La Boussole - Chapitre 41

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Elle est têtue, insolente et arrogante...

Je crois que c'est ce que je préfère chez elle.

Il est 21h00 lorsque nous sortons de l'immeuble ou se tiennent nos bureaux. J'ai hâte de rentrer pour retrouver « la petite garce » et je sais que pour Rayhan c'est la même chose.

Notre vie a changé grâce à elle. Elle est plus saine car nous ramenons moins de filles et plus routinière. Délicieusement routinière, avec les entraînements du matin et les dîners qu'elle nous prépare et que nous partageons. Il y a aussi les week-ends studieux. Trop studieux pour moi, je donne volontiers ma part à Rayhan.

_Pourquoi souris-tu ainsi ? Me demande mon frère.

Je le regarde du coin de l'œil puis passe une vitesse. Lui aussi affiche un franc sourire.

_Pour les mêmes raisons que toi ! Il rit.

_Tu comptes faire la paix avec elle ? Je crois qu'elle a bien compris que tu étais en colère.

_Je sais et j'ai même un cadeau de réconciliation !

_Lequel ? Il y a une pointe d'anxiété dans sa voix. Un bijou?!

_Non, ce n'est pas mon genre ! Et puis, tu verras bien ! Je lui réponds.

Oui, j'ai un cadeau pour elle. Je l'ai dessiné et commander à un maître d'arme au Japon en pensant à elle...

Le reste du trajet nous parlons de l'avancée des travaux du TIM'S et du budget attribué à la publicité.

Il y a encore trois ans, jamais je n'aurais cru que je passerai des heures à parler marchandisage et chiffre... Il y a trois ans, j'avais presque tout perdu. Et aujourd'hui, j'ai presque tout ce que je désire...

Je gare l'Audi puis nous traversons la cour et rentrons le sourire aux lèvres. Heureux à la perspective de voir la jeune femme qui embellit notre vie... La table est mise et une délicieuse odeur de Lasagne flotte dans l'air. Au bout du couloir, la lumière accompagnée de musique s'échappe de la bibliothèque. Rayhan dépose sa mallette contre le mur du salon, moi je suis dubitatif. C'est trop calme, pas de fredonnements ni de stylo qui tombent à terre ou le froissement de pages que l'on tourne... Quelque chose cloche !

_Lorenzo, qu'est-ce qu'il y a ?

Je ne réponds pas et me dirige à grand pas vers la bibliothèque, Rayhan sur mes talons. Elle est vide et les livres habituellement éparpillés, ne le sont plus. La pièce est rangée! Mon cœur s'emballe et je cours dans les escaliers en direction de la chambre de Kathleen avec la ferme attention de tambouriner à sa porte.

Mais la porte est ouverte. La chambre aussi est impeccable... Trop impeccable! Je me risque à franchir le seuil de la porte. La dernière fois que j'ai essayé d'entrer une décharge électrique m'avait littéralement foudroyé.

Prenant une grande inspiration, que je bloque ainsi que tous mes muscles dans l'espoir de me préparer à la douleur, je pose un pied sur le seuil. Rien ne se passe. Ni souffrance, ni cris.

Elle n'est pas là ! Elle n'est plus là ! Il n'y a plus que son odeur de pomme et de cannelle qui flotte autour de moi. Rappel olfactif qui manque de me faire péter un plomb !

_Elle est partie ! Je hurle presque.

Rayhan reste impassible... Aucune émotion ! Rien ne passe, il a bien été bien élevé par notre père. Ne rien laissé paraître lorsque la contrariété est trop forte !

Aussitôt, je descends les escaliers et me dirige vers la porte. Mais là, je suis propulsé en arrière. J'essaye la porte principale et la même chose se passe. Je remonte les escaliers en bousculant Rayhan puis me dirige dans la cuisine ou j'essaye d'ouvrir la fenêtre et je rebondis une nouvelle fois.

Nexus ou les chroniques de Kathleen St PatrickOù les histoires vivent. Découvrez maintenant