Chapitre 2

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Johanna récupéra son sac à dos qui venait de passer sous le portique à rayon x. Elle avait payé son billet avec de l'argent qu'elle n'avait pas, grâce à certaines connaissances. Mais ce service rendu n'était pas gratuit, elle le savait parfaitement. C'est pour cela qu'elle espérait trouver la perle rare ; un contrat qui lui permettrait d'être tranquille pendant plusieurs mois. Elle était même prête à sacrifier vingt heures de sa vie, assise à côté d'un inconnu dans un avion pour cela. D'ordinaire, elle trouvait le moyen de ne pas se rendre au QG, mais pour trouver quelque chose qui rapportait beaucoup, il était nécessaire de faire le déplacement. La dernière fois qu'elle avait été de passage, c'était une période de crise, et on lui avait payé tout les frais.

Elle suivit le groupe de personne allant apparemment dans la même direction qu'elle. C'était à coup sûr des touristes, qui voulaient faire un safari en Amazonie. Tabatinga avait une économie fondée sur le tourisme et rares étaient les personnes qui s'y rendaient pour y faire affaire.

- S'il vous plaît mademoiselle !

Johanna se retourna vers l'homme qui l'avait interpellé. Génial. C'était quelqu'un chargé de la sécurité. Elle s'était appliquée à voyager avec des armes particulièrement discrètes, ce qui était un véritable sacrifice de sa part, mais si on arrivait à les détecter, elle allait avoir de sérieux ennuis. Son identité humaine était en quelque sorte sa couverture, et si jamais elle devait en changer, cela allait s'avérer compliqué.

- Vous avez laissé ceci.

L'homme lui présenta une gourmette en or massif qu'elle n'aurait jamais pu s'offrir. Il était évident que cet objet ne pouvait pas lui appartenir. Elle jeta un coup d'œil discret aux alentours et fourra le bijou dans sa poche. Elle pourrait sans doute en tirer un bon prix.

Elle n'avait pris que le strict minimum pour un voyage dans une terre sauvage. Un couteau n'aurait pas été de refus, mais il serait sans doute resté à Rio. Et la meilleure arme de Johanna restait heureusement son corps. Elle cachait certains atouts qu'elle n'avait dévoilé qu'à des personnes maintenant six pieds sous terre.

La jeune femme faillit s'enfuir en courant en découvrant à côté de qui elle se retrouverait pour les prochaines heures. Une jeune maman et son bébé, et un vieil homme qui ne sentait pas la rose. Cela ne fit qu'accentuer la rancœur qu'elle éprouvait envers son patron pour avoir omis de lui dire qu'elle devait rapporter une preuve de son assassinat. Ce n'était pas une demande très courante, puisque la disparition d'un proche ne passait jamais inaperçue, mais certains clients étaient particulièrement exigeants, allant parfois jusqu'à insister sur la manière dont devait mourir la proie.

Malgré le fait qu'elle ait emporté un livre, Johanna sentait que le temps du voyage allait lui paraître comme une éternité.

Au bout de quelques heures, lorsqu'elle tourna la deux-centième page de son roman, on l'interrompit : 

-  Vous aussi êtes en vacances ?

L'haleine fétide de l'homme à sa droite lui piqua les narines. Elle réprima rapidement sa mine de dégoût, mais volontairement pas assez vite pour qu'il puisse s'en rendre compte.

- Pas vraiment, elle répondit froidement.

Ce qui coupa court à la conversation. C'est ce moment que choisit le gosse à gauche pour se mettre à crier. Et Johanna jura dans toutes les langues qu'elle connaissait.

***

Quand enfin Johanna posa le pied à terre, en dehors de l'aéroport, elle respira enfin. Mais elle n'avait pas le temps de prendre une pause, et elle se mit tout de suite en route. Il était déjà tard, et il ne lui restait plus beaucoup de temps pour rejoindre l'orée de l'Amazonie. Là-bas, elle pourrait se construire un lit plus confortable que celui qui se trouvait dans sa chambre, à Rio.

Essences Primaires - T1: Soven & JohannaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant