La tolérance. Le respect. C'était si compliqué que ça ? Au départ, j'avais pensé qu'après m'être fait tabasser, les moqueries et les insultes allaient stopper. Une partie de moi imaginait sans doute que l'être humain pouvait ressentir un minimum de culpabilité et de compassion, mais non, ce n'était que dans les rêves utopiques que ça arrivait, où dans les films aux fins heureuses. Mais ils pouvaient continuer à me torturer si ils le souhaitaient, car malgré tout, ça attisait la curiosité et le regret de quelqu'un d'autre. Salinger. Ces derniers jours, je n'ai fais que penser à lui. Ça faisait des années que je niais ma sexualité, que je refoulais qui j'étais réellement, mais maintenant que tout le monde était au courant autour de moi, autant m'assumer pleinement. Et pour ne pas paraître comme étant une petite tapette seule et fragile, il fallait pour moi que je sois auprès de quelqu'un, et Sal était la personne qui me fallait. Il a beau paraitre délicat d'un point de vue musculaire, il a un mental d'acier. Je serais la force physique et lui la force morale. Je nous vois déjà comme un couple parfait. Et avant tout, il faut que je récupère ma moitié.
Nous étions mercredi après-midi, juste après la pause déjeuner. J'avais un plan, qui ne jouait pas forcément à mon avantage, surement le plus stupide et irresponsable que j'ai eu de ma vie, mais j'en avais un. Ce jour là, nous avions deux heures de sports, et c'était exactement ce qu'il me fallut.
- Hey Pete ! J'ai reçu un message de Kristen hier. Elle m'a dit que t'en avais même pas 10 dans le pantalon.
Mon ancien ami se retourna vers moi avec un air furieux et outré. Je regrettai déjà mes paroles.
- T'as dis quoi pédé ?
Il s'approcha de moi, tout près de moi. Seulement deux ou trois centimètres séparaient nos deux corps. Pete était plus baraqué que moi, et me dépassait légèrement, mais il ne m'avait jamais fait peur. Il m'avait fait du mal certes, mais personne ne me faisait frissonner.
- J'ai dis que t'avais un petit, tout petit pénis.
Je le sentis tressaillir de colère contre moi. Et comme je l'avais espéré, il se mit à me frapper avec une rapidité et une violence presque inhumaine. Notre coach remarqua bien vite le spectacle glauque qui avait lieu sous ses yeux, et nous sépara sans trop tarder.
- Amenez-le à l'infirmerie allez !
Aucun élève ne bougea. Évidemment, ils pensaient tous la même chose de moi. En temps normal, ça aurait dû me rendre dingue, mais cette fois j'avais besoin d'être seul pour me rendre à l'infirmerie.
- Ça va, je peux y aller tout seul. Dis-je en me relevant, et en me dirigeant directement vers la sortie du stade.
J'avais fait tout ça car le mercredi après-midi, Sal allait toujours à la bibliothèque, qui se trouvait sur le chemin de l'infirmerie. Alors au moment de passer devant, je m'agrippai à la porte et feignis de tomber au sol. J'aperçu quelques têtes se relever de leur bouquin, et comme je l'eut espérer, je vis Sal courir vers moi et m'aider à me relever.
- Sid, Sid, t'es toujours avec moi ? Tu es conscient ?
J'hochai la tête pour affirmer, et je sentis son bras se glisser sous le mien.
- Je vais te conduire jusqu'à l'infirmerie.
Il s'exécuta et nous effectuâmes le reste du chemin ensemble, moi réellement à moitié assommé. Les coups que j'avais pris commençaient à me donner le tournis. Salinger m'aida à m'allonger sur le lit et s'apprêta à tourner les talons.
- Non reste.
Il se retourna vers moi et me regarda un instant sans parler. Son expression faciale semblait triste et anéantie, et je fus à mon tour rattraper par mes émotions. Je me mis à pleurer comme un gamin, alors que la dernière chose que je voulais, c'était d'attirer sa pitié et de paraître faible à ses yeux.
- Reste s'il te plaît Salinger.
Je le vis hésiter un moment, puis il fit un mouvement de la tête.
- Je ne peux pas rester Sid.
- Pourquoi ? Pourquoi tu me fais ça ? Je comprends rien, je ne te comprends pas ou peut être que ce sont les hommes que je ne comprends pas. C'est nouveau pour moi tu sais, et c'est pas facile, vraiment pas. Tout le monde me tourne le dos, j'ai seulement besoin qu'une personne qui reste à mes côtés. J'ai besoin que tu restes à mes côtés.
Un silence long et intense s'installa dans la pièce.
- Dis-moi quelque chose... je t'en pris. Le suppliais-je.
Il s'avança vers moi et se pencha. Ses magnifiques yeux verts me sondaient avec insistance, et finalement, il vint déposer ses lèvres à nouveau sur les miennes.

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listen before i go
RomanceIl y avait le génie, le créatif, l'orgueilleux, le cupide, le sarcastique. Et il y avait l'innocent, le naïf, le pur, le gentil, l'optimiste. Ils se sont rencontrés par hasard, se sont aimés avec passion et sincérité, mais finiront-ils ensembles ? S...