Chapitre 6 : Condoléances Polies

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[Pdv Noa ]

Ce son agaçant, le maigre rayon de soleil, les bruits ambiants et mon soupir. Voilà ce qui règne en ce trois septembre. La rentrée, quel jour ennuyant. S'asseoir sur une chaise, observer les gens se retrouver avec une émotion fausse. Si Charlotte t'as tant manqué pourquoi ne pas lui avoir parlé pendant deux mois Jenna hein ? N'essaie tu pas seulement de faire en sorte de ne pas manger ou être seul au pause ? Bien sûr que si, les réels amitiés ne sont pas ainsi. Ce n'est pas la définition que je m'en fait, si tel était le cas le monde partirait vraiment en couille. Un poids en plus sur mon lit, un corps gelé contre le mien, des cheveux roux chatouillant mon cou. Maïa ne souhaite pas non plus affronter cette rentrée. Nous sommes chanceux tout de même, nous ne rentrons jamais dans le dicton de " est ce que tel ou tel seras avec moi ?! " " Est-ce que je serais seul ?! " Nous sommes toujours à deux, depuis le départ. Ils ont voulu nous séparer une fois, ça a été infernal. Je ne peux pas être sans elle et elle sans moi. C'est comme ça, et pas autrement.

Je remonte ma main dans ses cheveux en les caressant doucement, elle sourit, je ne vois pas mes paupières sont closes mais je le sens. Ses doigts avec les oreilles de Monsieur chien poser sur mon torse, monsieur chat le sien est glissé entre nous. Oui, bientôt dix-huit ans et toujours un doudou, un problème peut-être ?

-Je veux pas..
N : Je sais bien, moi non plus.
M : On peut se dire une chose..
N : Ceux de l'année dernière ne sont plus là.
M : Mais les profs eux si.
N : Et les condoléances aussi.

Et oui, on a raté trop de cours, beaucoup trop. John a demandé à ce qu'on refasse une terminal, inutile à nos yeux mais important au sien. Alors on le fait, ce n'est pas comme ci de toute manière on savait quoi faire de notre avenir. L'un comme l'autre, le temps est suspendu en quelque sorte. Nous connaissons nos rêves , je sais qu'elle veut devenir professeur de français, et elle sait que je veux tourner des films. Mais c'est tout, on connait nos rêves, mais les réaliser est plus..c'est comme la forme. On a l'idée mais pas la forme, pas de quoi l'attraper et le toucher. De plus, notre vie est dictée par bien d'autres choses à présent.

N : J'ai avancé.
M : Ah oui ?
N : Un bal demain, j'y apprendrais sûrement une nouvelle chose.
M : Je viens.
N : Non.

Elle se crispe et se relève, j'ouvre mes yeux et tombe dans ceux si verts de notre père. Nous sommes un parfait mélange, je ressemble a notre père en ayant les yeux de notre mère et inversement. C'est..dérangeant a certain moment, mais d'autant plus pour John. Nous sommes debout face à lui, lui rappelant constamment ses pertes. Je plante donc mes yeux dans les siens, je ne changerais pas d'avis. Elle ne viendra pas. Mon regard doit lui chanter ses mots car elle soupire et se relève. Un instant je m'attends à voir sa colère être déversée mais elle ne fait que me fixer las.

M : Ta tenue est prête ?
N : Pull saumon, jean bleu et mes chaussures blanches et toi ?
M : T-shirt saumon, jean bleu, ceinture marron, grand manteau marron et chaussure blanche.
N : Encore une fois, on sera habillé pareil.
M : J'aime notre lien.

Je souris, je l'aime tout autant, je me relève et nous partons chacun nous laver puis nous habiller. A l'heure comme toujours nous redescendons. Pas que chacun de nous est à l'heure mais moi je suis toujours en retard et elle toujours en avance. Ce qui donne un duo toujours à l'heure, c'est pratique croyez moi.
Nos pas résonnent dans l'escalier, synchronisation comme toujours.

J : Le déjeuner est prêt et-

Il se tourne et nous fixe avant d'éclater de rire.

J : J'imagine que vous ne vous êtes pas concerter ?
N : Tu as raison John !
M : Merci tonton !

Il nous fait un doux sourire, Maïa embrasse sa joue et je lui fais un sourire. Pas que je l'aime moins que ma soeur mais..disons que je suis moins sujet aux effluves physiques. Nous déjeunons dans un silence ni réconfortant ni pesant. Juste un silence. Lorsque l'heure sonne chacun monte à sa place dans la voiture, oncle John et Maïa devant moi derrière John. Je n'aime pas être devant, je préfère être derrière pour mieux observer le paysage sans forcément voir la route. Et là place du mort, non merci. Il nous a emmené car il pleut, le soleil perçant à travers les nuages dans un paysage magnifique contraste plutôt ironiquement bien avec la pluie. Je me souviens de l'année dernière où à l'époque on adorait rentrer le soir sous la pluie alors que seuls les réverbères éclairaient notre route. Il se gare, nous souhaite une bonne journée. Je réponds laconiquement et sort, j'ouvre sa porte sous son air amusé, elle attrape ma main et nous voilà partie vers le bâtiment.

M : Prêt à subir ses condoléances polie ? Les adolescents idiots et les cours inutiles ?
N : Très motivante soeurette.
M : Comme toujours.

Un regard, un sourire et nous voilà marchant comme deux empereurs vers le bâtiment. La tête haute, ses cheveux roux volants derrière elle et mon regard bleu scannant les gens. Un duo parfait. Bien vite nous traversons les couloirs, reprenant le casier 3 et 6 le premier au-dessus du deuxième. Les murs jaunes, les casier gris, porte orange, sol blanc et rouge. Un bâtiment affreux, un bâtiment scolaire. Comme toujours nous arrivons les premier dans la salle, elle pousse la porte et nous partons au fond de la salle. En échangeant chaque cours mais toujours au même endroit. Au fond à gauche contre la fenêtre et le radiateur. Je commence, l'heure d'après le prochain cours, ce serait elle contre le mur. Nos sacs sur la table, nos regards vers la fenêtre. Prêt à subir une journée de plus. Une journée entièrement inutile, comme les prochaines de cette année.

N : Qui est notre professeur principale ?
M : Monsieur Popper.
N : Philo génial !
M : Tant mieux que ce soit lui, j'aurais pas supporter les dix heures de philosophie avec un autre professeur.
N : J'ai dors et déjà envie de sauter par la fenêtre.
M' Évite, tu vas casser les belles fleurs du jardinier !

On rigole, au même instant le dit monsieur Popper rentre dans la salle. Il nous fixe de ses yeux noir perçant. Un sourire triste se glisse sur ses lèvres, et comme nous rappelant notre statut d'orphelin, notre rire s'arrête.

P : Bonjour les enfants, content de vous revoir. Toute mes sincères condoléances.

-Je ne pense pas que ses condoléances soient nécessaires.

Je relève le regard vers la voix claire et froide ayant énoncé ça. Une jeune fille habillé tout en noir et les cheveux bleu clair en deux chignons. Elle est plutôt jolie et ses paroles sont vraies. Elle se tourne vers nous, hoche la tête et part s'asseoir. Contre le mur au fond à droite. Je me tourne vers Maïa, elle sourit. Sûrement une future nouvelle amie. La journée ne sera peut être pas si désastreuse finalement.

Quelques heures plus tard nous voilà dans un couloir à attendre que la professeur de littérature, la seconde partie de notre enseignement scientifique, arrive. La jeune fille, Adeline, passe prêt de nous. Un léger sourire effleure nos trois paires de lèvres au moment où nous entrons dans la salle. Rapidement je me trouve bras sur la table, la professeur ne dit rien, soyez pas jaloux, soyez orphelin vous aurez ce même cadeau. Je rêvasse rapidement, à cette journée enfin cette fin d'après midi ou je me suis fait tabasser. Ce garçon aux yeux topaze et aux cheveux noirs. Ce garçon, qu'on m'a formellement interdit de côtoyer. Ce garçon que je meurs d'envie de découvrir. Est-il celui qu'il prétend ? Est-il celui que je crois ?

M : Noa j'ai besoin de venir avec toi, je ne peux pas t'attendre à la maison me demandant si tu vas revenir ou m'abandonner. Laisse moi venir avec toi, je ne supporte plus cette attente.

Ce n'est qu'un chuchotement, son regard est braqué sur ses livres, la professeur parle de la mort. Un sujet portant sur un des thèmes de nos chapitres. Je soupire, je comprends et j'acquiesce. 

Gémis Pour MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant