Chapitre 13

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En entrant à l'intérieur de l'appartement, je remarque que deux des quatre corps ont été carbonisés. Dommage que j'ai raté ce spectacle, j'aurais aimé le voir utiliser ce pouvoir...

-Je ne te pensais pas autant macabre, me dit Charles en portant le corps de l'homme sur son épaule.

J'ignore sa remarque et roule les yeux.

-Ça m'intéresse, c'est tout.
-La plupart des humains auraient peur de voir ce spectacle, répond-t-il.
-Je ne suis pas une humaine, Charles.

Il ne me répond pas. Ai-je dit quelque chose d'étrange...? Il ne répond pas non plus à ma question.

-Ouais..., marmonne Anderson.

Il déverrouille une porte qui était, jusque-là, fermée depuis que je suis ici.

-C'était quoi l'idée d'attaquer un vampire à huit heures du soir? je me pose à moi-même.
-Sans doute qu'il croyait que tu étais seule.
-Et ils sauraient que je vis chez toi? Ça ne fait pas de sens.

Charles affiche un air en accord avec moi, tout en attachant avec des chaînes le suspect. Ce dernier était tombé dans les pommes depuis une dizaine de minutes déjà.

-On va attendre qu'il se réveille? je demande en restant en arrière.
-Oh, nous n'allons pas lui faire ce plaisir, dit-il d'un air diabolique.

Son ton me fait froid dans le dos et son expression faciale me terrifie. Par contre, pour je-ne-sais quelle raison, je désire rester avec lui. Il me fait peur, certes, mais jamais je ne partirai. Comme si, au fond de moi, je sais qu'il ne me ferait aucun mal malgré son côté assez macabre du Moyen Âge.
Anderson se mord le poignet, puis le plaque sur la bouche entre-ouverte de l'homme. Le sang coule dans sa gorge et au bout de quelques secondes, il se réveille en sursaut. Charles lui arrache sa cagoule noire ainsi que sa veste et son gilet par-balle.

-Q-Quoi..?

Mon vampire tire une chaise devant l'homme et s'y assois. Il appuie son menton contre sa paume de main et l'observe comme si cet homme est un insecte.

-Je vais être indulgent, commence Anderson d'un ton calme, et poser mes questions. Si tu ne coopères pas, je vais être beaucoup moins patient. D'autant plus que je bouille de colère, car tu as essayé de la tuer, dit-il en me désignant du regard.

L'homme déglutit. Ensuite, son visage se décompose lorsqu'il dévisage Charles Anderson.

-Mon Dieu, vous êtes...
-Oui, c'est moi, le coupe mon garde-du-corps. Bref! qui t'envoie?

L'homme reste muet. Anderson se relève, pousse la chaise sur le côté du mur et marche à l'entoure de l'agresseur.

-Qui vous envoie, tes hommes et toi? répète Charles.
-Je ne peux pas vous le dire. J'ai donné ma parole.

Il l'agrippe par la mâchoire et la serre fortement entre ses doigts. Le visage de l'homme se tord de douleur.

-Qui?
-Si che vous l'dis, il me tchuras.
-Et si tu ne me le dis pas, tu vas aussi mourir. Comment tu t'appelles?
-Wilson Qween.

Charles relâche sa prise.

-Eh bien, Wilson, il parait que ton employeur vous ait mal informé. Que vous a-t-il dit exactement?
-Que.. Que ce n'était qu'une fille banale. Elle lui devait une faveur, mais rien de plus. Et que vous êtiez avec elle, mais que vous n'étiez pas une menace. I-Il a dit que vous êtiez un vampire de trois mois.
-Trois mois hein? Pas une grande menace, effectivement. Je comprends mieux pourquoi vous avez accepté le job. Pour combien?
-Des perles. De vraies perles que l'on aurait pu revendre et se faire une petite fortune.

Charles et moi nous échangeons un regard. Plus l'histoire avance, plus cela ne fait pas de sens. Des perles? Qui peut bien payer en perles?

-Tu connais son nom?
-N-Non... Nous avons échangé par un intermédiaire, pleurniche l'homme.
-À quoi ressemblait-il?
-Je.. J'en sais rien...

Charles resserre sa main autour de la gorge de l'agresseur. Ses yeux virent à l'argenté sous l'effet de la colère.

-Oui, tu te souviens. À quoi ressemblait-il? demande Anderson d'un ton robotique.

Le visage de l'inconnu n'exprime plus aucune émotion. J'en conclus qu'il l'a hypnotisé pour accéder à ses souvenirs.

-Grand, châtain, la peau bronzée, les yeux bleu pâle...
-Ça te dit quelque chose? me pose le vampire.

Je m'approche de l'homme qui n'est plus sous l'influence de l'hypnose.

-Est-ce qu'il parle toujours d'un chef? On dirait qu'il porte un grand respect à cet individu.

Les yeux bruns de l'humain s'agrandissent. J'ai visé en plein dans le mille.

-Oui, oui, c'est lui!
-Le salopard, marmonne Anderson.

Je m'éloigne et mon dos heurte le mur en briques. Comment Drax a-t-il pu magouiller dans cette agression? Voulait-il me tuer ou c'était seulement pour obéir à Olympe?
Charles s'approche de l'humain d'un air sombre. Sa démarche est lente comme celle d'un félin qui s'apprête à sauter à la gorge de sa proie.

-Je.. Je vous promets que je n'en parlerai à personne! se défend l'homme en s'agitant entre ses chaînes. Ce gars, je ne le connais pas et je ne vais plus le revoir!

Anderson me répond pas à ses supplications. Il approche sa bouche à l'oreille de l'homme. Ce dernier tremble de peur comme une feuille.

-Je n'en doute pas une seconde, chuchote Charles.

Il pose ses doigts sur la mâchoire de l'inconnu. À chaque fois, il augmente la pression jusqu'à entendre l'os craquer. Je détourne les yeux. Trop pour moi. Puis, le son fracassant de la mâchoire résonne ainsi que les pleures de l'humain.

-Tu ne pourras plus parler, rajoute le vampire avant de s'éloigner.

T'es pas allé de main morte, je lui lance psychologiquement.

-Je ne suis pas réputé pour ma douceur et mon indulgence, rétorque-t-il en me lançant un bref regard.

Il détache l'homme avant que nous quittions la pièce. Il marche d'un pas rapide. Je cours pour le rattraper.

-Tu vas laisser cet homme chez toi? je demande en pointant derrière moi.
-Il va partir à l'hôpital dès qu'il verra que nous sommes partis.

Je le retiens par la bras.

-Et les autres personnes dans l'hôtel? Ils ont sûrement entendu les coups de feu!
-Il n'y a personne dans cet hôtel, dit-il en accrochant son regard au mien.
-Quoi? Comment ça?
-J'ai fermé l'hôtel pour des « réparations » à l'Accueil.
-Mais quand je suis entrée la première fois, il y avait des personnes.
-Oui, mes employés. Ceux qui réparent, justement.
-Q...?
-N'en fais pas toute une histoire! On est en plein soir, ils sont tous rentrés chez eux.

Je lève les yeux aux ciels pour voir les étoiles ainsi que la lune pleine. Il s'est passé tellement de chose en une journée! Je n'ai même pas vu l'heure passer...

-Allez, viens.
-Où allons-nous ? je pose en le suivant.
-Chez toi. Nous devons être au calme pour faire un plan afin de coincer ce cher Olympe.

Son ton est plein d'amertume. Avec la démonstration de tout à l'heure, j'imagine que le sort que réserve Charles à Olympe et à Drax sera beaucoup plus terrible et douloureux.

-Hm, tu me connais bien, mademoiselle Walsh.

J'esquisse un demi-sourire à cause de sa réponse à ma pensée. Je commence à apprécier cette faculté quelque peu dérangeante.

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