handwritten ; c.hwi

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[W1/AB6+ CHAMHWI]
— FLUFF, 2019.

Ce ne sont que des mots dans le vent mais j'espère qu'ils te parviendront.

Je devrais probablement en parler, chercher quelqu'un à qui je pourrais déblatérer tout ce qui me pèse sans pour autant l'ennuyer. Cependant, je n'ai pas tellement envie de m'exposer de la sorte. Ça a déjà été bien trop difficile d'oser poser des phrases sur toutes ces choses que je ressens et je ne suis en rien prêt à en affronter les conséquences.

J'aimerais t'en vouloir. J'adorerais pouvoir te haïr pour toutes ces choses que tu me fais subir. Mais me voilà, tombant un peu plus chaque jour pour tes yeux inégaux et le grain de beauté ornant ta figure encore si juvénile.

Je ne sais plus vraiment quand est-ce que tout cela a commencé. Peut-être était-ce le jour où tu m'as tenu la main lors de cet après midi si difficile ; ou bien la nuit durant laquelle tu es venu à moi, un grand sourire aux lèvres, pour me montrer cette composition sur laquelle tu travaillais ?

La première fois que je t'ai rencontré, jamais je n'aurais pensé chuté de la sorte. Tu étais Daehwi, tu étais toi, et tu me regardais d'un air intéressé. Je pense que tu étais content d'avoir quelqu'un d'à peu près ton âge à qui tu pourrais t'adresser sans trop devoir faire de chichi. T'avais une moue quelque peu impressionnée accrochée à tes lippes mordues d'anxiété mais déjà là, je t'avais trouvé cette beauté si particulière qui n'est que tienne.

On avait mis des jours avant de n'engager une réelle conversation. C'était des bonjour et des comment tu vas pas vraiment pensés. On était polis mais on n'écoutait pas réellement les réponses de l'autre. Moi parce que je n'étais pas encore complètement en dehors de ma coquille et toi probablement parce que tu avais milles et une choses pas très jolies qui t'embrumaient l'esprit.

L'attente en a valu la peine, crois moi. Enfin, pour ma part du moins. Jamais je ne pourrais être totalement sûr de ce que toi tu ressens à mon égard. On a fini par discuter et ta maturité m'a réellement soufflé. Daehwi, tu n'avais que 15 ans et tu parlais déjà comme les grands.

Je dois t'avouer que cela m'avait un tantinet attristé sur le moment.

Je me demandais tout ce que tu avais dû traverser pour déjà penser de la sorte, pour trouver les mots justes quand j'en avais besoin et pour me sourire faiblement alors que je savais parfaitement que tout n'allait pas si bien que cela. J'aimerais te dire que j'en suis reconnaissant, te remercier pour être aussi fort en permanence.

Mais je vais plutôt te remercier pour t'être ouvert à moi, pour venir me chercher quand c'est trop difficile à supporter et te laisser aller à tes sanglots au creux de mon cou. Merci d'accepter de te montrer sous ce jour, merci d'avoir confiance en moi et de me donner une place dans ton monde un peu trop gris pour un gamin d'à peine dix-huit ans.

Il y a cependant bien une chose pour laquelle je t'en veux. Au bout de trois années passées à te côtoyer, à te chérir et t'observer grandir au fil de longues semaines de dur labeur ; j'ai fini par tomber sous ton charme. Je ne sais toujours pas comment j'ai fini par en arriver là et, au fond, je crois que je n'ai pas plus envie de le savoir que cela.

Je t'aime et puis c'est tout.

Que ce soit tes minuscules défauts tels que ton perfectionnisme maladif, ton constant besoin d'excellence et ton impulsivité parfois dévastatrice, je t'aime comme ça. J'embrasse toutes les facettes de ta personne : de ta plus fine tare à ces gigantesques qualités dont tu as héritées.

Je ne saurais dire si tu ressens la même chose ou pas. Tu es quelqu'un de naturellement taquin et enjôleur, alors jamais je n'ai pris tes remarques entichées sous un autre jour que celui du jeu. Tu es plus qu'à l'aise à mes cotés, après tout. Tu me dis tout : de tes grandes confusions à tes soucis qui font naître cette ride peu flatteuse au centre de ton front. Tu m'as déjà embrassé la joue, enlacé tes doigts au miens et t'es aussi glissé sous mes draps à plusieurs reprises.

RECUEIL D'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant