Le froid glace le temps

Chapitre 17 ✓

PDV Jack Frost:

Je me retrouve assez vite devant une petite maison au milieu d'un lotissement. Je me pose sur le toit.
Comment je dois m'y prendre maintenant ? Si j'effraie le garçon, il ne touchera pas ses dents. Il faut que sa curiosité le pousse à prendre la boîte.
Je cherche sa chambre à travers les fenêtres. Je finis par la trouver. Le garçon s'y trouve et semble regarder des vidéos sur son téléphone. Bien.
Je pose la petite boîte dorée et toque à la vitre. Il tourne la tête par ici mais ne se lève pas. Je toque à nouveau, un peu plus fort cette fois.
Le garçon se met sur ses pieds et s'approche doucement. Méfiant, il sonde la nuit mais il ne doit pas voir grand chose avec cette obscurité.
Avec mon bâton, je fais glisser la petite boîte plus près de la fenêtre. Le brun semble la remarquer. Il a un mouvement de recul. La seconde d'après, il ferme ses rideaux.
Je soupire. Est-ce que je laisse les dents ici?
J'hésite un instant. Alors que je décide de reprendre la boîte, les rideaux s'ouvrent à nouveau. Je me fige et observe la fenêtre s'ouvrir lentement. Une main surgit et attrape la boîte. Le garçon a l'air irrémédiable attiré par ses souvenirs. Il pose ses doigts sur l'ouverture. Le temps semble s'arrêter quelques secondes pour lui. Quand il reprend ses esprits, la première chose qu'il fait est de poser sa main sur son cœur. Il repose ensuite la boite, cherche quelque chose dans l'obscurité et referme sa chambre.

***
Je me rends aussi vite que possible chez Aurélien. J'ouvre la fenêtre avec grand fracas et un cri apeuré m'accueille. Je me précipite sur l'adolescent recroquevillé dans le lit et plaque ma main contre sa bouche.

-Chut! Aurélien, c'est moi, c'est Jack!

J'attends quelques instants avant de me détacher de lui. Il chuchote en crachant presque :

-Putain je dormais! Tu m'as fait super peur!

La porte s'ouvre violemment. Son frère totalement paniqué rentre.

-Aurélien tout va bien?! J'ai entendu la fenêtre s'ouvrir !
-Ouais... Ce doit être le vent.

Mark va observer la nuit avant de fermer la fenêtre.

-Tu es sûr que personne n'est rentré?
-Je te rappelle que personne ne peut ouvrir les fenêtres de dehors.
-Je ne pense pas que le vent en soit capable non plus, comme tu le dis.

Aurélien hausse les épaules.

-Je ne vois pas d'autres explications rationnelles.

Son frère lève un sourcil.

-Alors il faut chercher une cause occulte?

Aurélien me jette un coup d'œil. Un sourire énigmatique se peint sur ses lèvres. Il répond à son frère:

-S'il faut, un démon avec des piques sur la tête est en train de nous observer.
-Hey! m'exclamé-je. Je n'ai pas de piques sur la tête!
-Tu essaies de m'effrayer? dit Mark en même temps que je parle.
-Tu as peur ?
-Je devrai?
-Il pourrait te geler les pieds.

Mark se met à rire.

-Qu'il essaie!

Je lève mon bâton mais Aurélien bondit du lit et se met devant moi.

-Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de provoquer un démon.
-Je vais finir par croire que tu y crois vraiment à ce démon. Il t'a déjà gelé les pieds? A moins que tu ne l'ai vu?

Je pose mon bâton sur ses pieds et chuchote agréablement à l'oreille de mon ami:

-Fais attention à ce que tu dis...

Aurélien attrape doucement le bâton et le décale de quelques centimètres.

-Si je te disais que c'est un gentil démon, tu me croirai?
-C'est un oxymore ! Un démon, par définition, n'est pas gentil.
-Mark, c'est une heure de matin. Et toi, tu me fais un cours de français?
-Et toi, tu es en train de me dire que tu es ami avec un démon qui pique. A ton avis, lequel de nous deux est le plus fou?
-C'est une vraie question ?

Pendant qu'ils parlent, je me rends compte de la proximité de son dos. Je remarque ses petits cheveux posés négligeamment sur le haut de sa nuque. Je me penche légèrement en avant et sens son odeur en frôlant sa peau de mon nez. Il sent le savon. Totalement obnubilé par le garçon en face de moi, je ne me rends pas compte que Mark est parti, qu'un silence règne dans le pièce et qu'Aurélien ne bouge plus. Il finit par murmurer:

-Que fais-tu?

Je sursaute légèrement, juste assez fort pour que ma poitrine touche le haut de son dos.

-Tu... Tu voulais me parler de quelque chose?
-Le garçon a regardé ses souvenirs.
-Et?
-Je crois que ça a marché.

Aurélien tourne sa tête vers le bureau.

-Je devrai envoyer un message à Charlotte.
-Oui...

Mais ni lui ni moi ne bougeons.

-Je devrai te laisser dormir.
-Oui...
-Tu veux dormir?
-Non...

Il m'avait toujours semblé que sa chambre n'était pas très grande. Mais tout de suite, elle me paraît moins petite que ce que je pensais.

-Tu veux faire quoi si tu ne veux pas dormir?
-Rêver.
-Mais il te faut dormir pour rêver.
-Je peux rêver éveillé.
-Alors imaginons que tu es en train de rêver. Que se passerait-il?

Il se tourne lentement vers moi.

-Peut-être que je rêve réellement en ce moment. C'est peut-être un très long rêve qui paraît trop beau pour être vrai.

Ses yeux sont tendrement cernés.

-Tu es sûr que tu ne veux pas dormir?
-S'il faut je suis déjà en train de dormir.
-Ce n'est qu'une hypothèse.
-En vrai, ça ne m'étonnerait pas. Je n'ai jamais cru au surnaturel, aux esprits... Je t'ai peut-être inventé de toutes pièces.
-Mais tu crois en moi maintenant.
-Les rêves font parfois croire en des choses inimaginables.

Il fait remonter sa main pour se frotter les yeux. Une jolie marque rouge s'attarde sur sa peau.

-Alors je ne suis qu'un rêve?
-Tu es mon rêve et je veux te garder là...

En même temps qu'il parle, il pose sa main sur son cœur. Dans ma poitrine, mon organe s'emballe.

-Aurélien...
-Jack...

Soudain, j'ai peur. J'ai peur de l'inconnu, peur de ce que je pourrai peut-être ressentir.
Je me recule d'un petit pas. Ce geste a l'air de briser la bulle dans laquelle nous étions.

-Je ne veux pas... Enfin je voudrai... Je devrai... Je devrai te laisser te reposer. Tu as vraiment l'air fatigué. Je suis désolé de t'avoir réveillé.

Il secoue la tête.

-Ce n'est pas grave. Tu peux rester, tu ne me déranges pas.
-Je dois... Euh... Je dois m'occuper des enfants.

Il fait un petit pas vers moi pour se retrouver à nouveau à quelques centimètres de mon corps. Il me demande si bas que je crains avoir mal entendu :

-Tu t'échappes? Tu me fuis? J'ai fait quelque chose de mal?
-Non!

Je l'attrape par les épaules.

-Je suis heureux de t'avoir rencontré Aurélien. Je t'apprécie beaucoup. Je dois juste réfléchir.
-Tu reviens demain?
-Je...

Sous mes doigts, ses épaules s'affaissent. Mes mains glissent le long de ses bras.

-Je suis un Gardien, je ne dois pas oublier mon devoir.
-Je sais.

Il attrape mes poignets et ramène mes bras le long de mon corps.

-Allez, file. Je suis sûr que les enfants attendent qu'une chose: te voir en face d'eux en train de faire des flocons de neige.

Je hoche la tête. J'hésite quelques secondes avant de sortir de la chambre.

...
Je pars vendredi à la mer pendant une semaine. Je ne pense pas pouvoir poster de nouveaux chapitres entre temps du coup...

Alors vos impressions? Ça vous plaît?