Je t'imaginais heureux, guéri. Tu profitais de ta renaissance, de ta liberté sans plus aucune contrainte et inquiétude à avoir. Je nous projetais déjà comme un couple près à s'affirmer et à prôner haut et fort leur amour. Qu'est-ce qui pourrait être plus beau que ce tableau que je dessinais ? Rien. Mais il existait alors des projets d'avenir beaucoup plus sombres. Moi qui possédais une nature plutôt réaliste, me préparant toujours au pire pour éviter une déception, je ne trouvais plus cette force, ce courage en moi. Si je décidais maintenant de visualiser le pire, je sais que je serai incapable de me relever cette fois. Me laisser penser au fait que tu puisses mourrir dans quelques jours détruirais alors tout ce pour quoi je me suis battu ces derniers mois. Il s'agirait de tirer un trait sur notre histoire si particulière, d'oublier ma dispute avec Kristen, de ne plus penser à ce jour où j'ai été tabassé à cause de ma sexualité. Toutes ces choses, atroces soient elles, m'ont permis de m'épanouir et de m'affirmer tel que je suis vraiment. Même si tout cela s'est déroulé à une vitesse folle, j'ai l'impression d'être devenu quelqu'un de nouveau désormais.
- Granwall. Granwall je vous parle !
Je levai ma tête précipitamment et je pu constater que Mr. Johnson se tenait face à mon bureau, les bras croisés et les sourcils froncés.
- Tous vos camarades sont déjà sortis de ma classe depuis bientôt dix minutes. Je peux donc en déduire que soit mon cours sur Dickens vous a passionné et que vous souhaitez en savoir plus, soit vous vous êtes encore une fois endormi pendant mon cours. Mais vu votre teint pâle, j'opterais plutôt pour la deuxième option.
- Je vous jure que je ne dormais pas Monsieur ! J'étais perdu dans mes pensées c'est tout.
- Et bien c'est encore pire. J'espère que ta nouvelle avance bien, car ta semi-présence à mes cours se transforma bientôt en une absence définitive.
- Il ne me reste que quelques chapitres.
- Je suis heureux de l'apprendre Sidney. N'oubliez pas que le reste de votre scolarité se fondera sur mon retour de ton travail.
- J'en ai conscience Monsieur.
- Bien. Allez écrire alors, vous n'avez rien à faire ici.
- Oui, j'y vais.
Je me redressai et sortis de l'amphithéâtre pour retourner à ma chambre.
- Sid !
J'aperçu alors Elliott devant la porte de ma chambre, tenant deux sandwichs dans ses mains.
- Comment vas-tu ? Me demanda t-il en souriant.
- Qu'est-ce que tu veux au juste ? Je le questionna à mon tours en ouvrant ma porte.
- Et bien je me suis dis que tu avais peut être faim alors je t'ai pris un sandwich jambon beurre à la cafétéria.
Je m'assis sur mon lit en soupirant:
- Je n'ai aucune envie qu'on discute Elliott, mais j'avoue que je meurs de faim alors j'accepte ta présence dans ma chambre tant que tu n'ouvres pas la bouche.
- Entendu !
Il s'assit alors à ma droite et me tendit mon repas. Après quelques douces et silencieuses secondes, il finit par engagé finalement la conversation:
- Tes cours se sont bien passés ce matin ?
Je lui lançai un regard noir et croquai dans mon pain.
- Je sais que tu ne veux pas parler avec moi Sid, mais je pense que ça te ferait du bien de te confier à quelqu'un.
- Et qu'est-ce qui te dit que je devrai me confier à toi en particulier hein ?
- Je ne t'oblige pas à me parler, mais tu ne peux pas garder toutes ces émotions négatives pour toi, et comme je suis le seul à connaître la situation de Salinger, je pensais que c'était une bonne idée.
- Tu te reconvertis psychologue alors ?
Il laissa échapper un léger rire.
- Tu sais, même si Sal et moi ne partageons plus le mêmes sentiments qu'autrefois, c'est dur à encaisser pour moi aussi.
- Je sais. Je n'ai pas dit le contraire.
- Tant mieux. Bon, comme tu n'es pas près à en discuter, je vais te laisser pour l'instant. Va rejoindre Salinger, profite de lui autant que tu peux et sache que s'il te prend l'envie subite de venir rire, pleurer ou hurler de tout ça, ma chambre sera là pour t'accueillir. Je crois sincèrement que l'on doit se soutenir mutuellement.
Il se releva et me fit un dernier sourire avant de s'en aller.
- Merci Elliott.
Lorsque je fus certain d'être seul, je sortis mon ordinateur et continua de taper ma nouvelle, le visage rougis par les larmes.

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listen before i go
RomantizmIl y avait le génie, le créatif, l'orgueilleux, le cupide, le sarcastique. Et il y avait l'innocent, le naïf, le pur, le gentil, l'optimiste. Ils se sont rencontrés par hasard, se sont aimés avec passion et sincérité, mais finiront-ils ensembles ? S...