble. Doucement, ils s'étaient ouverts l'un à l'autre, s'étaient parlés, s'étaient pardonnés.

S'il avait fallu plusieurs jours pour qu'ils retrouvent le rythme et l'alchimie qui les caractérisaient auparavant, il n'avait fallu que quelques heures, peut-être même seulement quelques minutes - s'ils étaient (enfin) honnêtes avec eux-même - pour que leurs sentiments refassent surface.

Six ans d'absence, une guerre, deux fins du monde et 125 ans de sommeil n'avaient pas suffi à effacer cela.

La tendresse était revenue en premier.

Dans l'éclat des regards qu'ils posaient l'un sur l'autre. Dans la couverture que la jeune femme déposait sur les épaules de Bellamy quand il s'endormait dans la salle de contrôle aux côtés d'une Clarke qui refusait d'aller se coucher - pas avant d'avoir une troisième fois revu les calculs effectués avec l'aide de Jordan - et que le jeune homme refusait de la laisser veiller seule. Dans la tasse de café qu'il lui apportait au petit matin lorsqu'elle peinait à se réveiller d'une nuit de sommeil trop courte.

L'affection avait rapidement suivie.

Dans les boucles brunes humides de sueur que Clarke dégageait du regard de Bellamy après leur entraînement quotidien. Dans la main que le jeune homme posait dans le bas de son dos quand il passait près d'elle. Lorsqu'il laissait la jeune femme dodeliner de la tête sur son épaule après des journées particulièrement difficiles, et qu'il finissait par s'endormir lui-aussi, sa joue posée sur le sommet de son crâne.

Le désir, quant à lui, n'était pas né subitement. Un jour, ils s'étaient simplement rendus compte que l'attirance était là depuis toujours.

Dans le crépitement de chacun de leur contact. Dans la passion qui animait tantôt leurs passes d'armes chaque matin, tantôt les disputes qu'ils rencontraient lors de désaccords quelconques. Dans les rêves fiévreux qui réveillaient parfois Clarke en pleine nuit. Dans l'impulsion qui saisissait Bellamy quand la jeune femme souriait et que ses lèvres appelaient les siennes avec ferveur.

Bellamy se souvenait encore de l'instant où il avait failli céder à la tentation et exaucer toutes les fantaisies qui se jouaient en boucle dans son esprit à chaque moment d'inconscience et d'éveil.