Chapitre 15

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Un étrange mélange de différentes effluves parvint aux narines de Johanna. Tout cela était accompagné de phéromones à une concentration tellement élevée dans l'air, qu'elle parvenait même à les sentir. Et ça n'était pas pour l'aider. Elle prit une grande inspiration avant de pousser la lourde porte. Elle n'avait aucune idée du temps qu'elle pouvait rester en apnée, mais elle priait pour que ça dure assez longtemps. Elle savait que c'était vain, car elle allait devoir rester dans cet endroit au moins quelques heures. L'espoir faisait vivre.

Un escalier sombre se dressait devant eux. A chaque fois que Johanna levait le pied, elle se demandait si sa semelle n'allait pas rester collée au sol. Visiblement, c'était la même chose pour ses compagnons. Elle l'avait déduit au son que leur pas faisaient. Lorsqu'elle arriva devant un mâle borgne, à la peau rougeâtre, elle se racla la gorge. Il releva la tête pour la regarder de haut en bas, scrutant le moindre détail qu'il pourrait voir malgré la longue cape qu'elle portait. Il plongea son unique œil dans ceux de la jeune femme avec un air impatient.

Johanna soupira. Elle savait qu'elle était obligée de découvrir son visage. Elle fit signe aux autre de l'imiter, mais ça ne sembla pas suffire. Il fallut retirer en entier le morceau de tissus sombre, qui cachait sa peau bleutée.  Le mâle ne put cacher sa surprise, mais, au bout de quelques secondes qui parurent une éternité à Johanna, il secoua négativement la tête.

Johanna sentait encore la colère l'envahir. Elle avait horreur de faire ça, mais il le fallait.

- Nous venons de la part de Deisht, affirma-t-elle.

Cependant, l'obstacle qui l'empêchait de franchir la porte blindée ne semblait nullement intéressé par ce qu'elle venait de dire. Ce n'était pas étonnant; il était très facile de mentir lorsque l'on connaissait le propriétaire de l'établissement. Elle aurait dû se douter de la réaction du vigile, étant donné la tenue qu'ils arboraient tous. Ici, ce n'était pas un endroit accessible à tous. Les personnes les plus riches d'En-Bas s'y rendaient souvent, et le lieu était gardé secret pour éviter que n'importe qui se permette d'y entrer. Et Johanna était loin d'être assez prestigieuse pour y avoir le droit, mais elle connaissait les personnes qu'il fallait.

- Qu'est-ce qu'on fiche ici? questionna Soven, à l'intention de Johanna.

Agacée, l'intéressée ne lui expliqua que le nécessaire:

- On vient chercher une porte de sortie.

Après un bon quart d'heure de négociation, le mâle accepta d'aller vérifier les dires de la jeune femme. Si bien que lorsque le patron de l'établissement se pointa enfin, elle faillit se jeter dans ses bras. Lorsqu'il reconnut Johanna, il afficha un sourire jusqu'aux oreilles. C'était un ami de longue date, et elle savait qu'elle pouvait avoir confiance en lui. Il la toisa un instant, elle et les autres, puis soupira en affichant une mine désolée.

- Qu'est-ce qui vous amène?

- J'ai besoin de tes services, assura Johanna.

Il leur fit signe de le suivre, et tous s'exécutèrent. Sa tenue extravagante n'avait rien à voir avec celles que l'on croisait dans les rues du village. Ses longs cheveux blancs flottaient derrière lui, assortis à sa peau blafarde. On aurait dit que l'intitulé de la maladie "enfant de la lune" avait été créé pour lui.

Il bifurqua à droite, et entra dans une large pièce décorée de somptueux meubles en bois, témoignant de son rang social. Johanna était étonnée de ne pas distinguer la musique qui, d'habitude, battait de son plein.

Deisht désigna les sièges vides qu'il y avait dans la pièce, avant de s'exprimer:

- Je vous écoute, de quoi vous avez besoin?

Essences Primaires - T1: Soven & JohannaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant