Nexus ou les chroniques de Kathleen St Patrick

Le Triskell - Chapitre 4

4

Si ce qui ne nous tue pas nous rends plus fort,

Alors, je suis invincible !

Nos repas se prennent depuis la nuit des temps dans la grande salle à manger. C'est une immense pièce austère. Aux murs sont accrochés de nombreux tableaux de scène de chasse ou de pique-nique fleurissante, on trouve aussi quelques œuvres de ma tante Mégane.

Les meubles sont en bois noble, table ovale, chaises dures et inconfortables, buffets disproportionnés ou trône des œufs Fabergé... Et tout ça doit sans doute être aussi vieux que le manoir...

La table est déjà dressée pour sept convives.

_Tiens ou Louise a oublié que j'étais rentrée ou nous avons un déserteur !

Grand-père éclate d'un rire tonitruant mais pourtant tinté d'une légère inquiétude.

_Non, mon ange ! Louise ne risque pas d'oublier ton retour, elle nous en rabâche les oreilles depuis une semaine. Iago est absent pour quelques semaines, il effectue une série de concerts...

Mon oncle Iago, comme je vous l'ai précisé plus avant, est barde et par conséquent musicien dans l'âme, il en a donc fait sa profession... Sur cette réflexion, ma tante Mégane fait son entrée.

Lors de mon départ elle était enceinte de deux mois. Quel choc, elle est énorme... Quoi de plus logique à huit mois de grossesses ou alors c'est le contraste de cet énorme protubérance sur ce petit corps d'à peine 1,60 mètre... Mégane possède une beauté simple sous ses taches de rousseur, ses grands yeux bleu/vert entouré par une cascade de boucles rousses.

_Kathleen, c'est bon de te voir. Excuse-moi de ne pas être descendu t'accueillir mais...Tu vois ! Me dit-elle en me montrant son ventre.

_Oui ne t'inquiète pas, laisse-moi t'aider !

Je lui saisis délicatement le coude et l'aide à s'installer à table. Je dois vous précisez que ma tante à un comportement très différent à mon égard lorsque mon oncle n'est pas là. Lorsque ce dernier se trouve dans la même pièce que moi, Mégane est beaucoup plus distante.

J'ai une boule au ventre, l'angoisse monte. J'appréhende de me retrouver en face de mon oncle Drest et de sa femme Abigaël.

Nathanaël arrive accompagné de Liza, un baladeur MP3 sur les oreilles. Ah, l'adolescence !

_Hey ! T'es revenu, tu m'as rapporté quoi ?

Nathanaël et Liza se ressemble de plus en plus, même peau rosé, même yeux bleu et même blondeur cendrée... Pour tout dire, ils ressemblent à ma tante Abigaël.

_Une potion pour devenir polie et bien élevé !!! Mais moi aussi je suis contente de te voir et j'ai fait un excellent voyage, merci !!!

Honteuse, ma petite cousine hôte ses écouteurs et s'avachit sur une chaise. Nathanaël m'observe du coin de l'œil et me tire ma chaise.

_Merci cher cousin !

_Mais c'est un plaisir, très chère cousine !

Et nous rions. Un vieux truc entre nous, une manière de se moquer de cette fausse bourgeoisie qui nous entoure. Quelque fois des brides de notre enfance font surface. Dommage que ça ne dure pas !

Le moment tant redouter arrive, mon oncle et ma tante font leur entrée.

_Bonsoir Kathleen ! Tu as fait bon voyage ? Me demande poliment ma tante.

_Bonsoir Tante Abigaël, oncle Drest ! Le voyage a été très agréable, merci !

Pas de contact entre nous, ni étreinte, ni bises...Rien que des civilités banales... Nathanaël qui s'est assis à côté de moi, presse doucement ma main en signe d'encouragement.