Chapitre 6

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Tu ne le sais sans doute pas encore, mais mon moment préféré dans la journée c'était lorsque je m'affalais sur mon lit, fermais les yeux et ne pensais à rien pendant plusieurs minutes après que les cours soient terminés. Et tu sais ce qu'il s'est passé ? J'ai dû renoncer à cet instant de bonheur pour rédiger une putain de nouvelle. J'avais vraiment l'impression que ma vie était une succession d'éléments déprimants depuis quelques temps.

Je me suis donc rendu en permanence en ce beau lundi après-midi pour écrire je ne sais quoi au lieu de profiter du soleil en jugeant les gens passer sur les pelouses du campus dehors. À ma grande surprise, quand je suis entré dans la salle, j'ai pu apercevoir une autre personne assise en train de travailler au fond de la pièce.

- Excuse-moi ? Ai-je simplement demandé.

Ce fût un second étonnement au moment où Salinger releva la tête vers moi. Il est partout décidément celui-là !

- Sidney ?

- Salinger ?

On s'est alors fixé pendant un moment, puis constatant qu'il n'ajoutait rien, je me suis installé à une table devant. J'ai sortis un grand cahier et un crayon, mais je suis resté bloqué durant de très longues minutes face à ces pages vierges. J'étais en cruel manque d'inspiration, et en plus de ça, je me sentais observé.

- Tu peux arrêter de me reluquer ? J'essaie de travailler !

- Euh je... je oui.

Je n'ai pu m'empêcher de sourire de satisfaction dans ma barbe en l'entendant bafouiller. Soudain, une main se posa brutalement sur ma table et une autre sur mon épaule pour me retourner.

- Tu sais quoi ? C'est toi le mec bizarre, pas moi.

Je levai les sourcils alors stupéfait de sa brusque détermination.

- Je te demande pardon ?

- L'autre jour dans le parc, tu as été horrible avec moi. Je ne t'avais pourtant rien fais, j'essayais juste de te comprendre et encore maintenant !

- Et bien n'essaie plus ! Si tu remarques si bien que je suis désagréable avec toi, alors pourquoi t'évertues-tu en vain à me parler ?

Il ouvrit la bouche, puis la referma. Je pouvais ressentir sa déception et sa frustration lorsqu'il se rassit, mais cette fois sur la chaise la plus proche de lui, c'est-à-dire celle à ma droite.

Je me remis à penser à une histoire, à celle que je pourrai rendre à Mr.Johnson, mais quelque chose m'empêchait de me concentrer. J'étais étrangement nerveux et coupable.

- Je suis désolé.

Je me surpris moi-même à prononcer ces mots. Pour être honnête, rares sont les fois où je laisse mon égo de côté pour m'excuser.

- Quoi ?

- Je suis désolé Salinger, t'as entièrement raison. Seulement tu vois, je ne comprends pas ce qu'il m'arrive c'est tout. En ce moment j'ai l'impression de ne plus être la même personne.

- Comment ça ?

Mes yeux se tournèrent avec hésitation vers lui. Il semblait assez inquiet, en tout cas, il avait l'air vraiment soucieux et intéressé par ce que je disais. Ça faisait des années que je n'avais pas senti cela. C'était comme-ci j'étais soudainement passé de l'invisibilité à la personne étant au centre du monde. Même Kristen ne m'avait jamais fixé aussi attentivement.

Alors j'ai encore fais quelque chose que je ne me serai jamais cru capable de faire: je me suis penché et je l'ai embrassé.

listen before i goOù les histoires vivent. Découvrez maintenant