Chapitre 10

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Soven ouvrit les yeux sur un plafond en pierre. Il avait atrocement mal à la tête, et peina à se relever pour s'asseoir. Ses muscles endoloris ne semblaient pas vouloir supporter le poids de son corps. Sa vision mit un certain temps à s'adapter à la luminosité ambiante, malgré le fait qu'elle était relativement faible. C'est donc très lentement qu'il prit conscience qu'il devait se trouver dans une prison. Il tenta de se rappeler pourquoi il était là, mais la seule chose dont il se souvenait était qu'il avait tué. Oh oui, il avait frappé, encore et encore, jusqu'à ce que les os se brisent. Il avait planté son arme dans les chairs d'une créature qui l'avait visé. En y repensant, son cœur devint soudain très lourd. Il n'avait jamais ôté la vie d'un quelconque être vivant, avant tout ça. Même si les créatures qu'il avait tuées n'étaient pas humaines, il ne pouvait s'empêcher de se sentir mal. Laissant son dos appuyé contre le mur irrégulier, froid et humide, il prit sa tête entre ses mains.

Dans ce bar, il l'avait senti, cet élan de puissance, qui lui avait fait croire que Johanna avait raison depuis le début. Mais il avait envie de tout rejeter sur la jeune femme, de se dire que s'il ne l'avait pas sauvée, alors actuellement, il serait encore dans son studio. Cependant, au fond de lui, il savait qu'il avait tort.

Il soupira pour la dixième fois depuis qu'il était éveillé. Il se demandait ce que son avenir pouvait bien lui réserver, s'il devait s'attendre à pire. Puis, il se remit à penser à ce qu'il s'était passé plus tôt, et l'inquiétude le gagna. Si lui était ici, où étaient les deux jeunes femmes qui l'accompagnaient ? Il était persuadé qu'il n'avait pas de soucis à se faire pour Johanna, mais pour Anika, c'était une autre histoire...

Pour ne pas trop y penser, il préféra se lever afin d'inspecter sa cellule. De toute façon, il ne pouvait rien faire d'autre pour le moment.

Comme il le pensait, il n'y avait rien de particulier à noter. Il faisait trop sombre pour pouvoir distinguer clairement les détails et la seule source de lumière provenait de la porte faite de barreaux métalliques. La pièce était minuscule, et totalement vide, sans toilettes ni source d'eau. Par chance, Soven n'avait ni les mains ni les pieds attachés, ce qui lui permettait, malgré la douleur de ses muscles, de pouvoir se mouvoir comme bon lui semblait.

C'est donc tout naturellement qu'il se dirigea vers la porte, en espérant pouvoir comprendre où il se trouvait. Depuis son arrivée ici-bas, il s'était interdit de paniquer, et même si c'était très tentant, particulièrement à cet instant, il résista. Tout simplement parce que cela ne lui aurait rien apporté de plus que des ennuis.

Comme il s'y attendait, en face de sa cellule, il n'y avait rien d'autre qu'une autre cellule vide. Comme toutes celles qu'il avait dans son champ de vision. Il essaya de tendre l'oreille pour tenter de percevoir un infime indice qui aurait pu l'aider, mais rien. La seule chose qu'il parvenait à distinguer, c'était le bruit d'une goutte d'eau qui tombait dans une flaque, un peu plus loin. L' humidité de cet endroit était relativement étonnante, d'après ce qu'il avait vu des ce monde. Il se retourna, et fixa le sol un moment, avant de revenir s'appuyer contre un mur. Il n'avait tout simplement rien de mieux à faire qu'attendre. Quelqu'un allait bien finir par passer dans le couloir.

En y réfléchissant bien, il trouva un avantage à se retrouver seul ; au moins, maintenant, il était en mesure de faire le point sur sa situation.

Pourrait-il réellement retrouver sa vie d'il y a quelques semaines ? Sans doute que non. Dans l'éventualité où il pourrait reprendre ses habitudes, retourner à ses études et à sa famille, il savait que rien ne serait pareil. En effet, désormais, il connaissait l'existence de ce monde, et des nombreuses créatures qui le peuplaient. Il ne pouvait plus voir le cours des choses comme avant, cela lui était tout simplement impossible. Si c'était une bonne chose, il n'en était pas sûr ; certes, grâce à cela, il sentait qu'il arrivait à mieux comprendre le monde, mais cela lui donnait le tournis.

Essences Primaires - T1: Soven & JohannaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant