Chapitre 1 : Douleur lancinante.

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[Pdv Noa ] 

-Gémis pour moi.

Un autre coup. Je sens ma tête valser sur le côté opposé alors que ma joue droite me brûle. Aucun son ne sort de ma bouche. Je ne lui ferai pas ce plaisir. Il en est hors de question. Je crache le sang qui s'était logé au fond de ma bouche sur le sol de béton. Puis lentement je relève mon regard sur lui. Je retrace la longueur de son corps de mes yeux avant de les planter dans ses yeux..topaze ?
Les mèches recouvrent son front alors que sa respiration est rapide, ses poings chargés de sang, de mon sang, son serré si fort que je peux déjà ressentir la douleur qu'il ressent lorsqu'il les relâche.

-Parle ! Tu es muet ou quoi ?!

Crois bien ce que tu veux idiot, tu n'auras rien de moi. Pourquoi je n'écoute pas plus souvent Maïa..
"Tu ne devrais pas aller tourner par là bas, ça ne t'apportera rien de bon."
Elle avait raison, comme toujours, mais ça il ne faut pas le lui dire. La douleur est lancinante alors que ça ne fait que quelques coups. Mais aucun son ne sort de ma bouche, rien. La force mentale est bien plus forte que celle physique.

Mais il y a des limites. Ma conscience n'a pas tort non plus, je ne sais pas qui est cet homme, mais s' il désirait me faire parler par des moyens encore moins conventionnels je ne pense pas que ma force mentale suffirait. Je ne suis pas habitué à la torture, les coups oui. Quand vous êtes gay et roux au vingtième siècle vous en recevrez forcément.

Habituellement, dans certaines difficultés et situation ne pouvant s'en sortir avec les belles paroles de Maïa, j'ai l'habitude de faire un adorable visage. Souvent Maïa fait de même, à deux nous sommes un duo d'adorables chatons. Ça marche, mais face à lui je ne pense pas que ça puisse marcher. Est-il ne serait-ce que capable de ressentir autre chose que de la colère ? C'est là la seule émotion que j'ai vu sur son visage. Sourcils froncés, mâchoire crispée, yeux orageux, corps tendu, lèvres pincées. Colère. Comme un poisson, elle doit grimper le long de ses veines, il la repousse tente de reprendre le contrôle de ses émotions. Et je souris, d'un sourire provocateur, innocent. Un nouvel éclat apparaît dans son regard et le poisson remonte. Il lève le poing et je suis prêt à ressentir à nouveau cette douleur lancinante.

-Stop.

Avant qu'il ne puisse l'abattre à nouveau sur mon visage, une voix claire et froide tranche le silence de notre conversation. Des talons claquent le sol, une femme entre. Sa démarche est froide, sur, déterminée. Il n'as pas l'air si étonné de la voir ici. Elle se place derrière lui avant que je ne puisse terminer de la détailler. Ses longs et fins doigts se posent sur le bras de mon ravisseur ? Un long soupir se fait entendre. J'en conclu qu'elle n'est pas la cheffe, si c'était le cas elle se serait placé entre nous sans risquer rien. Puisque la hiérarchie jouait en sa faveur. Mais elle ose quand même rentrer, le stopper. Alors elle doit être importante. Information à retenir.

-Sors.

Un rire, cristallin, sadique. Dans une situation différente j'aurais sûrement souris, mais la, comment fait-elle pour rire de cette manière alors que je suis attaché à une pièce le visage en sang ? En a-t-elle quelque chose à faire ?
Je relève le regard à nouveau vers le garçon, la colère est toujours présente mais il y a quelque chose de nouveau. L'amusement ?

-Je dois me répéter ?

Il attrape la main sur son bras et la laisse retomber dans l'air se retournant lentement. J'ai à présent son dos dans ma vision. Sa chemise noir colle à son dos, sûrement à cause de la transpiration. Je garde mon regard a des horizons plus respectable. Un duel de regard se passe sûrement, quelques secondes plus tard les talons claquent à nouveau sur le sol, elle avance vers la porte et sort sans un regard.

Finalement elle ne serait pas l'ange vengeresse qui m'aidera, étrangement je ne ressens pas le réel besoin d'avoir peur. Je n'ai pas peur de mourir en temps normal. Mais là j'en suis certain, je ne vais pas mourir. Il se tourne à nouveau, dans le prolongement de son geste il attrape une chaise et s'y assied à califourchon. Pose ses coudes sur le dossier, laisse ses doigts dans le vide alors qu'il remet ses bagues. L'interrogatoire est fini ?

-Tu ne parles pas hein ?

Perspicace monsieur, crois tu vraiment que j'userais ma salive pour un connard d'en ton genre ? Non, tu ne mérites que l'indifférence teintée de silence. Et encore c'est bien trop pour toi.

-Ce n'est pas un endroit pour les gamins. Mais tu ne m'as pas l'air bien méchant.

Tu dis ça car je mesure 1m30 ? Je suis roux ? Où est un visage enfantin ? Non car tu as pas tord mais c'est vexant. Même un je-sais-pas-quoi ne me prend pas au sérieux. Enfin si il me prenait pas un minimum au sérieux ceci n'aurait pas lieu si ?
Quelques coups, je n'ai reçu que quelques coups en vérité, il se retenait dans ce sens. Mais pourquoi ? Les gens dans son genre devraient s'en foutre de mon innocence ou non. Un soupir me fait relever la tête de mes pensées. Il a remis chacune de ses bagues et est maintenant en train de boire, lorsqu'il a fini il me tend la bouteille. Je veux pour l'attraper, la corde mordant ma peau me rappelle ma position. Je ne suis pas là en touriste. Il sourit, putain de sadique.

-Un problème ?

Avant que je ne puisse répondre, je ne l'aurais de toute manière pas fait, un vacarme sans nom se fait entendre à l'extérieur. Je le vois hausser un sourcil avant de soupirer.

-Mais bordel qu'est ce qu'ils font ?

Comment veux tu que je le sache ?! Je suis attaché à ta stupide chaise idiot ?! Il se lève, remet la chaise a sa place et se dirige vers la porte. Au même moment, la porte s'ouvre et part taper contre le mur dans la force qu'a mis la personne pour l'ouvrir. J'ouvre de grands yeux, oncle John ?! Lui et le garçon se fixent dans les yeux, mesurant la même taille, grand. Je fixe John, ses cheveux en bataille brun et ses yeux bleu clair, ceux de la famille de mon père. Je soupire lourdement et laisse retomber ma tête en avant. Que fait-il là ? C'est Maïa qui elle qui l'as appelé ?! Je jure que si c'est-

J : Pousse toi s'il te plait.

Je ne relève pas la tête, je fixe les genoux, quelques gouttes de sang tombant sur mon jean. J'écoute attentivement.

J : Il est inoffensif, je le prends okay ?

Des pas, quelqu'un s'accroupit face à moi. Me relève le visage, je fixe mon regard dans le sien. Il paraît énervé ? Soulagé ? Je ne sais pas trop. Pourquoi a- t-il l'air si familier avec l'homme qui me détient ?
Il me détache, m'aide à me relever, je le suit docile. Nous passons devant ce garçon, je me tourne légèrement le fixe, il me fixe aussi sourcil froncé comme cherchant quelque chose. Je n'ai pas le temps de faire quoi que ce soit d'autre que la main tenant mon bras me tire à travers les étages, la pièce puis la sortie puis dans la voiture. Avant que je ne réagisse je suis dans sa voiture et nous roulons en direction de la maison.

-Ne vas plus la, compris ?

Je le fixe, il fixe la route, froid, distant, autoritaire mais surtout professionnel. J'ai affaire à l'homme non à l'oncle. Il ne me dira rien. Me jugeant sûrement trop jeune. Je ferme les yeux, j'hoche la tête puis me tourne à nouveau vers la fenêtre.

Je le découvrirai, comme tout le reste.

Gémis Pour MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant