Chapitre 9

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Il sort de l'appartement, je m'apprête à lui emboiter le pas, mais il m'arrête.

-C'est dangereux, les métamorphes peuvent se montrer sans pitié.
-Je suis sans pitié, moi aussi.
-Non. Je refuse.
-Tu penses quoi? Que je vais rester patiemment assise là, à attendre que tu reviennes? dis-je en faisant un pas en avant. Eh bien, Anderson, tu t'es trompé de fille.

Mon ton de défi le dissuade de riposter. Il soupire d'exaspération.

-Très bien, jette-toi dans la gueule du loup.
-Je n'allais pas te laisser t'y engouffrer seul, je rétorque en plaisanterie.

Sur ce, nous nous dirigeons dans la tanière de l'ennemi.

Trente minutes de route plus tard, Charles arrête la voiture devant un petit restaurant. Quoi? C'est ça? Non, je ne crois pas... Alors pourquoi?

-Non, ce n'est pas ici qu'ils se cachent. Je reste ici pour ne pas qu'ils entendent ma voiture, me répond-t-il en déverrouillant les portières.

Logique. Nous sortons de la voiture et une boule se forme dans le creux de mon ventre; comme un mauvais pressentiment. Je touche le bras de Charles pour lui dire de ralentir, mais mon esprit devient noir et des images peu embrouillées apparaissent. C'est dans une pièce où les murs sont en béton. Peut-être une cave... Je remarque que Kelly est ligotée sur une chaise de bois et deux hommes se tiennent devant elle. Elle panique et ses joues sont mouillées de larmes.

-Nous te ferons aucun mal, lui dit un des deux hommes. Dis-nous juste qui est avec elle et ce qu'elle est et nous te laissons partir.

Ces hommes savent déjà par rapport à Charles Anderson.

-J-Je ne sais pas d-de quoi vous p-parlez, marmonne mon amie.

Les deux acolytes se lancent un regard entendu et l'un d'eux frappe la joue de Kelly avec force. Ma meilleure amie gémis de douleur.

-Fred! aboie le plus grand, va surveiller l'entrée, ils ne devraient pas tarder. Pendant ce temps, je vais m'amuser un peu...

La peur se lit sur le visage de Kelly.

Les images s'effacent et je vois le visage inquiet de Charles.

-Je.. J'ai vu Kelly, je parviens à articuler.
-Intéressant. Ce n'est pas une prémonition, mais c'est beaucoup plus utile.

Le patron accélère le pas.

-Qu'est-ce que tu as vu exactement?
-Une pièce de béton, comme une sorte de cave. Il y avait juste une fenêtre pour éclairer et une chaise où est assise Kelly. Oh! et aussi, y'en a un qui a demandé à l'autre de surveiller l'entrée. Ils se doutent qu'on arrive.
-Je sais parfaitement où ils sont, assure-t-il avant de tourner au coin d'une rue.

Mon coeur tambourine dans ma poitrine et je sais pertinemment qu'Anderson peut l'entendre. Il resserre sa main dans la mienne. Au bout de la rue, le vampire ralentit.

-On est arrivé? je murmure.

Il hoche la tête.

-Reste ici, je reviens.
-Non, je veux venir avec t...
-Meghan, c'est trop dangereux, me coupe-t-il. Obéis et reste là. N'oublie pas le contrat.

J'affiche une moue boudeuse et reste en plan sur le trottoir de la rue. En un éclaire, Charles part dans une demeure au loin.
Cinq secondes plus tard, un homme sort de la maison en courant aussi vite qu'il peut, mais l'image floue d'Anderson le rattrape et le jette au sol. Maintenant, je peux distinctement voir que le boss est au-dessus du métamorphe. Ils se débattent, mais le vampire plonge sa main dans la poitrine de son ennemi et y ressort une masse rouge. Je plisse les yeux pour mieux voir ce que c'est. Le corps du métamorphe cesse de bouger dans tous les sens, donc Charles se relève en jetant ce qu'il a arraché au sol. Ensuite, il rentre dans la maison, cette fois-ci, il vient me voir avec Kelly sur son épaule. Il aurait pu prendre le temps de lui retirer les cordes qui lui nouent les mains et les pieds!

-Désolé, me lance-t-il en déposant mon amie sur ses pieds.

Précipitamment, je la serre dans mes bras.

-Je suis tellement désolée, tu ne mérites pas ça! lui dis-je.
-Ça va aller, Meghan, me rassure-t-elle.

Quand je scrute son visage, je remarque qu'elle n'a aucune marque rouge ou de bleus. Comment est-ce possible? J'ai vu ces hommes la gifler!

-Normal qu'elle n'est rien puisque c'est une sorcière, rétorque Charles en posant ses mains sur ses hanches. Elle s'est jetée un sort de guérison.

Je pouffe de rire. Kelly? Une sorcière? Et puis quoi encore? Les fées existent aussi?

-Oui, ainsi que les loups-garous. Dans un monde aussi vaste, tu ne pensais pas que les humains étaient la seule espèce?

La réponse de Charles me laisse sans voix. Non... Sérieusement?

-Je ne te l'ai pas dit, car j'avais peur que tu prennes la fuite, m'explique mon amie en posant sa main sur mon bras.
-Avec tout ce qui se passe dans ma vie en ce moment, ce n'est pas ça qui va me faire fuir, je plaisante.

Elle sourit avant de me faire un câlin.

-Ne t'inquiète pas pour moi à l'avenir, me murmure-t-elle. Je sais me défendre.

Nous nous séparons et je reporte mon attention sur Anderson. Ses mains sont rouges de sang.

-Hum, Anderson? Tu as enlevé quoi au type tout à l'heure? j'ose demander.

Je crains la réponse. Charles affiche un regard de prédateur et Kelly me réprimande psychologiquement.

-Je lui ai arraché le cœur, avoue-t-il.

Ma respiration se bloque.

-C'est l'un des meilleurs moyens de tuer une métamorphe dans la douleur.
-D'accord, je ne veux plus rien entendre! je m'exclame en tournant les talons.

Kelly donne un coup de coude dans l'abdomen d'Anderson comme conséquence.

Nous embarquons tous dans le véhicule. Sur la route, je m'adresse à mon amie:
-On va te laisser à l'appartement. Ça te va?
-Oui, je vais y faire un peu de ménage, répond-t-elle.
-Je ne vais pas revenir pendant un petit moment. Quand cette histoire sera réglée.
-Quelle histoire? répète Charles.
-Eh bien, ce contrat. Quand tu auras l'alliance avec mon « peuple », ce sera terminé du contrat, donc nous allons retourné à notre quotidien, dis-je.
-Oui, pas faux. Tu vas tout de même continuer à travailler pour moi.

Je lève les yeux au ciel.

-Je ne vais pas démissionner pour si peu, je le rembarre.
-Oh? Tu me considère comme « peu »? Sache que beaucoup de femmes m'a considéré comme grandiose.

Je suis pleinement consciente que ça réplique à une connotation sexuelle. Je plisse le nez pour masquer mon embarras.

-Je te l'ai dit; ça ne va pas se produire entre nous. C'est platonique.

Il hausse les sourcils en affichant une moue de défi. Le raclement de gorge de Kelly nous sort de cette discussion embarrassante.

-Êtes-vous sûrs que vous êtes juste collègues? À vous entendre parler, on dirait deux amis.

Je me tourne vers elle.

-Je dois passer mes journées avec le big boss, je peux bien lui parler comme ça me chante en dehors du travail.
-Seulement au travail? Eh bien, je vais m'amuser la semaine prochaine, marmonne Anderson.

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