La Boussole - Chapitre 39

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Homme, tu possèdes par nature une volonté

Qui ne connait mi obstacle ni contrainte.

Epictète.

Tout se passe comme prévu. Francesca est partie à l'heure et j'ai pu jeter les sorts de franchissement sur toutes les ouvertures de l'immeuble. Les garçons pourront rentrer mais pas sortir, du moins pendant 24 heures ou jusqu'à ce que je franchise le seuil cette nuit... Si tout se passe bien.

J'ai préparé ma tenue. Une mini-jupe en cuir noir, avec un débardeur blanc en soie d'où s'envolent des papillons monarque de toutes les couleurs ainsi que des escarpins vernis avec des talons de 10 centimètres. Mais les accessoires sont tous aussi important que la tenue, toutes les Fashinistas vous le diront. Les miens consistent en une paire de mitaine en cuir (acheter par Francesca lors de ces courses) destinés à cacher les Triskell gravé sur mes paumes, puisqu'ils se mettront à briller dès que je m'approcherai de la boussole, même si leurs extrémités ainsi qu'une petite partie des branches brillent moins depuis quelques temps.

Je complète le tout avec un sac en cuir ou je ne mets rien de personnel juste des gants en latex, des Serflex, ainsi que des fioles d'eau, de terre, de mon sang mais aussi une petite lampe torche, du Guy, des allumettes et une bombe au poivre. J'ai aussi pensé à mettre de grosses bagues fantaisies en argent. Elles me serviront de point américains. Je regarde l'heure, il est 17h00. Je dois me dépêcher si je ne veux pas être en retard ou plus simplement si je ne veux pas croiser les jumeaux...

Ma journée à consister à ranger la bibliothèque et à classer mes documents. J'ai également pris soin de relié un volume traduit à l'attention de Rayhan. Ainsi, il n'aura pas de problème avec ces gens qu'il va voir régulièrement. J'ai également désactivé les sorts qui protègent ma chambre que j'ai rangée, ils pourront en faire l'usage qu'ils souhaitent... Et j'ai aussi préparé le repas des garçons !

Une fois douché, maquillé, coiffé et habillé, je me regarde dans la psyché. Parfait, j'ai vraiment l'air d'une pute ! Pour parfaire ma tenue, j'enfile un Perfecto en cuir noir.

Bien, je crois que je suis prête. Je prends soin, de mettre la table comme je le fais habituellement mais je laisse aussi la lumière de la bibliothèque ainsi qu'un filet de musique. C'est ainsi que je travail d'habitude. Ils ne doivent s'apercevoir de ma disparition qu'au dernier moment.

A 17H30, je franchis la porte d'entrée et me glisse dans la foule du Paris de fin de journée, non sans prendre une grande inspiration. J'observe la façade de l'immeuble, mes runes blanches se sont activées.

A 18H00, je suis devant les locaux de « Perfect Beauty » comme je m'y attendais, Aileen est là !

Elle est vêtue d'un long manteau de laine rouge rappelant les cabans des marins. Ces cheveux blonds attachés en chignons. Elle fume nerveusement une cigarette très fine.

_J'ignorai que vous fumiez ! Lui dis-je en m'approchant d'elle, les mains dans les poches.

Aileen me scrute des pieds à la tête.

_Une ancienne mauvaise habitude qui resurgis lorsque je suis anxieuse. Dit-elle en écrasant sur le pavé le mégot à l'aide de ses Louboutin léopard. Vous avez changé, physiquement j'entends !

J'ai un pincement au cœur. Ce changement, je le dois à mon maître d'armes, Lorenzo.

_Ou étiez-vous tous ce temps ? Abriel vous a cherché partout !

_Pas très loin ! Il n'a pas bien cherché ! Nos regards ne se quittent pas.

Plusieurs filles, des blondes, des brunes, des rousses viennent saluer Aileen avant de s'engouffrer dans un Mercedes Viano noir. Un chauffeur leur tend une main secourable afin de monter dans le monospace ultra chic.

_Mme Williams, nous devons y aller si nous ne voulons pas être en retard ! L'informe le chauffeur.

_Un instant ! Lui réponds Aileen alors que je me dirige vers le véhicule. Kathleen ! Vous avez trop de classe et de culture pour participer à cette...orgie ! Si vous avez besoin d'argent, je peux vous faire un chèque ! Me dit-elle en ouvrant son sac à main. Combien voulez-vous ?

Je pose ma main sur la sienne et lui fait non de la tête.

_Merci Aileen ! Lui dis-je avant de monter dans la voiture. Le chauffeur referme la portière coulissante puis démarre. Dans le rétroviseur, je vois Aileen regarder le Mercedes s'éloigner.

Et je soupire. Encore un pan de mon ancienne vie qui se déchire. Dans quelques heures, que les choses se passent bien ou mal, la nouvelle partira aussi en lambeau.

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Je choisi de somnoler pendant le trajet. D'une oreille discrète, j'écoute les filles. Certaines sont déjà allées à une de ces « fêtes » et selon leurs dires « elles déchirent »... Une autre assure que les « mecs qui l'organisent » sont je cite « des putains de cannons »... Bref rien de nouveau. Et finalement, je cède aux avances de Morphée.

_Mademoiselle ! Mademoiselle ! Nous sommes arrivés.

Le chauffeur, me réveil doucement en secouant mon bras.

_Heu... Merci ! Lui dis-je encore ensommeillé mais le froid mordant de la Normandie me ressuscite bien vite.

Un homme qui ressemble à un major d'homme nous indique la direction à prendre. Nous nous dirigeons en file indienne le long d'une allée de gravier vers l'entrée principal de la villa blanche.

Je lutte contre la nausée qui viens de s'emparer de mon estomac, il y a des runes pas très loin... Pourvu qu'elles ne trahissent pas ma présence.

Trois hommes que je reconnais comme les Doyle nous « accueil ». Ils sont accoudés à l'encadrement de la porte.

Leur silhouette se détache grâce à des spots de lumières qui clignotent en rythme à l'intérieur. J'entends déjà la musique, de la techno agressive.

Je passe le pas de la porte entouré de deux filles et je découvre une immense pièce bondé de monde, à l'atmosphère étouffante et lourde ! Hommes et femmes dansent, ou plutôt ce frottent les uns contre les autres...D'autres se roulent des pelles et je crois que certains s'envoient en l'air.

Je m'arrête soudainement, effaré par le spectacle que j'ai sous les yeux lorsque quelqu'un susurre à mon oreille :

_Welcome to the jungle...Bitch!

Et j'avale péniblement ma salive, pendant qu'on ôte ma veste et qu'on embrasse le creux de ma nuque.

Là, je suis vraiment dans de beaux draps.

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Nexus ou les chroniques de Kathleen St PatrickOù les histoires vivent. Découvrez maintenant