Chapitre 17

2 0 0
                                    

Ca y etait, Naeaï ne tenait plus en place. Johanna lui avait fortement déconseillé de chasser avant d'être rentré, et la faim lui tordait le ventre. C'était toujours comme ça quand il était avec elle; il était constamment obligé de se contenir, de refréner ses envies. Après tout, relativement souvent, elle avait raison. Mais, là, il ne comprenait pas trop. Il avait donc été le premier à se rendre dans la grande salle où le portail devait être ouvert. Il tournait frénétiquement en rond, les jambes tremblantes. Là, tout de suite, il éprouvait un besoin viscéral de tuer. Et, encore une fois, ça allait mal se terminer. Il détestait cela au plus haut point, car en étant dans cet état, il n'était jamais en mesure de prendre son temps avec sa victime, de se délecter de sa souffrance. Et ça revenait plus vite, aussi.

De toute façon, dès qu'il serait de retour sur Terre, il s'éclipserait assez longtemps pour pouvoir se soulager. Mais il fallait que les autres se dépêchent. Naeaï sursauta quand la porte s'ouvrit. Une seule personne entra, pour son grand malheur. C'était la petite humaine blonde. Il ne comprenait vraiment pas ce que l'autre humain lui trouvait; elle était fragile, physiquement comme mentalement. Tout ce qu'elle savait faire, c'était se plaindre, geindre et demander de l'aide. Elle ne servait à rien. Ce n'était qu'un petit animal apeuré, qui devait être facile à briser. Oh, oui, comme ça devait être simple d'entendre ses supplications. De voir la souffrance déformer ses traits poupins.

La respiration de Naeaï s'accéléra, alors que l'excitation montait en lui. Ce sentiment se mêlait à l'impatience, et il fixa le petit bout de chair. Tous ses membres tremblaient. Il prit une grande inspiration, et un large sourire fendit son visage en deux. Comme elle sentait bon. Pas comme l'autre humain qu'il avait tué dans la ruelle sombre, la dernière fois. C'était une odeur délicate, fraîche. Une qui lui donnait l'eau à la bouche. La salive s'accumulait entre ses lèvres, et il s'approcha dangereusement de la blonde. Celle-ci, incertaine fit un pas en arrière, et buta sur un tabouret.

- Tout va bien? demanda-t'elle.

Mais Naeaï n'était déjà plus en mesure de comprendre ses paroles. Il pencha la tête sur le côté pour mieux admirer sa proie.

Trop facile.

Il pouvait déjà sentir sa peur commencer à envahir ses veines. Il entendait son pouls s'accélérer, l'adrénaline se libérer. Un filet de bave dégoulina et s'écrasa sur le sol, et l'humaine se mit à hurler. Comme c'était bon! Mais il en fallait plus. Oh, oui, beaucoup plus!

Naeaï s'accroupit et bondit. Anika lui échappa de justesse et courut se réfugier derrière la table rectangulaire. Mais cela ne fit qu'attiser l'instinct de chasse de Naeaï. Enfin, la terreur se lisait dans ses yeux. Encore! Il en voulait plus.

Mais sa soif de sang le contredisait, et le poussait à tuer, maintenant. Résigné à en finir, il se jeta sur sa victime, qui lui glissa, encore une fois, entre les doigts. Il ne réussit qu'à attraper une mèche de cheveux, et il en profita pour la projeter contre le mur. Immédiatement, l'odeur du sang envahit ses narines, alors que la femelle, sonnée, parvenait tout juste à ouvrir les yeux. C'était la fin, pour elle. Naeaï jubilait, et s'approcha d'elle pour mordre dans sa chair. Mais, alors que ses canines affutées perçaient à peine sa peau, la porte s'ouvrit à la volée.

***

Johanna s'élança et ne mit qu'une petite seconde à atteindre la gorge de Naeaï, qu'elle enserra. Les yeux pleins de rage, elle le plaqua au sol dans un bruit de craquement effrayant. Le visage de Naeaï rougit alors qu'il tentait de se débattre mais elle ne lâcha pas son emprise. S'en était trop. Elle en avait assez de ses pulsions sanguinaires, de ses pratiques barbares et gratuites. Elle lui avait bien dit de ne rien faire ici. Et, pour changer, il ne l'avait pas écouté. Mais elle ne l'avait jamais vu ainsi, s'attaquer à quelqu'un qui était plus ou moins important pour ses connaissances. Alors, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.

Essences Primaires - T1: Soven & JohannaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant