Chapitre 3

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Son bureau est exactement à l'image qu'il projette de lui-même. Sérieux et calme. Les murs sont une imitation de bois brun clair. Il y a une grande bibliothèque où se trouve une table ronde en avant avec seulement une chaise. Il y a également deux divans en velours vert émeraude en avant de son bureau en bois sombre. Je me sens sur-le-champ intimidée par la splendeur de cette pièce. Même mon appartement est plus petit que ça, je pense.

Je m'assois sur un des deux divans en scrutant les moindre faits et gestes de cet homme. Il est tellement grand, je dirais un mètre quatre-vingt-dix. Pourtant, il a une carrure large et musclée. Ses cheveux d'un noir obscur lui arrivent au niveau de la nuque. Ses yeux bleus me fixent avec sérieux et ses sourcils épais noirs sont peu froncés. Je me sens si mal à l'aise. Quand est-ce que ce calvaire va finir?

-Bon, je ne vais pas passer par quatre chemin, annonce-t-il. Tu t'appelles Meghan Walsh. Tu as vingt-trois ans et tu travailles pour mon entreprise depuis trois ans déjà. Talia m'a dit que vous vous parlez régulièrement et que tu n'es pas une menace.

Tiens, où sont les vouvoiements? Et puis, de quoi parle-t-il? Moi, une menace?

-Je vois que tu ne sais vraiment rien, continue Anderson. Ce n'est peut-être pas une mauvaise chose...

Attends, il me met tant de questions dans ma tête et il ne se force même pas pour y répondre. C'est sans doute ma seule chance avoir les réponses que je cherche! Ses yeux bleus se lèvent vers moi.

-Attendez un peu! dis-je en prenant mon courage à deux mains. Vous me faites venir ici pour me parler. Je croyais que c'était pour un grand magazine, mais je comprends que ce n'est pas le cas. Et là, vous me parlez de menace? Faites-vous exprès de pousser mon questionnement? Je voudrais bien des réponses!

Alors que je pensais risquer mon travail, un sourire moqueur apparaît sur le visage du boss.

-Vous n'êtes pas ennuyante.

« Vous n'êtes pas ennuyante. »

-J'y crois pas! C'est vous le gars qui m'a mordu! Bon sang! Qu'est-ce que vous êtes? Suis-je folle? Pourquoi je n'ai plus de marque de vos dents? Pourquoi vos yeux étaient-ils argentés? je questionne.

Mon coeur bat à cent à l'heure. Je dois halluciner. Il prit une longue respiration avant de me répondre.

-Charles Anderson. Cinq-cent-quarante-six ans. Vampire depuis 1473.

Mes yeux s'agrandissent, mes sourcils se froncent.

-C'est un jeu de rôle? j'hésite.
-Rien est faux. L'autre soir, j'avais faim, tu étais là. Jamais deux sans trois.
-Je ne peux pas y croire..., je marmonne.
-C'est ton choix, mais saches que tu n'es pas humaine non plus.
-Quoi? je pouffe. Je suis tout ce qui a de plus humain. Je ne suis certainement pas un vampire!
-Je le sais, sinon je l'aurais senti.

Il a l'air si sérieux, mais les vampires ça n'existent pas. Je me relève.

-J'en ai assez entendu. Je vais dans mon bureau.

Charles reste assis confortablement dans sa chaise. J'essaie d'ouvrir les portes, mais elles sont verrouillées.

-Désolé, il me l'a ordonné. Ne le prends pas personnel, me souffle Talia.
-C'est quoi ce bordel?! je m'exclame en me tournant vers Anderson. Vous n'êtes qu'un sale emmerdeur pour m'embarrer à l'intérieur!

Il hausse les sourcils. Puis, à la vitesse de la lumière, il se poste devant moi. Ces yeux ont une teinte argentée. Comme la première fois que j'ai vu ses iris, je me sens fondre. Je devrais m'éloigner, mais ses yeux m'en empêchent comme une force surnaturelle.

-Je ne comprends pas pourquoi tu es autant réceptive..., se demande-t-il à lui-même.
-Je vous demande pardon? Je suis réceptive à rien du tout! je rétorque en colère.

Il hausse les sourcils dans le sens « sérieusement? ». Cette attitude me met encore plus en rage.

-À ton odeur, je sais que tu n'es pas humaine. Pourtant, tu ne connais rien au monde extérieur. Tes parents t'en ont jamais parlé?
-Puisque je vous dis que j'en ai aucune idée! Laissez-moi sortir, j'en ai ma claque de votre petit manège!

Ses yeux brillent d'amusement. Je joue vraiment avec le feu, j'en ai conscience. Mais je ne fais que le regarder et cela me met en colère. Comme si je ne peux plus contrôler mes émotions. C'est assez troublant. Il exerce une espèce de pouvoir sur moi ou Dieu seul sait quoi d'autre.

-N'aies crainte. Pour une raison que je n'explique pas, mes pouvoirs de persuasion ou d'hypnose ne fonctionnent pas sur toi. Et aussi..., commence-t-il en se collant à moi.

Il approche sa bouche très près de mon oreille.

-Ton odeur me fait perdre la raison. Comme dans cet ascenseur.

Un long frisson d'appréhension me parcours l'échine. Les scènes de cette soirée-là me reviennent en mémoire et mes entrailles se nouent.

-Et toi aussi, à ce que je vois.

Je fais l'erreur de lever les yeux vers lui. Quand nos regards se croisent, le monde s'écroule sous mes pieds. Non, je ne peux pas. Je prends sur moi et le repousse avec mes mains.

-STOP! je m'exclame en le poussant de toutes mes forces. Je ne suis pas une de ces femmes que vous pouvez mettre dans votre lit en un claquement de doigt. Je ne suis pas comme ça et ne le serai jamais! TALIA! OUVRE!

J'entends le déclic de la serrure et sors de la pièce.

-Tu me dois quelque chose, dis-je à Talia.
-Un souper au restaurant? tente-t-elle.
-OK.

Furieuse, je descends au troisième étage. Cet homme se croit tout permis!

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