Tout s'est pourtant effacé bien vite. Je pensais réellement que ce moment d'intimité partagé entre Sal et moi aurait pu mener à autre chose, ou tout simplement, j'espérais que notre relation secrète continuerait. À vrai dire, je ne m'étais pas douté une seule seconde qu'il m'aurait ignoré du jour au lendemain. Lui, le garçon gentil, romantique, prônant les valeurs homosexuelles, et bien il est celui qui est parti en premier. Il avait tiré son coup et m'avait laissé tomber juste après, comme pour me donner une leçon. Était-ce à cause de la manière dont je l'avais traité auparavant ? Je ne comprenais pas, c'étais moi le mauvais et le manipulateur. Si quelqu'un avait dû avoir ce rôle, c'étais moi. Voulait-il me devancer ? Avait-il prit peur et avait-il mit un terme à notre aventure suite à ce sentiment ? Tout ça n'étaient que des questions sans réponses, et toi tu ne vois peut être pas de quoi je parle. Je vais t'expliquer.
Le lendemain de notre première fois, il n'était pas venu en permanence, ni le surlendemain et tous les jours d'après. Je passais mes journées à le chercher dans le couloir, et un beau jour, je l'ai trouvé. J'étais allé le voir et je lui avais demandé des explications. Son unique réponse avait été: "C'est mieux qu'on arrête là Sidney, désolé." Au départ, je pensais qu'il se moquait de moi, qu'il ne savait pas ce qu'il disait, mais non. Il était bel et bien sérieux.
Cette discussion avait eu lieu un vendredi, ce qui signifiait que le week end commençait ce soir. Je n'étais pas d'humeur à me rendre en permanence, alors je suis partis plus tôt pour aller chez Kristen. J'avais juste besoin de décompresser, tu comprends ? Mais ce que j'avais tant redouter arriva. Nous étions sur le point de passer aux choses sérieuses, mais rien ne se passa comme prévu.
- Tu m'expliques ? M'avait demandé Kristen en désignant mon entrejambe.
- Bah t'es pas aveugle, j'arrive pas à bander.
S'en est suivit un long et très embarrassant moment de silence, jusqu'à ce qu'elle se lève pour me faire face. J'ai d'abord cru qu'elle allait me gifler ou quelque chose dans le même goût, puis je l'ai vu se baisser.
- Non arrête !
Et là, je signai mon arrêt de mort. Ça peut sembler être une situation pas si terrible que ça, mais en prononçant mes mots et pris de surprise, je lui donna un coup de genoux dans le menton ce qui la fit s'écrouler au sol. Elle venait de s'évanouir. Conclusion: J'ai passé la soirée à l'hôpital. Essaie d'imaginer le moment où j'explique ce qu'il s'est passé aux médecins. Tu vois à quel genre de malaise j'ai dû faire face ? Pour être complètement honnête, l'état dans lequel était Kristen ne me préoccupait pas vraiment. Tu me connais maintenant, tu sais que la seule personne qui m'intéressait c'était moi-même. Pourtant, il y a bien eu un moment qui m'a traumatisé ce soir là. C'était la conversation, ou plutôt les quelques mots que j'avais échangé avec Kristen à son réveil. Elle attendait évidemment des explications, et je comprenais bien que c'était le minimum à faire pour elle après ce que je venais de lui faire subir.
- Qu'est-ce qu'il t'a prit ?! Pourquoi as-tu fais ça ? Tu es tellement bizarre en ce moment, tu veux rompre c'est ça ? Tu ne m'aimes plus ? Tu ne me trouves plus attirante ? C'est pour ça que tu n'étais pas excité ?
- Oui.
- QUOI ?
- Enfin non, pas exactement.
- Mais explique-toi ! Dis-moi la vérité, j'ai besoin de la connaître !
- J'ai couché avec un mec, et ça m'a plu.
Un silence beaucoup plus angoissant que tout à l'heure s'installa entre nous.
- Tu as quoi ?
Je ne répondis rien. À cet instant, je ne m'étais jamais sentis aussi peu confiant de toute ma vie. Je tremblais, je transpirais. C'était la première fois que je le disais à voix haute, et ça n'avait rien à voir avec toute les fois où je l'ai répété dans ma tête, me préparant pour un éventuel moment comme celui là.
- Alors t'es un putain de pédé... j'ai fais l'amour à un putain de pédé.
Ça a été cette phrase. Elle avait tout déclenché. Ça avait été la première fois que je me retrouvais dans une situation inversée, où j'étais la victime et non le tyran. Alors c'était ça l'humiliation ? C'était ça ce sentiment d'impuissance et d'infériorité que ressent toutes ces personnes un peu différentes des autres ? J'avais envie de paraître fort devant mon persécuteur, de lui montrer que même en étant homosexuel, je restais supérieur, égocentrique, sarcastique et tout ce qui me désignait, mais ma seule réaction a été de pleurer comme un enfant de dix ans. Tout ce stress, cette attente, cette peur mélangés avaient provoqué en moi cette réaction. Heureusement que j'étais encore un minimum conscient de la scène ridicule dans laquelle je me trouvais, je suis immédiatement partis avant d'entendre les remarques rabaissantes de Kristen, pour me rendre dans un café à deux rues de l'hôpital. J'ai ensuite machinalement sortis de mon sac la nouvelle que j'avais très peu commencé à écrire pour Mr. Johnson, puis je l'ai déchiré. Les personnes autour de moi ont regardé dans ma direction sans oser me poser des questions, et finalement, j'ai recommencé à rédiger une toute nouvelle histoire. Une histoire beaucoup plus inspirante et beaucoup plus profonde. Mon histoire.

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listen before i go
RomanceIl y avait le génie, le créatif, l'orgueilleux, le cupide, le sarcastique. Et il y avait l'innocent, le naïf, le pur, le gentil, l'optimiste. Ils se sont rencontrés par hasard, se sont aimés avec passion et sincérité, mais finiront-ils ensembles ? S...