🌊PARTIE I. Chapitre 1 (1/2)

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PARTIE I. Farewell

Chapitre 1 (1/2)

Je me retourne sur mon oreiller, une pluie de sable s'échappe des pores du tissu cotonneux. Je lève les paupières, mes yeux pétillent sousles étincelles des grains dorés. Je grogne et observe les particules flottées dans un rayon de chaleur, qui pointe depuis le coin de ma fenêtre.

Encore une belle journée : quelle triste ironie.

Amère, j'arrache mon coussin et je le secoue en dehors du lit. Le sable en tombe et dans mon demi-sommeil j'ai l'illusion d'entendre le son de cette chute ; musicale, comme un doigt qui frotte la corde d'une harpe.

Je regarde par-delà la vitre rayée, là où le soleil apparaît petit à petit comme un enfant qui veut jouer à cache-cache, puis sans un mot je me replonge sous les couvertures.

Il est encore tôt.

*

Quelques heures plus tard, je suis réveillée par les craquements du plancher et une masse qui me saute sur le bassin, sans vergogne.

- Safran, debout !

À contre cœur, je sors de mon cocon de draps. Mes cheveux sont en pétard et je tombe face à face avec un visage plus que familier : celui de l'une de mes petites sœurs, Emer.

Je passe une main dans ma tignasse et des grains d'or en tombe. Je grogne, fichue maison ! Bon, en vrai je ne le pense pas. Dans le district Quatre, notre foyer est l'endroit que je préfère, si j'oublie la crique isolée plus au sud.

- Sors, que je m'habille. J'arrive, mettez la table en attendant, les parents ne vont pas tarder à revenir. J'ordonne à Emer, d'une voix enraillée alors que celle-ci s'enfuie hors de ma chambre.

Je souris distraitement et ouvre la fenêtre. Je respire l'air iodé, qui me plonge tout de suite dans un aspect chaleureux de ma vie.

J'adore la mer, parfois je me dis qu'être une vague, libre de partir et venir, est le genre de liberté que les habitants de Panem - sans compter les citoyens du Capitole, bien sûr - n'ont même pas.

La brise glisse sur ma nuque, c'est agréable.

Ma famille habite dans un chalet étroit réparti sur trois étages, contre les dunes. Les planches de bois qui servent de murs, sont épaisses, écartées et ainsi laissent le sable y pénétrer. L'humidité y est omniprésente.

Il doit être environs midi et je veux tellement continuer à dormir. Mais aujourd'hui c'est impossible, la sieste est hors de ma portée.

Aujourd'hui, c'est la Moisson.

Je frissonne et referme la fenêtre, plus brutale que je ne l'aurai voulu. Les vitres vibrent pendant un court instant. Je reste impassible, presque perdue dans mes pensées, avant de me retourner vers ma commode en bois bancale. Ma chambre se situe dans le grenier ,j'entends souvent le vent marin frapper contre le toit qui a besoin d'une bonne réparation.

Tout en marchant, je retire ma chemise de nuit au tissu rêche qui tombe par terre, en un bruissement agréable. Je perçois à l'étage d'en dessous, les filles marcher et faire craquer le plancher.

Je suis nue et la chair de poule parcours mes avant-bras. J'enfile des sous-vêtements, une chemise d'un bleu pur, un pantalon de lin blanc, ainsi que des bottes souples en cuir. La Moisson n'est que dans deux heures, je vais avoir le temps de revenir pour me changer.

Je ne fais pas attention au sable qui reste collé entre mes orteils et qui me gratte la peau.

Plus petite, lors de mes neuf ou dix ans, je détestais cette sensation, mais à force, on s'habitue.

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