Chapitre 2

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Le lendemain matin, je me rends au bureau. Je me sens ébranlée, mais excitée des événements d'hier. J'en avais parlé à Kelly puisqu'elle se lève en même temps que moi. Elle m'a conseillé d'aller voir la police. Pour faire quoi? Je n'ai aucune marque sur ma peau qui prouvent qu'on m'ait « agressée » et mon histoire est tellement irréelle que les policiers croiront que j'avais pris de la drogue ce soir-là.

Bref, mieux vaut oublier cette histoire tordue. Et pourtant, si j'entends cette voix masculine, je pourrais le reconnaître. D'après l'étage qu'il était ( selon l'ascenseur ), je ne pourrai jamais le « revoir » puisque cette étage m'est presque interdite d'accès. Je ne suis pas assez haut-placé pour y accéder.

Je soupire en entrant dans l'édifice de mon travail. Dans l'ascenseur, j'appuie sur le bouton « 3 ». Quand les portes s'ouvrent à mon étage, ma chère collègue, Maggie, me salut.

-Alors, ta soirée hier? me demande-t-elle.

Ma respiration se coupe.

-Rien de spécial. J'ai travaillé tard.

Je dois rester évasive le plus possible. Maggie me scrute avec son air dont je sais parfaitement ce que ça signifie.

-Tu travailles trop, finit-elle par dire. Ce n'est pas en travaillant jusqu'aux petites heures du matin que tu vas rencontrer ton homme idéal.

Je lève les yeux au ciel.

-Je ne cherche pas mon prince charmant, Maggie.
-Tu devrais. Plus le temps va passer, plus tu vas vieillir et peut-être que tu vas passer à côté.
-Ces histoires-là ne m'intéressent pas, je rétorque en m'assoyant sur la chaise de mon bureau.

Maggie se place à son bureau qui se révèle être en face du mien. Elle ne lâche pas le morceau:
-Meghan. Tu es magnifique, tu es drôle, gentille, intelligente et vraiment pas ennuyante! Tu as tout pour séduire et tu ne t'en sers même pas! Si tu pensais un peu à ta vie sociale et sexuelle, tu serais en couple à l'heure qu'il est!

« Vous n'êtes pas ennuyante » m'avait-il affirmé dans l'ascenseur. Ah, je dois vraiment oublié ça!

-T'es gentille de me dire tout ça, mais je ne suis pas intéressée. En ce moment, je me consacre à mon travail et c'est tout.

Maggie jète l'éponge en marmonnant dans sa barbe. Elle peut bien parlé! Cette fille a rencontré son mari à l'âge de dix-sept ans et ils se sont mariés à vingt-et-un ans. Ça doit faire au moins dix ans qu'elle est avec lui.
Je reporte mon attention aux e-mails que j'ai reçu. Tiens, j'en ai un qui vient de Talia, la secrétaire du « big boss ». D'habitude, elle me parle à propos d'un magazine dont je dois monter les textes ou à propos d'une page couverture que je dois faire. Mais là, le titre de son e-mail est seulement une heure. Je regarde l'horloge: merde! C'est dans cinq minutes! Rapidement, je décolle vers l'ascenseur pour aller au sixième étage. Depuis quand les haut-placés convoquent leurs employés? Ça doit être important.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et je m'avance dans l'étage. Tout est calme. On dirait que personne n'y est. Pourtant, je suis les sons de claquement de clavier.

-Talia? je pose.

Ses yeux noisettes se lèvent vers moi. Je l'ai toujours trouvée si belle. Elle est grande avec une taille fine, mais musclée. Ses cheveux brun clair vaguent et ses yeux sont d'un noisette magnifique. Sa peau est d'une pâleur cristalline exceptionnelle. Elle ressemble vraiment à une demi-déesse.

-Bonjour Meghan. Assieds-toi.

Je hoche la tête et vais m'assoir sur un des nombreux divans.

-Sais-tu pourquoi tu m'as convoqué? C'est pour la couverture d'un grand magazine? je questionne.

Je suis amie avec Talia. Nous discutions à de nombreuses reprises. Mais avec son poste au travail, nous ne nous voyons pas très souvent dans l'établissement.

-Je ne t'ai pas convoqué. C'est le boss qui veut te parler. Et non, je ne sais pas pourquoi.
-Quoi? Le boss? Depuis quand il veut parler aux employés?
-Pas aux employés, Meghan. À toi.

Les battements de mon coeur s'accélèrent. Est-ce que j'ai fait quelque de mal? J'ai enfreint une règle? Je suis sur une caméra de surveillance? Un petit sourire se dessine sur les lèvres rosées de Talia.

-T'inquiète pas, Meg, me rassure-t-elle. Rien de grave se passera.
-J'espère bien! dis-je.

Puis, la porte du bureau s'ouvre. Un vieil homme y ressort avec une mallette de cuir.

-J'ai hâte de faire affaire avec vous, Anderson, dit le vieil homme en serrant la main du « big boss ».

L'homme d'affaire cache la profile d'Anderson. D'un côté, je meurs d'envie de savoir pourquoi il m'a convoqué, mais d'un autre, je redoute de rencontrer son regard.

-Moi de même, répond Anderson.

Cette voix... Non, impossible. « N'ayez pas peur. J'ai seulement faim. Ne criez pas, restez là. » Ça ne peut pas être ça. Alors que mille et une questions me tournent dans l'esprit, mon regard croise celui de Talia, qui me jette un regard interloqué. Quand le client du boss part, je me lève et décide d'affronter. Mais, quand nos yeux se croisent, ils ne se quittent plus. Le temps reste comme suspendu et je sais maintenant que ce Anderson est l'homme de l'ascenseur.

Il est le premier à détourner le regard.

-Talia, annule mon rendez-vous de onze heures.

J'envoie un signal de détresse à mon amie, mais elle reste impuissante. Elle fixe pendant un instant Anderson, puis il rit faiblement. Comme s'ils se sont parlés par les yeux.

-Suivez-moi, je vous prie.

Sans broncher, je le suis d'un pas lent.

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