Partie 6

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Depuis que Gringe lui avait parlé, Aurélien ne savait plus comment se comporter avec Eddy.  Il ne savait toujours ce qu'il ressentait pour son ami, à part lui sortir des banalités débordantes des mièvreries, il ne savait toujours pas quel effet ça faisait, l'amour, le vrai. Il se retrouvait perdu au milieu de tous ces sentiments. Le fait qu'Eddy soit un garçon n'était pas un problème en soit, mais il réalisait petit à petit, à mesure qu'il passait du temps avec lui que c'était tellement différent de son histoire avec Ahélya. Il l'avait aimé, c'était sûr. Mais ça ne semblait pas être le même amour que celui qui faisait chavirer son cœur depuis quelques temps.

Il avait aimé faire l'amour avec elle, c'était agréable et elle était très jolie. Mais lorsqu'Eddy avait avait effleuré son cou après avoir replacé sa mèche derrière son oreille, lorsqu'il avait senti le bout de ses doigts caresser sa peau, il avait ressenti au fond de lui quelque chose de bien plus puissant que n'importe quel moment intime avec son ex. Il avait aimé être en couple avec elle car il n'avait connu que ça. C'était son premier baiser, sa première fois, sa première copine. Il n'avait embrassé que ses lèvres et maintenant, c'était celles d'Eddy qu'il rêvait de goûter. Et d'après Gringe, cela semblait être réciproque. 

Aujourd'hui, Eddy n'était pas allé en cours. Il s'était réveillé fiévreux et n'avait pas eu le courage d'affronter le froid. Il avait envoyé quelques textos pour prévenir ses collègues de promo et s'était rendormi. Gringe était parti travailler assez tôt et Aurélien avait eu rendez vous chez le notaire le matin pour la vente de la maison. Quand il rentra chez eux, il vit que les affaires d'Eddy étaient toujours là alors il monta jusqu'à sa chambre et toqua doucement.

« Eddy, je peux rentrer ? »

Eddy avait marmonné un oui à peine audible et Aurél rentra dans la chambre qui était plongée dans le noir.

« Hey, ça va ?

- J'me sens pas très bien...

- Attends, j'allume la lumière. Voilà... »

Lorsque le brun alluma la lumière, il trouva son ami assez mal en point. Il s'installa près de lui et dégagea doucement les cheveux de son front. Délicatement, il posa le dos de sa main sur sa joue.

« Tu as de la fièvre... Je vais appeler un médecin.

- Non, ça va...

- C'est à mon tour de m'occuper de toi, Eddy.

- T'es adorable... dit-il en souriant doucement.

- Je sais. Toi aussi, je te trouve vraiment...
Vraiment adorable. »

Aurélien resta quelques instants près d'Eddy, à caressa sa joue doucement. C'était tendre comme moment. Aucun d'eux ne parlait, le blond avait fermé les yeux et un grand sourire se dessinait sur ses lèvres. Le normand aurait voulu que ce moment dure pour toujours. C'était étrange, le contact de ses doigts sur la peaux d'Eddy. Il effleurait sa barbe naissante, c'était la première fois qu'il avait ce genre de geste pour un autre homme. Mais cela lui semblait tellement naturel. Aurélien avait beau avoir trente ans dans quelques mois, ce n'était que maintenant qu'il découvrait l'envie, le désir, la passion et l'amour. Il se sentait bête de devoir tout apprendre de la chose à son âge, Eddy avait du avoir plusieurs expériences par le passé et Aurélien lui, n'avait jamais touché le corps d'un autre homme. Et pourtant, il aurait eu envie de laisser sa main vagabonder à sa guise sur le torse découvert de son ami. Mais il se retint et à la place, il attrapa son téléphone pour appeler un médecin.

« Le médecin arrive dans une heure, ça va aller ?

- Tu veux bien rester ?

- Bien sûr... Tu veux que je te rapporte quelque chose ?

- Non, t'inquiète... J'ai juste chaud et froid à la fois...

- Je reste, Eddy. Dit-il en caressant doucement sa joue une nouvelle fois.

- Ca à donné quoi le notaire alors ?

- Je dois voir Ahélya demain, pour discuter de tout ça.

- Tu te sens prêt ?

- Ouais, ouais. Je ne lui en veux plus. J'ai réalisé pas mal de choses depuis ces derniers moi. Notre rupture m'a permis d'ouvrir les yeux sur certaines choses que j'avais zappées.

- J'suis content que tu ailles mieux, Aurélien...

- C'est grâce à toi et Gringe, tout ça. Sans vous j'en serais pas là.

- Tu vas chercher un autre appart alors ?

- Gringe m'a proposé de rester... Et ma psy pense que c'est mieux que je reste encore un peu avec vous.

- J'aurais été triste si t'étais parti.

- Moi aussi. J'avais pas vraiment envie de te laisser... »

Eddy sourit et il eut envie de répondre quelque chose mais la fatigue l'emporta. Aurélien le recouvra avec la couette pour ne pas qu'il prenne froid. Il envoya un message à Gringe pour le prévenir et s'installa dans le fauteuil près du lit de son ami, brancha ses écouteurs et regarda une série en attendant le médecin. Ce dernier arriva à l'heure prévue et après une auscultation, il posa son diagnostique : La grippe. Aurélien s'était fait vacciner alors il ne risquait rien mais Eddy allait être mal en point pendant une grosse semaine et il avait interdiction de sortir dehors. Lorsqu'Eddy avait protesté, expliquant qu'il avait son mémoire à avancer, Aurélien qui était assis à côté de lui sur le lit avait posé sa main sur la sienne pour le calmer.

« Votre petit-ami à raison, Eddy. Il serait bien plus sage de vous reposer.

- Ouais Eddy, dit Aurél avec une pointe d'humour dans la voix, écoute ton mec. »

Eddy s'était résigné, trop fatigué pour contre-argumenter. Aurélien prit l'ordonnance du médecin et l'accompagna jusqu'à la sortie. Quelques instants plus tard, il remonta voir son ami qui s'était endormi. Attendri, il caressa doucement sa joue avant de se réinstaller sur le fauteuil et de continuer sa série. De temps en temps, Aurélien relevait la tête de son téléphone pour voir si le garçon dont il était visiblement amoureux dormait toujours. Il pensait à ce qu'il allait dire à son ex, demain. Il lui avait donné rendez-vous dans un café pour discuter tranquillement. Ahélya semblait heureuse avec son nouveau compagnon et il voulait qu'elle sache que c'était tout ce qu'il pouvait lui souhaiter. Il avait besoin de ça pour repartir sur de bonnes bases, être ce qu'il était vraiment et ça commençait par une discussion avec son ex.

Quelques heures plus tard, alors qu'Aurélien avait fini la saison trois de sa série, Eddy se réveilla. Ébloui par la lumière du soleil, il eut du mal à ouvrir ses yeux. Ses membres étaient toujours endoloris et il semblait y avoir un concert de heavy métal dans son crâne tant il le faisait souffrir. Il regarda son ami qui était installé dans le fauteuil à côté de lui, il était donc resté là pendant tout ce temps ? Aurélien semblait s'être lui aussi laissé surprendre par la fatigue et s'était endormi. Le blond l'observa pendant plusieurs minutes, un faible sourire aux lèvres. Plus les jours défilaient et plus il passait de temps avec Aurélien, plus il réalisait qu'il était fou de lui. Dès le départ, il l'avait trouvé craquant, avec sa petite mou triste et ses cheveux indisciplinés et puis Eddy avait appris à le connaître. Il connaissait ses petites manies, ses tics de langage, il savait quand quelque chose allait le faire rire ou réagir. En un rien de temps, il s'était attaché à cet homme plus âgé et cela rentrait en conflit avec ses principes. Il avait à la fois envie d'être avec lui à chaque instant de la journée mais d'un autre côté, il refusait catégoriquement de se mettre en couple. Il savait qu'il allait tout faire foirer, qu'il allait rendre triste Aurélien, qu'il allait certainement précipiter les choses et que le brun finirait par le quitter. Il aurait aimé en parler à Gringe mais il savait ce qu'il allait dire. Il allait le dissuader, le convaincre de ne pas s'aventurer dans une telle histoire, que de toutes façon Aurélien n'aimait pas les garçons et qu'il était plus vieux et qu'il ferait mieux de se trouver un mec de son âge. Il essayait de se raisonner, à la fac ou le soir quand il était tout seul. Il essayait de se persuader qu'il n'était pas amoureux, que c'était juste une attirance passagère parce qu'il avait toujours eu un truc pour les mecs dans le style d'Aurélien mais il suffisait qu'il lui effleure la main ou qu'il se mette à rire pour perdre la raison. Il l'aimait tellement fort que là, même à l'article de la mort à cause de cette satanée grippe, il aurait pu traverser la terre 10 fois ne serait-ce que pour le voir sourire.

Rencontre (Orelsan / Eddy de Pretto)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant