Let the Sparks Fly {Darkest Minds} - Partie 1

Prologue

Courir.

Courir. Plus vite. Plus loin.

Toujours plus vite. Toujours plus loin.

Loin de ce massacre. Loin de ce sang. Loin de ces morts.

Loin d'eux.

Courir. Sauter. Eviter les racines. Les branches. Les flaques de boue.

Ma vision était brouillée. J'ignorais si c'était la pluie ou mes larmes qui en étaient responsables. Tout mes sens étaient en ébullition. J'avais conscience du moindre cheveu plaqué sur mon visage, de chaque parcelle de mon uniforme sur ma peau. Si je m'arrêtais, j'aurais arraché ces morceaux de tissus et ma peau sans aucune hésitation.

 Je voulais mettre fin à ces 4 années de calvaire. Les oublier. J'avais cru que je pourrais y échapper ces derniers jours, mais le sang tachant ma peau attestait du contraire.

Je devais m'éloigner. Courir toujours plus vite. Toujours plus loin. 

Le sang bourdonnait dans mes oreilles, se mêlant à la pluie et à nos respirations haletantes. Et pourtant je ne les entendais pas. Seul me parvenait le bruit du scanner et sa voix métallique.

Identification. Cassiopée Lennox. Matricule 458-937.

Ce nom que je n'avais plus entendu depuis des années. Ce numéro que j'avais beaucoup trop entendu. 

L'identification de Christian avait retenti ensuite. Puis celle de Taylor.

 Mon sang devint glace en pensant à la jeune femme. Seule l'adrénaline me permit de continuer à courir.

 Taylor. Mon Dieu, Taylor ! Elle... Elle s'était sacrifiée pour nous. Elle ne portait plus ses gants en plastique lorsque le FSP l'avait traînée hors de la voiture. La plupart avait perdu connaissance sur le coup, quand notre voiture avait quitté la route mais pas moi. Ni Christian, ni Taylor.

 Taylor qui était Jaune. Taylor qui avait fait exploser les appareils électriques présents sur le FSP qui l'avait attrapée. Taylor qui nous avait hurlé de nous enfuir.

 Christian qui m'avait relevée et entraînée dans les profondeurs des bois. 

 Moi qui avais obligé le FSP à lâcher l'arme qu'il braquait sur nous. Moi qui avais suivi Christian. Moi qui avais abandonné Taylor.

 Je baissai les yeux vers mes mains. Mon regard remonta le long des traînées de sang qui les maculaient pour finir sur mon uniforme. Ce bleu terne que j'avais beaucoup trop vu, qui était désormais constellé de taches rouges. Un mélange du sang des occupants de la voiture et du mien, très certainement.

 J'ignorais si je souhaitais qu'ils y aient d'autres survivants ou qu'ils soient tous morts sur le coup.

 La mort était probablement préférable à la vie dans un camp.

 Je glissai soudain sur une flaque de boue que je n'avais pas vue. Je tombai en avant et tendis les mains devant moi par réflexe. Je me retrouvai suspendue quelques centimètres au-dessus du sol, mais n'eus pas la présence d'esprit de faire un geste pour me remettre debout ou atterrir dans l'herbe, là où il n'y avait pas de boue. L'adrénaline m'avait permis de déclencher mon aptitude, mais en temps normal je ne savais pas m'en servir. C'est pourquoi, l'instant suivant, je tombai tête la première dans la boue.

 J'aurais pu rester là une éternité, me noyer là-dedans. Je ne méritais pas mieux. Je les avais abandonnés. J'aurais pu faire quelque chose, mais je m'étais lâchement enfuie.

 Des mains se posèrent sur mon dos, mes épaules, glissèrent sous mes aisselles et me relevèrent. Je sentis quelque chose de dur contre mon dos. Le tronc d'un arbre. On m'avait assise contre le tronc d'un arbre.

 - Je crois qu'on est assez loin. On peut faire une pause. Ils ne vont de toutes manières pas faire grands cas de nous deux. On ne doit pas valoir grand chose.

 Christian frotta mon visage pour en enlever la boue. Il me fallut quelques instants pour réaliser que c'était avec le haut de son uniforme qu'il venait de le faire.

 - Regarde dans quel état tu t'es mise...

Il continua de me frotter le visage avec le tissu vert avant de me prendre le menton pour m'obliger à relever la tête vers lui. Il me regarda dans les yeux, alors que son inquiétude transparaissait dans les siens.

 - Cassie ? Dis quelque chose !

 Il posa ses mains sur mes épaules et je me rendis seulement compte que je tremblais de tout mes membres.

 - Je... je les ai abandonnés. Je... J'aurais pu les aider.

 Ma voix me sembla lointaine, rauque. C'était la voix d'une étrangère. Il m'observa un instant avant de répondre d'une voix douce.

 - Tu n'aurais rien pu faire. Soit on restait avec eux et ils nous renvoyaient dans un camp, soit on fuyait.

 - Ils sont morts..., murmurai-je. Ils sont tous morts...

 Il garda le silence un long moment. Christian savait que je ne parlais pas des jeunes avec nous dans la voiture. Les FSP n'avaient aucune raison de les tuer, seulement s'ils opposaient de la résistance, mais comme aucun de nous ne savait réellement se servir suffisamment de son pouvoir que pour blesser quelqu'un, je supposais qu'ils n'avaient rien tenté.

 Non, je pensais à tout ces jeunes qui étaient morts trois jours plus tôt, lorsque nous nous étions échappés de Caledonia. J'ignorais combien avaient péri. Beaucoup. Au moins une centaine.

 A cause de nous. A cause de moi, Liam, Jack, Chubs et Christian.

 Parce que nous avions voulu y croire. Nous leur avions promis que nous réussirions. Qu'une fois dehors tout irait mieux. Qu'ils pourraient revoir leur famille. Apprendre à contrôler leurs aptitudes.

Ils étaient morts parce que nous leur avions promis la liberté.

Et nous, nous étions vivants, pour l'instant. Mais libres... je ne pouvais qu'espérer l'être.