listen before i go

Chapitre 19

Les jours qui ont suivi cette annonce bouleversante ont été les plus beaux de ma vie. Je faisais mon possible pour ne pas te lâcher Salinger, je te suivais pratiquement partout et lorsque nous avions des cours différents, je me précipitais vers sa classe dès le retentissement de la sonnerie. Quand le week end arriva, nous ne nous séparâmes presque jamais. Le samedi on avait fait un tours de la ville en vélo, et le dimanche on s'était préparé un pique nique que nous avions déguster sur notre banc dans le parc de San Francisco. J'avais l'impression dans ce genre de moments que le temps s'était arrêté, tu sais. J'appréciais enfin avoir de la compagnie et la tienne me rendait meilleur. Je ressentais un véritable changement, mais dans le bon sens du terme. Je ne prêtais quasiment plus attention aux regards des autres, je profitais de l'instant présent et j'appréciais les choses simples. J'étais sans arrêt absorbé par ton attitude, je buvais chacune de tes paroles avec soif et je contemplais chacun de tes gestes afin de pouvoir les encrer dans ma mémoire et en rêver la nuit suivante. Et puis ensuite, je réalisais que j'étais tombé amoureux si rapidement et si facilement. Mais comme nous vivions de si beaux jours, je chassais encore plus vite les pensées sombres de mon esprit. J'avais ce besoin, cette nécessité de vivre quelque chose d'irréel, un rêve joyeux qui pourrait me permettre d'échapper à la réalité avant que tout ne s'effondre. Je suis de nature pessimiste, j'ai trop souvent eu les pieds sur terre ce qui a peut être pu me valoir de louper de merveilleux moments dans le passé. Pourtant, à force de te connaître, j'ai l'impression que j'ai obtenu certains traits de ta personnalité. 

- C'est quand ton anniversaire Sid ?

Je tournai la tête vers toi.

- Le 6 janvier, dans moins de deux mois.

J'aperçu alors ton visage devenir un peu plus soucieux.

- Arrête, je sais à quoi tu penses. On le fêtera ensemble, je suis sûr que tu seras avec moi ce jour là.

Tu observas ton sandwich pendant plusieurs secondes et dévias ensuite ton regard pour le fixer sur un couple de personnes âgées devant nous.

- Ouais.

Nous avions fait notre possible pour éviter le sujet ces derniers jours, mais je sentis subitement que tu avais besoin d'en parler. J'entrelaçai nos doigts ensembles et t'obligeas à tourner sa tête vers moi à l'aide de ma main libre.

- Es-tu inquiet ?

- Mes derniers examens sont dans quelques jours comme tu sais, je commence à angoisser sérieusement.

- Tu voudrais que je t'accompagne ?

Tu me regardas ému et tu souris:

-  J'aimerai beaucoup... mais c'est pendant les cours.

- C'est pas important quelques heures en comparaison. Je veux pouvoir être disponible pour toi tout le temps.

Tu secouas la tête amusé et nous décidâmes de marcher un peu dans le parc avant de rentrer. 

Une fois de retour dans ta chambre au sein de l'université, je me mis à écrire durant plusieurs heures tandis que tu lisais The Great Gatsby sur ton lit. Je n'avais pas oublié que je devais rendre un devoir pour Mr.Johnson avant Noël, et que le reste de ma scolarité se jouait sur sa décision finale. 

- Je vais aller me coucher, à demain Sal.

- D'accord, à demain Sid.

Une fois dans ma chambre, allongé dans mon lit, je ne pu m'empêcher de rêver d'un futur avec toi. Je me suis endormi en passant à nous et à tout ce que nous pourrions vivre ensemble. J'imaginais déjà comment nous serions adultes, et comment nous vieillirons. Je me faisais pleins de scénarios dans la tête et à chaque fois, c'était toi et moi. Néanmoins, toutes ces images créées par mon esprit n'étaient que des illusions qui ne me promettaient pas cet avenir à l'identique. Je savais au fond de moi que les risques que tout cela n'arrive pas étaient nombreux, mais pourtant j'avais choisis de garder espoir et de construire toutes mes attentes sur ces illusions, car la seule vérité claire en moi pour l'instant, c'est que je me projetais en avant jamais sans toi.