Chapitre 26

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Le matin, c'est l'odeur de café qui me réveille... et la lumière du soleil. J'entrouvre les yeux pour constater que Charles a ( encore ) ouvert les rideaux. Connard.

-Bon matin à toi aussi, me lance-t-il.

Il a aussi gardé la porte de la chambre ouverte. Au moins, il n'est pas bruyant lorsqu'il se lève.

-Tu aurais pu fermer les rideaux, je grogne.
-J'aime les rayons du soleil matinal.
-Moi qui croyais que les vampires brûlaient au soleil, je marmonne dans ma barbe.

Je me lève comme si mon corps pèse des tonnes et traîne mes pieds jusqu'à la cuisine. Charles se sert une tasse de café tout en m'observant attentivement.

-C'est un mythe, mais je pense que l'a compris.

J'ignore sa remarque.

-Il est quelle heure? je demande encore endormie.
-7h12.

Je me prends la tête entre mes mains et soupire. Ce que je peux être fatiguée!

-On travaille aujourd'hui, dit-il.

Je sais.

-Tu veux du café?

Oui.

Anderson sort une tasse blanche et verse du café dedans. Mets autant de sucre que tu peux. Il sourit et mets uniquement deux sucres. Je ronchonne, mais bois tout de même le café.

-Tu as remarqué..? je demande en faisant allusion au nombre de sucres que je prends dans mon café.

Il hoche la tête en buvant le breuvage chaud dans sa tasse. Y a-t-il quelque chose qui lui échappe?

Lorsque nous arrivons en même temps, l'un à la suite de l'autre, à notre lieu de travail, plusieurs personnes ne nous lâchent pas des yeux. Je me sens mal à l'aise... c'est assez désagréable. J'espère ne pas subir ce comportement encore longtemps. Je jette un regard vers Charles. Ce dernier ne semble pas dérangé par le regard des autres. Notre chemin se sépare puisque son bureau est deux étages au-dessus du mien.

Je m'assois à peine sur ma chaise que Maggie me bombarde de questions.

-Tu étais où? J'ai appris que tu avais pris ta semaine de congé.. Tu es partie en vacance? Cette idiote de Rousseau a dit que tu étais au restaurant avec le big boss. Mais bon, je ne la crois pas! Tu sais, elle dit tout ce qu'elle peut pour être intéressante..
-Maggie! je la coupe. Je t'adore, tu es une très bonne amie, mais s'il-te-plait... Je suis crevée de fatigue, alors une question à la fois.

Elle fronce les sourcils en me fixant.

-Bon.. Dans ce cas, tu étais où?
-Euh.. J'ai passé ma semaine dans un bel hôtel. C'était un cadeau de Kelly puisqu'elle savait que j'en avais de besoin, dis-je en classant des papiers et en ouvrant l'ordinateur.
-OK, tu étais seule..?

Le rouge me monte aux joues.

-Non, j'étais avec Kelly.

Elle hoche la tête et continue son questionnaire:
-À propos de la rumeur d'Éliane.. C'est vrai?
-Tu m'as dit que tu ne la croyais pas! je me défends.
-Oui, oui, mais les rumeurs courent vite et, apparemment, tu es venue au travail avec... le boss.

Elle a murmuré ce nom. Je sens qu'elle hésite à m'en parler en détails. Mais pourquoi, diable, il y a tant de rumeurs dans cette bâtisse? On se croirait à l'école! Devrais-je mentir? Je ne suis pas gênée d'être avec Charles, mais accepterait-il que je le dise à Maggie? Je suis prise au piège. J'ouvre la bouche afin de répondre à cette questionne mortelle, mais les portes de l'ascenseur s'ouvre et le personnel s'agite.

-Bonjour boss!
-Bonjour Monsieur!
-Bon matin!

Je me tourne vers le big boss qui vient rapide vers moi.

-Mais qu'est-ce que tu fais ici? je lui lance entre mes dents.

Là, juste à ce moment, je ressens la nette impression d'être observée. Tout le monde nous fixe, incluant Maggie. On dirait que ses yeux vont sortir de ses orbites. Je peux voir cette chère Éliane Rousseau qui accoure près de nous pour ne pas manquer une miette de ce qui va suivre. Je l'entends même dire aux autres: « Je vous l'avais bien dit! Elle se tape le patron! »

Mouais, c'est plutôt lui qui me « tape ».

À cette pensée, Anderson sourit, puis se retourne vers Éliane:
-Qu'avez-vous dit? demande-t-il poliment.

Elle semble étonnée que le grand patron lui adresse la parole. Sale vipère.

-Quoi..? Je n'ai rien dit.., bafouille-t-elle.

Même en marmonnant, j'ai pu l'entendre. Alors Charles, lui qui a une ouïe surdéveloppée, a pu l'entendre mille fois mieux que moi.

-Si vous ne voulez pas perdre votre emploi, Mademoiselle Rousseau, je vous conseillerais de ne pas mentir à votre supérieur et à ne pas répandre une rumeur pour votre propre plaisir.

Plusieurs se pincent les lèvres pour ne pas éclater de rire et d'autres rient ouvertement. Tu n'aurais pas mieux dit, dis-je à Anderson.

-Maintenant, lance le big boss à voix haute, puisque vous êtes tous très curieux de le savoir...

Quoi?! Maintenant? Mais t'es cinglé! Il ignore mes pensées et continue son petit discours:
-... Je vais mettre ça au clair; Meghan Walsh et moi-même avons eu une aventure. Et cette aventure a été assez sérieuse pour que l'on se fiance.

Tous les regards jusque là perturbés se tournent vers moi pour scruter ma main gauche. Je ne cache pas mes mains, j'assume.

-C'est une mise en scène, j'espère! Meghan, t'as fait ça juste pour avoir une promotion! Je le sais, car elle me la dit! Il a augmenté ton salaire, hein? Patron, je vous le jure qu'elle vous manipule!

Oh mon Dieu. Essaie-t-elle sérieusement de corrompre Charles à mon égard? Il peut sûrement entendre ses pensées et ressentir ses émotions, donc c'est mort pour elle. Plusieurs personnes à l'entour soupirent d'exaspération et Maggie roule les yeux. Quand est-ce que cette fille va se la fermer?

-Vraiment? rétorque Anderson d'un air imperturbable. Cela me surprend qu'elle se confie à vous, Éliane. Mais tout m'indique que vous mentez comme vous respirez et je ne crois pas un seul mot de ce que vous m'avez dit. J'accorde ma confiance à peu de personne et c'est ce qui m'a permis d'avancer et d'arriver jusque-là. Alors, si vous ne voulez pas être renvoyée.. Je vous conseillerais de fermer votre clapet.

Les spectateurs affichent un sourire moqueurs tout en approuvant les propos de Charles. Merci.

-Dans dix minutes, dans mon bureau, dit-il par télépathie.

Je hoche la tête, puis après une dernière salutation, Charles prend l'ascenseur et va dans son bureau. Quand il est parti, tout le monde me lance un regard avant de retourner à leurs effectifs. Je m'écrase sur ma chaise en soufflant. Cette scène était un grandiose. Maintenant, tout le monde dans l'établissement va connaître mon nom. J'ose croiser le regard de Maggie qui ne cesse de me fixer.

-Allez, pose-moi tes questions, dis-je en me tournant vers elle.
-Tu as passé la semaine avec lui..?
-Oui.
-Vous étiez où?
-Chez lui.
-Une fois, il est revenu travailler, mais il a fait un de ces boucans! C'était à cause de toi? Pourquoi?
-Je lui ai dit que j'avais... Une famille et que je ne pouvais pas rester avec lui. Je suis partie pendant six jours.

Elle hoche la tête, signe de compréhension.

-Mais tu es revenue parce que...?
-Un vieil ami savait ce que j'ai fait et que ça me brisait le coeur, alors il m'a remplacé en me promettant qu'il allait bien s'occuper d'eux. Je lui fais confiance.
-Quand tu es revenue, c'est là qu'il t'a fiancé?
-Oui.
-Ah! C'est si romantique! s'exclame-t-elle en feignant de s'évanouir.
-T'es bête, je rigole de bon coeur avec elle.

Après que j'aille répondu à toutes ses questions, Maggie se remet au travail. Puis, je reçois un courriel de Talia me disant que je suis convoquée. Sans plus attendre, je prends l'ascenseur sous le regard provocateur de ma collègue.

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