Le froid glace le temps

Chapitre 2 ✓

PDV Jack Frost:

Sans m'en rendre vraiment compte, je me suis mis à errer près de cette maison. Je ne comprends pas comment ce chien peut me voir. Non, plus précisément, ce chien m'a regardé à un moment, et depuis j'ai l'impression de ne plus exister. J'ai beau lui passer devant pour attirer son attention, il ne tourne pas la tête pour me suivre des yeux. A moins qu'il ne me regardait pas ?
La porte s'ouvre. C'est 8h pile et, comme tous les matins, Flocon sort dehors pour faire ses besoins naturels.
Je m'approche du chien.

-Flocon, je suis là.

Je lui fais un petit signe de la main. Ses oreilles se redressent et il tourne la tête dans ma direction. Mais ses yeux errent à côté de moi.

-Ici...

Le chien se secoue de toute part puis s'éloigne un peu. Je me mets alors à faire des roulades dans le jardin, à courir et sauter devant lui. Mais Flocon ne me coule même pas un regard. Il va se rouler plus loin sur un animal mort.

-Ah non!

Je tourne la tête vers le garçon aux grosses lunettes. Il s'approche de son animal, les poings sur les hanches.

-Sors de là! Après tu pues et ça empeste dans toute la maison!

Flocon se redresse et vient se frotter à Aurélien.

-Oui, moi aussi je t'aime Flocon, sauf quand tu t'es traîné sur une souris morte.

Ce garçon a un nez beaucoup trop fin. Même ses lèvres sont fines. Et ses lunettes... beaucoup, beaucoup trop grosses. Il devrait avoir un joli visage en plus.
Tout à coup, le chien se fige. Je baisse la tête et me rends compte qu'il me fixe. Je m'éloigne d'un bond en arrière et Flocon avance de quelques pas vers moi.
Aurélien, ne remarquant rien, attrape au bout des doigts la queue de la souris puis revient à l'intérieur.
Le regard du chien passe au travers de mon corps. Il ne me voit plus.
Aurélien ressort avec une poubelle et Flocon le rejoint en remuant la queue. Sauf que le garçon, après une furtive caresse, revient se nicher dans sa maison.
Je m'approche d'une fenêtre et le cherche à travers les carreaux.
Je secoue la tête.
Non mais qu'est-ce que je suis en train de faire? On dirait un voyeur...
D'un bond, je monte dans les airs. Je ferai mieux de m'éloigner quelques temps d'ici.
Pourquoi ne pas aller s'amuser un peu dans un endroit frais ?

***
Qu'est-ce que j'avais dit déjà?
Ah oui, que je m'éloignerai quelques temps de cette maison. Tu parles d'une bonne blague...
Je n'ai pas tenu une semaine! Je ne comprends pas pourquoi ce chien me voit par intermittence. Ça me rend fou!
J'attrape un caillou et le soupèse dans ma main. S'il faut, ce chien le fait exprès. En le touchant avec ça, il se tournera forcément vers moi pour me grogner dessus.
J'attends que le père de la petite famille parte au boulot. C'est toujours lui qui fait sortir Flocon parce que c'est le premier à partir.
La porte s'ouvre.

-Bon, j'y vais, dit-il à sa femme et son fils.

Flocon se faufile dehors et va derrière la maison. Je le suis, vérifie que personne ne regarde et lui lance le caillou dessus. Il se le reçoit à l'épaule comme je le voulais.
Comme prévu, il se tourne vers moi. Mais ses yeux ne font que glisser sur mon corps sans s'arrêter sur moi. Mince!
Je vais chercher un autre caillou et le lance lui aussi. Mais toujours rien. Peut-être qu'avec une poignet...
Je vais donc remplir mon poing de graviers. Je reviens vers Flocon et lui lâche tout sur le dos. J'entends alors une exclamation de surprise. En relevant la tête, je m'aperçois qu'Aurélien fixe les petits cailloux sur son chien qui s'empresse de se secouer pour les enlever.

-Flocon, ça va ?

Il passe par la fenêtre pour enlever ce qui est resté coincé dans les poils de son animal.

-D'où ça sort tout ça?

Flocon hume l'air et tourne légèrement la tête vers moi. Il me sent. Je m'approche et met ma main devant son nez. Il se met alors à aboyer.
Oui, vraiment, quelque chose ne tourne pas rond.

...
Comme promis, le deuxième chapitre!

Je suis super heureuse de retrouver mes lecteurs ! J'ai l'impression qu'on forme une grande famille !