Chapitre 9 : Souvenir enfantin

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[Pdv Maïa]

Je fixe Noa, il fixe lui-même le garçon, Eden je crois. Tous deux sont l'un en face de l'autre, j'imagine que le résultat de leurs petits jeux déterminera ce qu'on apprendra. Un mouvement a ma gauche attire mon attention, la jeune fille, sûrement plus vieille que moi d'ailleurs, laisse retomber ses cheveux. Ce que j'avais pris pour un instrument asiatique pour faire les chignons et en vérité une dague. Ça ne m'étonne pas du tout, rien de plus ne pourrait m'étonner ce soir. Ses cheveux mi longs retombent en une cascade bleu nuit sur ses épaules. C'est un joli spectacle je trouve.

L : Ils vont se regarder longtemps comme ça ?
M : C'est les hommes tu sais.
L : Enfin le tien est une demi portion.
M : Je peux pas dire le contraire.

Nous esquissons un sourire en les fixant. Je trouve d'ailleurs étonnants la ressemblance de nos prénoms. Maïa et laia. Je l'aurais sûrement dis à voix haute, mais elle ne connais pas mon prénom. Et je suis en terrain inconnu, j'aime posséder des choses, bon mon prénom n'est pas une information cruciale mais le principe est la.

N : Dis moi..

Je relève un regard surpris vers cette voix fatiguée. Il maintient une posture fermée mais son ton démontre qu'il n'en peut plus. Il a atteint sa limite je crois, j'allais me lever pour lui apporter mon soutien mais elle secoue la tête me signifiant d'attendre. Le garçon, le frère de Laia, fixe mon frère et pousse un long soupir. Lui aussi est épuisé, il a beau montrer une attitude digne des plus grands chefs, il souffre énormément et la perte de sang l'as épuisé.

E : Je m'appelle Eden Jokes.
L : Moi Laia Jokes. Je suis sa petite sœur.

Nous hochons la tête, Jokes. Ce nom de famille me dit quelque chose. C'est au tour de mon frère de nous présenter et à l'entente de notre nom de famille ils ont la même réaction. Ils le connaissent. C'est alors à John de soupirer et de se laisser tomber prêt de moi sur le canapé.

J : Je n'ai pas pu te répondre la dernière fois, mais oui, tu avais bien déduit. Ce sont leurs enfants.
M : Leurs enfants ?
N : Vous connaissez nos parents ?
L : Je te coupe tout de suite, oui mais nous n'avons rien à voir avec leurs ..morts.

Je me crispe, ils les connaissent et ils savent.

N : Comment ? Comment vous savez tout ça.
L : Disons que nos parents et les vôtres travaillent ensemble depuis de nombreuses années.
E : Travaillaient.
L : C'est la même chose.
M : Pas vraiment.
N : Vos parents sont policiers ?

Un silence plane, les regards des deux autres se tournent vers John comme accusateur. J'ai comme l'impression qu'une chose importante est restée secrète.

E : Comment voulez-vous qu'on explique s' ils ne connaissent rien de ce monde ?!
J : Eden ..
E : Non ! C'est hors de question ! Il est remonté à moi, à nous, sans rien savoir. Vous savez ce qu'il risque à faire ça, vous savez ce qu'ils risquent pourtant ! A quoi vous jouez ! C'est leur vie, ils ont le droit de savoir !
J : Ce ne sont que des enfants !
N : Nous ne sommes pas des enfants !
M : Si nous attendions l'arrivée de leurs parents ? S' ils travaillaient avec nos parents, ils pourraient tous nous expliquer.

Le corps de ce que je présume être une brune si ses cheveux n'était pas teint se crispent. Je relève le regard, John le détourne. Je me tourne vers Eden et son visage est encore plus renfermé. En dernier recours je me tourne vers Noa et je comprends.

M : Ils sont morts..
N : En même temps que les nôtres.
L : Oui, pendant la même mission.
M : Mission ?

Un long soupire nous parvient d'Eden, il s'assied dans le fauteuil face à nous et glisse sa tête entre ses mains. Il ne devrait pas se pencher ainsi il va se faire mal. Je ne suis pas là seul à le penser car Laïa et Noa grogne. Je souris un instant amusé avant que la réalité me rattrape.

E : John, vous êtes l'oncle.
J : Putain..Vos parents..ils travaillent-travaillaient a la police oui mais.. cette branche de la police est..

Il soupire, Eden hoche doucement la tête et il s'inspire à nouveau. Je le vois travailler à reprendre cet air froid. Comme un médecin qui annonce un décès.

J : C'était , ils étaient et je suis un espion en quelque sorte. Malgré que le terme soit plutôt pour Eden, Laïa et tous les autres. Mais je m'égare. Ce que Noa pensait être un gang n'en ai pas vraiment un, ils collaborent étroitement avec la police. Dans le milieu illégales ils sont vus comme une organisation tout aussi illégales. Mais en vérité ils ont suivi une formation de leurs familles ou / et de la police et ils sont formés à tout ça. Nous envoyons une adresse et ils débusquent, prouvent et tout autre chose. Une police plus libre en quelque sorte. Mais surtout une police qui est cachée.
E : Habituellement les flics restaient dans les bureau et nos parents faisaient tout, mais vos parents c'était différents. Ils faisaient chaque mission avec les notes. Ils s'organisent ici etc, et un soir comme tous les autres ils ont fait ça. Mais c'était sur une organisation plus grosse, plus dangereuse. Ils ne sont pas revenus. La seule chose qu'on as trouver sur leurs corps mutilé c'est une plume de corbeau. Les corbeaux sont ceux que nous avons vu ce soir. Mais on ne connaît pas leurs identités.

Ils se taisent. Et heureusement. C'est..trop d'informations. J'ai besoin d'une pause. Nos parents. c'est comme si nous ne savions en vérité rien sur eux.
Je crois entendre vaguement les personnes autour de moi s'activer, la main de Noa me tire. Mais je n'y prête pas attention, je me glisse dans mon monde loin de tout ça. Un monde où la vie ne serait pas injuste et où papa et maman m'attendaient. Mon téléphone vibre, je l'attrape. L'écran me montre une image de Noa et moi en train de grimacer. Je me souviens de cette photo. Nous l'avions pris alors que nous devions faire la table. Nos parents riaient aux éclats en nous voyant faire.
Nous montons les escaliers et un autre souvenir me parvient. On était petit, à cette époque là c'est moi qui traînait mon frère par la main et non l'inverse. C'étaient les vacances et elles ont étaient désastreuses, il n'ont pas arrêté de pleuvoir. Mais le trajet avec les écouteurs et cassette de la jeunesse de papa, la pluie sur la vitre et la route à moitié noir. C'était un trajet féerique et magique. Je me souviens encore de la mélodie, du regard amoureux que portait papa à maman et du sourire tendre de maman dans notre direction. C'était du mensonge ça aussi ? Combien de fois nous ont-ils menti ?

Gémis Pour MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant