Chapitre 12

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Lorsque Soven introduisit la clef dans la porte de la cellule ou Johanna était détenue, il fut réellement surpris. Ce n'était pas à cause de l'expression torturée de la jeune femme, qui, comme tous ceux qu'il avait croisé dans le bâtiment semblait partagée entre le désir insoutenable et une profondeur envie de meurtre. C'était tout simplement dû au nombre de chaînes et autres objets métalliques qui la plaquaient au mur, si bien qu'il se demandait comment elle pouvait réussir à respirer. Et aussi comment il allait pouvoir la délivrer sans la toucher.

Il avait essayé de réfréner cet étrange pouvoir, qui l'avait bien arrangé sur le coup mais devenait à présent plus une gêne qu'autre chose. En effet, quand il avait pris Anika dans ses bras, parce qu'elle semblait être incapable de se tenir sur ses jambes, elle avait visiblement subi la pire des tortures. Et il ne souhaitait pas que la même chose se reproduise pour Johanna. Il se mit à tourner frénétiquement en rond, en jouant avec ses doigts. Voilà que la situation ne dépendait plus que de lui, qui depuis tout ce temps, s'était beaucoup appuyé sur Johanna.

Il en avait assez ça, de toute cette histoire. Il fallait  qu'Anika rentre chez elle au plus vite, et qu'il réussisse à comprendre ce qui était en train de lui arriver. Tout ce qui s'était passé n'était pas un hasard. Mais il avait beau réfléchir, il ne trouvait rien. Sa vie avait été normale, comme tous les autres qu'il avait côtoyés avant ces quelques semaines.

Le hurlement de Johanna le ramena rapidement à la réalité.

- Arrête, ou dégage !

L'espace d'un instant, son visage s'était figé montrant qu'elle avait réussi à reprendre le contrôle de son corps.

Soven ne savait plus quoi faire. Il ne pouvait pas l'abandonner à son sort. Elle lui avait sauvé la vie à plusieurs reprises, et, aussi étrange que cela puisse paraître, elle était devenue une amie pour lui. Encore une fois, il fit le vide dans sa tête. Il tenta d'imaginer son pouvoir comme de minuscules billes noires qui flottaient dans l'air. Il se concentra, et visualisa ces petites billes revenir à lui. Lorsqu'il rouvrit les yeux, rien n'avait changé. Et la colère dans les yeux de Johanna s'était décuplée, si bien que désormais, le désir qu'elle éprouvait passait au second plan.

Soven soupira, alors que l'impatience était de plus en plus présente dans son esprit. Alors, il recommença, plusieurs fois, mais le résultat ne changea pas. Il s'appuya sur le mur et tenta autre chose ; plutôt que de vouloir réabsorber son pouvoir, il l'expulsa, le diluant parmi l'air ambiant. Au même moment, un bruit métallique le fit sursauter. Et quand il en vit l'origine, sa mâchoire se décrocha. Johanna faisait littéralement sauter les chaînes qui l'avaient maintenue contre le mur. L'un après l'autre, les maillons énormes se tordaient avant de céder, parfois en deux morceaux qui volaient dans la pièce humide. Quand plus rien ne put la maintenir, elle s'écroula sur les genoux, tremblant de tous ses membres.

C'est à ce moment que Soven s'aperçut qu'il n'avait plus d'influence sur quiconque. Il avait réussi. Partagé entre un certain soulagement - il avait réellement cru qu'il ne pourrait plus s'approcher de quelqu'un - et l'inquiétude, il s'approcha de son amie, qui fixait ses mains partiellement recouvertes d'écailles bleues depuis qu'il avait plu. Elle semblait perdue, mais se ressaisit rapidement. Elle avait raison, il fallait quitter cet endroit au plus vite, car maintenant que Soven avait enfin réussi à réfréner cette étrange substance qu'émettait son corps, n'importe qui pouvait surgir du couloir pour les attaquer.

Malheureusement, Johanna semblait trop faible pour se relever. Sa mâchoire semblait cassée, et ne s'était pas encore réparée. Le jeune homme ne l'avait pas remarqué jusque-là, si bien qu'il se demandait comment elle avait pu parler, et à quel point ça avait dû être douloureux.

Essences Primaires - T1: Soven & JohannaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant