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La tête posée sur la vitre passagère, je regarde les lampadaires défilés sous mes yeux, nous sommes en plein centre de Palms Spring, les boutiques de luxes sont bondées de monde, des passants marchent à côté de leurs moitiés heureux. Quelques personnes avec des skates passent à vive allure sur les trottoirs, la vie tout simplement.

James est concentré sur la route, je ne sais pas si je dois engager la conversation ou pas.

- Et toi, comment s'est passer ta journée ?

Il tourne l'œil vers le rétroviseur intérieur avant d'ajouter :

- Bien, j'ai eu beaucoup de travail malgré tout, la vie de PDG n'est pas toujours facile.

- J'en doute bien, sans être indiscrète tu fais quoi comme commerce ?

- Je ne fais pas que du commerce Lise, mais plus principalement de l'import-export vers les pays démunis, je soutiens aussi des associations comme celle contre les violences conjugales.

Bien évidemment. Un homme autant important que lui est obligé de défendre certaines causes, et en l'occurrence celle-ci semble parfaite pour gagner le respect de certains. Soudain l'air contenu dans l'espace de cette voiture semble disparaître, j'ai du mal à respirer. Reprends-toi.

- Je suis contre les violences conjugales, je trouve cela tellement horrible, comment peut-on lever la main sur une femme ?

- Très. (Une quinte de toux me prend rapidement) mais cela arrive souvent.

- Bien trop, beaucoup trop de femmes meurent sous les coups de leurs compagnons, c'est inadmissible.

- En effet. Vous défendez seulement cette cause ?

- Non celle de l'alcoolisme, et du tabagisme excessif.

J'aurais du m'en douter, les trois forment la paire. Je ferme les yeux pour les re-ouvrir quelques secondes plus tard.

- Est-ce que tu fumes Lise ?

- Non, ça ne m'a jamais attirée, tout comme l'alcool, je ne vois pas le but à cela à part l'autodestruction.

- Bien. Parle moi de toi.

Le moment que je regrettais le plus arrive.

- Oh.. il n'y a pas grand chose à dire sur moi.

Prise de panique je ne sais quoi dire, j'ai juste envie d'ouvrir la portière et de partir en courant de cette magnifique Mercedes qui devient vraiment trop étroite.

- Je suis sûr que si.

- Ma mère m'a quittée lorsque j'avais cinq ans et mon père est mort il y a trois ans maintenant.

- De quoi sont-ils mort ?

- Ma mère était gravement malade, et mon père a succombé à son alcoolisme et à la drogue.

- Je suppose que tu n'en est pas sortie indemne ?

- Non loin de là..

- Tes démons viennent de ton père ?

Touchée. Je m'aventure sur une pente plus que glissante, je sais que si je continue sur cette lancée je vais littéralement me ramasser dans cette pente, et des crises s'en suivront.

- Je préfère ne pas en parler.

Toujours à travers le rétroviseur il me regarde, mais n'insiste pas, ça ne mènera à rien de bon.

- Vos parents fumaient ou autre ?

- Non, mais ma mère était victime de violences conjugales.

Monsieur Heaven n'a pas eu une enfance toute belle, il semble avoir surmonté toute cette pagaille, il en parle mais sans expression, aucun sentiment ne s'échappe de sa voix. En outre il est passé à autre chose. Son professionnalisme me surprendra toujours, il ne cille pas. En tant que PDG il a des responsabilités, j'en suis plus que consciente.

- Mais elle a vite fait partir mon père, et s'est remariée quelques années plus tard, maintenant elle est la plus heureuse des femmes.

- Dans ce cas là je lui souhaites tout le bonheur du monde.

- C'est gentil.

Mes mains se posent sur mes cuisses, cette fichue robe remonte bien trop haut à mon goût, elle laisse échapper quelques cicatrices qui essayent de se faire la malle. J'essaie donc de la descendre le plus bas possible mais rien n'y fait, cette soirée commence à m'agacer.

Quelques minutes plus tard la voiture pénètre dans un parking souterrain, puis James se gare au fond du parking, il sort du véhicule, en fait le tour et m'ouvre la porte en parfait gentleman puis m'aide à descendre, me tenant par la taille. A ce simple contact mon corps se tend, depuis que mon père a commencé à me battre j'ai toujours eu du mal à supporter qu'un homme me touche.

Assise en face de cet bel homme, je suis soudain encore plus mal à l'aise que dans la voiture. Ce restaurant est bien trop chic et bien trop cher à mon goût, il reflète tout ce que je n'aime pas. Quelques couples boivent des coupes de champagne qui sont sûrement hors de prix, d'autres discutent mains dans la mains exhibant leurs alliances elles aussi hors de prix, avec de gros diamants scintillant. La richesse et la vie de rêve, ce que tu n'aurais sûrement jamais. Regarde toi.

- Que veux-tu manger ?

- Oh... et bien c'est bien trop cher pour moi..

- Lise, je t'ai dis que je t'invitais, c'est moi qui paye.

- Oh non..

- Si, j'ai assez d'argent pour acheter au moins 6 ou 7 restaurants comme celui ci, donc ce n'est pas un repas qui me dérange.

Je roule des yeux, monsieur blindé est carrément narcissique.

- Très bien.

Après avoir donner nos commandes au serveur, il nous dépose une bouteille de vin sur la table. De mes doigts je repousse le magnifique seau en aluminium dans lequel est posé la bouteille. Il est hors de question que je touche à l'alcool.

- Tu veux une coupe ?

Je le regarde dans les yeux, sans répondre, il comprendra de lui même.

- Bien sur que non.. où avais-je la tête.

Il se sert une coupe mais ne m'en propose pas, il a donc bien comprit.

- Est-ce que ton père t'as battu pendant ses années d'alcoolisme ?

La salle devient étroite, beaucoup trop, la chaleur monte en moi, mes oreilles bourdonnent, ma vue se brouille. Je me lève et vacille mais j'arrive à me stabiliser, puis je pars dans les toilettes. Comment ose t-il me poser la question ? Comme si il ne le savait pas.

Je lève mon regard vers mon reflet, et aperçois une femme complètement détruite et pleine de peur à cause de son passé.

Dangereux démons.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant