Chapitre 9 ✓

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PDV Jack Frost:

Trois jours plus tard, me revoilà dans cette fameuse chambre. Aurélien se frotte la nuque.

-Je pensais... Je pensais que je ne te voyais plus et que je ne t'entendais plus.
-Et ensuite tu t'es dit que c'était ton imagination ?
-Je ne suis pas encore arrivé à cette conclusion mais j'y étais très proche.

Je m'assois sur le lit. Aurélien me demande :

-Tu as fait quoi ces derniers jours?
-Je me suis changé les idées.
-Mais encore?
-J'ai gelé des pares brises, verglacé des trottoirs et déclenché une bataille de neige dans une école.
-On est encore en été!
-Eh bien, ça a fini en bataille de boue.

Il s'assoit sur sa chaise de bureau.

-Tu sais, ça fait vraiment bizarre de te voir.
-A ce point?
-Je ne t'imaginais pas comme ça.
-Déçu?
-Non!

Il se frotte le visage.

-Je te pensais plus grand avec des piques sur la tête.
-Sérieusement?

Je passe ma main dans mes cheveux comme pour m'assurer que je ne sois pas devenu un porc-épic.
Après un moment, je demande:

-Sinon, comment ça se passe au lycée?
-Bien.

Un nouveau silence.
Je me mets à rire nerveusement avant de demander:

-C'est moi ou l'ambiance paraît...
-Gênante?

Je hoche la tête.

-Tu te couches tard?
-Dans une heure.

Aurélien s'enfonce un peu plus dans son fauteuil.

-Ça te dirait qu'on se pose des questions pour mieux se connaître? Le temps passera plus vite et ça brisera la glace.
-Ouais, pourquoi pas. Commence.

Il réfléchit quelques instants.

-Ta couleur préférée ?
-Le bleu.
-J'aurai du m'en douter.

J'observe sa chambre.

-Ton animal préféré ?
-Le loup.
-Ouais c'est pas mal...

Il se lève d'un coup.

-Comment ça pas mal?! Les loups sont juste les plus belles créatures qui existent!
-Attend de voir la Fée des Dents avant de dire de telles choses.
-Elle est jolie?
-Pas forcément mon style. Mais oui, elle l'est.
-C'est quoi ton style?
-C'est pas à ton tour de poser une question!

Et finalement, l'heure se met à tourner à une vitesse folle. Aurélien m'a rejoint sur le lit et nous discutions avec entrain. On ne parle pas de choses importantes. Tout ce qui franchit nos lèvres est insignifiant. Mais au moins, on apprend à connaître nos goûts et nos couleurs.
Au bout d'un moment, Aurélien regarde son téléphone.

-C'est 22h passé, je vais dormir pour pas être fatigué demain.
-Pas de soucis.
-Du coup demain c'est vendredi. Je pourrai me coucher plus tard comme c'est le week-end après.
-Si on continue à ce rythme, on aura plus rien à se raconter.
-Si on cherche bien, on trouvera toujours.

Il me raccompagne à la fenêtre.

-Tu vas dormir où la nuit?
-Je croyais que les questions-réponses étaient finies.
-Si ça te gêne de répondre...
-Non c'est pas ça. C'est juste que ça dépend.
-Tu n'as pas de chez toi?

Je hausse les épaules.

-J'en avais un. Et puis un jour, tout a basculé.
-Que s'est-il passé?

Je lui fais un mince sourire.

-Je te le raconterai peut-être un jour. Mais pas aujourd'hui. Je ne veux pas t'effrayer.

Il lève un sourcil.

-Si je passe mes soirées avec un tueur en série en fuite, j'aimerai le savoir.
-Tu n'as pas à t'en faire pour ça.
-Ou alors tu es un voleur qui cherche un endroit où cacher son butin.
-Non plus. Tu ne trouveras pas comme ça. Ton imagination n'est pas assez développée.
-Laisse-moi deviner, tu étais un crapaud dans un autre monde. Une princesse t'a embrassé et, pour une raison inconnue, tu t'es retrouvé coincé ici.
-Je ne parlais pas de ce genre d'imagination.

Je monte sur le rebord de la fenêtre.

-Fais de beaux rêves Aurélien.
-Je vais essayer en espérant qu'un psychopathe ne vienne pas me geler les poumons pendant la nuit.

Je lève les yeux au ciel.

-Très drôle.
-Charlotte aussi me dit que mon humour est irrésistible.
-Je la comprends. On risque de finir mort de rire avant la fin de nos jours.

Je lui fais un grand sourire puis m'envole vers la nuit claire. Un petit "bonne nuit" me poursuit jusque dans les étoiles.

Le froid glace le tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant