Chapitre 6

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Attention certains passages pourraient choquer dans ce chapitre!

Bonne lecture :)

Naeaï tremblait. Il n'avait pas tué depuis plus d'une semaine. C'était très dur, et ses pulsions meurtrières l'obligeaient à s'écarter des rues fréquentées. Qu'est-ce que les missions de Johanna pouvaient être chiantes.

N'importe qui aurait pu voir qu'il était en manque et le prendre pour un drogué sobre. Même après avoir chassé toutes ces pensées macabres de sa tête, son imagination répandait le goût du sang sur sa langue, et il devait s'arrêter pour ne pas se laisser emporter. Malgré ce qu'on pouvait imaginer de lui, il n'était pas stupide, et avait bien compris que quelque chose ne tournait pas rond depuis qu'il avait laissé Johanna seule. On avait tout fait pour brouiller les pistes, et l'empêcher de retrouver la jeune femme. C'était la seule raison pour laquelle il n'avait pas tué. Ne pas se faire repérer était primordial.

Naeaï se laissa glisser contre le mur pour reprendre son souffle. Il faisait nuit, et la rue n'avait pas d'éclairage. Tout était calme, et ça l'aidait un peu à rester lucide. Neufs jours que son estomac n'avait reçu aucune chair. Il aurait pu attraper un rat ou un pigeon, mais ça aurait été comme manger du carton, et de toute manière, il ne l'aurait pas digéré. Son métabolisme était très particulier, puisque son espèce était souvent cannibale, mais la seule autre personne du même genre que lui dont il avait connaissance était son frère, et en aucun cas il n'aurait voulu se confronter à lui. Il tenait encore à la vie.

Le bruit d'une canette qui roule attira son attention, et toute la concentration qu'il s'était efforcé à conserver s'évapora en un instant. Il ne prit même pas le temps d'analyser sa victime, et planta ses canines dans la jugulaire. L'homme, semblait t'il, se mit à gémir, mais il s'éteignit rapidement. Son sang avait un goût d'alcool très prononcé, ce qui expliquait son manque de résistance. Cela ne dérangeait pas spécialement Naeaï, et il arracha la chair agglutinée autour des os. Il ne pensait alors plus à rien, mis à part à la délicieuse saveur qui caressait sa langue et qui coulait dans sa gorge. C'était bon, après une si longue abstinence, tellement bon, qu'il fut secoué par un frisson le long de sa moelle épinière. Il n'avait même pas prit le temps de s'amuser avec sa victime, c'était pour dire à quel point il avait envie de manger. Un rire nerveux jaillit de sa poitrine, et il l'étouffa de peur de se faire entendre.

Ce n'est qu'une fois rassasié qu'il promena ses yeux sur la masse de viande inanimée devant lui. Des restes de vêtements lui indiquèrent que l'homme portait un costume assez élégant. Naeaï haussa les épaules et se redressa. Il s'amusa un peu avec les intestins du cadavre puis décida qu'il était temps d'aller retrouver Johanna.

Quand Naeaï s'approcha du lieu du rendez-vous, où il y avait déjà foule, tous les regards se portèrent sur lui. C'était sans doute parce qu'il avait oublié d'enlever les éclaboussures de sang qui lui couvraient le visage et tout le reste du corps. Cela arrivait relativement souvent, mais la couleur de ses yeux lui rendait service dans ce genre de situation, puisque les humains semblaient croire qu'il s'agissait d'un costume. Il soupira et s'assit contre une pierre décorative en ramenant ses jambes contre lui. Il détestait attendre, et Johanna le savait très bien. Surtout après le sale coup qu'elle lui avait fait ; elle avait fait exprès de l'éloigner de la cible, puisqu'elle savait très bien que là où elle l'avait envoyé, il n'y avait rien à faire. Il aurait voulu s'amuser un peu, au moins, et ne comprenait pas trop pourquoi il avait dû aller avec Johanna. Il y avait longtemps qu'ils ne faisaient plus de missions ensemble, et il y avait une bonne raison. Leurs méthodes de travail était totalement incompatible.

Naeaï releva subitement la tête quand une odeur désagréable vint lui piquer les narines. Il reconnut la démarche de Johanna un peu plus loin, et se redressa. Malheureusement, la source de la puanteur ne cessait de se rapprocher, et Naeaï dû cesser de respirer. Il bondit en arrière quand il aperçut que l'humain derrière elle était le même que sur la photo du dossier de la cible, et accessoirement la source de puanteur. Qu'est-ce que foutait Johanna ?

Essences Primaires - T1: Soven & JohannaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant