Le Triskell - Chapitre 12

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Une prophétie, c'est l'annonce d'un destin.

J'espère que ce n'est pas le mien !


Forte de cette nouvelle, je décide d'abandonner ma planque et nous rentrons au manoir. A peine avons nous posé un pied dans l'entrée, que ma tante Abigaël alpage son fils.

Je jette un coup d'œil interrogateur à Nathanaël qui hausse les épaules avant que sa mère ne le prenne dans ses bras.

_Ha, te voilà ! C'est arrivé d'un seul coup et... Ma tante est à la limite de l'hystérie.

_Maman, calme-toi qu'est-ce qui s'est passé ?

_Ta sœur a fait une prédiction ! Tu te rends compte ?

_Une prédiction ? Je l'interroge.

Bien sûr, je suis invisible pour ma tante et elle ne s'adresse qu'à Nathanaël.

_C'est une prophétie Abi ! La corrige l'oncle Drest.

Encore une fois, j'échange un regard insistant avec Nathanaël pour le supplier de prendre la parole.

_Et que dit cette prophétie ?

_ Attends, je l'ai noté ! dit Abigaël en sortant un carré de papier de sa poche. Nathanaël s'en saisi et lit à haute voix :

_Seul l'être issue des deux mondes scellera les chemins interdits, le temps s'écoule!

Génial, encore une prophétie claire et nette mais pour l'instant une autre chose m'inquiète.

_Comment va Liza ? Je me risque à demander.

Ma tante me regarde avec deux yeux ronds, visiblement surprise par ma question !

_Eh bien, elle...Elle est dans sa chambre.

Super, ça ne réponds en rien à ma question. C'est gens sont incroyables, ils sont plus touché par la prophétie de leur enfant que par leur enfant elle-même. Sept fois, je tourne ma langue dans ma bouche !

_Est-ce que je peux aller la voir ? Je demande à tâtons à mon oncle.

Pour toute réponse, il hoche la tête. Lorsque je monte les escaliers, j'entends ma tante se lancer dans un récit précis de ce qui s'est passé. Elle entraîne Nathanaël dans le grand salon. Il m'adresse un haussement d'épaule, un regard plaintif et un long soupire. Je me pince les lèvres pour ne pas rire. Pauvre Nathanaël, je le plains sincèrement!

Toc, toc ! Je frappe à la porte de la chambre de Liza !

_Entrez ! M'invite une voix enrayée qui ne lui ai pas habituel.

Je m'empare de la poignée et passe ma tête par l'entrebâillement. La chambre de ma cousine, fait deux fois la taille de la mienne. Peinte en blanc cassé et prune, elle est impeccablement bien rangée pour une chambre d'ado. Sur les murs sont accrochés des posters à l'effigie de groupe de rock tel que les MUSE ou d'affiche de film comme Twilight ! Elle est assise sur son lit devant l'écran de son Mac Book rose fuchsia. Son nez coule et ses yeux sont rouges.

_Salut ! Je peux entrer ? Lui dis-je doucement.

Liza hoche la tête et se mouche...

_Comment tu te sens ?

Elle hausse les épaules avant de fondre en larmes. Je me dirige vers son lit, m'assied et lui passe le bras autour des épaules. Je n'ai jamais eu beaucoup de contact avec Liza. Est-ce la faute ces parents ou la mienne peut-être ?

_Co...Comment tu fais...pour...supporter...ton don ? Me questionne-t-elle en sanglotant.

Je sais ce qu'elle ressent. Ce sentiment de différence mais aussi cette prise de conscience. Le fait qu'il faudra à partir de ce moment être attentif et faire attention à tout ce que l'on fait, ce que l'on ressent, ce que l'on dit afin que le commun des mortels ne se doute de rien.

_J'y suis habitué, il fait partie de moi, de ce que je suis !

_C'était horrible Kathleen ! Me dit-elle en appuyant sa tête contre mon épaule.

_Raconte-moi si tu veux !

Elle essuie à nouveau son nez et commence son récit.

_On était à table, grand-père et papa discutaient du Triskell et puis, je me suis senti étrange. J'avais l'impression que quelque chose, comme une espèce de lumière avait envahi ma tête, mon corps et ma gorge puis des mots que je ne contrôlais pas, que je n'avais pas l'impression de prononcer son sortie de ma bouche. Je suis me suis même mise debout...Je ne contrôlais plus rien, c'était comme si une autre personne avait pris le contrôle. C'était flippant !

Gentiment, je lui prends les épaules et la regarde dans les yeux. J'essaye d'être complaisante le plus possible.

_Liza, nous sommes née Bandrui, nous faisons partie d'une des plus prestigieuses familles de druide et nous avons le plus merveilleux des grands-pères ! La différence peut être une chance Liza !

_Mais je ne peux pas me réjouir d'un truc pareil !

_Non, bien sûr que non, ce n'est facile pour personne au début. Mais toi, Liza St Patrick, tu es quelqu'un de fort, je sais que tu trouveras un équilibre comme je l'ai fait, comme oncle Iago l'a fait... Tu comprends, c'est juste une question de temps. Je t'aiderai, si tu le veux...

Liza hoche la tête, essuie ses yeux bleu rougis ainsi que son nez et m'adresse un joli sourire.

_Merci Kathleen ! Me dit-elle en me serrant dans ces bras.

Je suis surprise, c'est la première fois qu'elle me témoigne une telle affection. Je l'imite et nous restons ainsi enlacés à nous bercer...

-/-

_Aileen, il manque un morceau à cette robe !!! Je m'exclame en sortant de la salle de bain.

La robe que Rayhan m'as fait parvenir est...Je manque de mots.

Noir aux reflets dorés, très près du corps, elle s'arrête juste au-dessus de mes genoux. Un décolleté baveur agrémenté de mousseline couvre ma poitrine. Mais le plus impressionnant est la vertigineuse échancrure qui descends jusqu'au creux de mes reins.

_Eh bien ! Il ne se moque pas de vous, c'est un des derniers modèles de la maison Yves St Laurent. Tenez des Manolo pour aller avec !

J'enfile les talons haut noir aux lanières verni entrelacées puis me saisit de mon quitte de survit. Mais son contenu est très différent de la dernière fois. Pas de mascara, ni dentifrice... Ce coup-ci, ma pochette est remplit de runes, d'une fiole d'eau, d'une autre de terre et d'un brin de Gui, d'un bout de sauge et aussi d'un ou deux préservatifs (on ne sait jamais !!!).

Bien sûr, Aileen me maquille et me coiffe. Pour cette soirée, elle a opté pour un chignon savamment négligé, tenant à l'aide de deux baguettes. Elle a également sélectionné une paire de boucle d'oreille pendante en or et un joli bracelet assorti. Délicatement, Aileen pose une étole de soie noire sur mes épaules. Je me regarde dans le miroir et je dois bien avoué que je suis à tomber !

Nathanaël n'a pas voulu, je cite « assister à ça ». De toute manière, il a beaucoup à faire ce soir. Pour tout dire, ça fait cinq jours que nous avons beaucoup à faire...

A 19h30, une Limousine noire m'attend devant le portail. Un chauffeur vêtu d'un costume noir et d'une casquette en descends pour m'ouvrir la portière arrière.

Lentement, je suis l'allée de graviers blancs qui claquent sous mes talons. Quel sentiment incroyable ! Mélange de fierté, d'appréhensions, le tout agrémenté d'une pointe d'adrénaline. Nous sommes sur le point de jouer l'avenir de la cérémonie du Nexus, l'avenir de notre monde !!!

Je prends une profonde inspiration et grimpe dans la Limousine.


Nexus ou les chroniques de Kathleen St PatrickOù les histoires vivent. Découvrez maintenant