Chapitre 3

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- Kristen, ça serait quoi le pire qui puisse arriver à notre couple ?

- Je sais pas, sans doute que je tombe enceinte.

Elle éclata de rire. C'est vrai que quand j'y pense, cette fille est dépourvue de neurones. Mais d'un autre côté, elle a été la seule à avoir été à mes côtés quand ça se passait mal au lycée et avec ma famille. Elle ne m'a jamais jugé, rien.

- Sans doute.

Et elle avait posé sa petite tête blonde sur mon torse.

J'étais rentré à la FAC le lendemain matin. On était lundi, les cours reprenaient. Bizarrement, je me sentais étranger ce matin là dans les couloirs de le bâtiment. J'avais les idées ailleurs, ou plutôt, pas au bon endroit. Depuis ma rencontre avec ce garçon quelques jours auparavant, je n'avais pas arrêté de penser à lui. Je ne connais rien de lui, même pas son nom, pourtant il m'obsédait. C'en était pratiquement invivable.

J'arrivai finalement à mon premier cours de la journée. Celui de la poésie. Notre nouveau professeur nous informa que ce cours sera partagé avec quelques élèves de premières années qui avaient choisit la poésie comme option principale, lorsqu'un individu s'assit à ma droite. Je n'y prêta guerre attention, trop occupé à copier le cours, jusqu'à ce que je l'entende s'adresser à moi:

- Dis Sidney, t'as pas un crayon à me prêter s'il te plaît ?

Je me tourna brusquement vers mon interlocuteur. C'était lui, et il allait être à côté de moi durant l'entièreté du cours.

Il me sourit, sûrement parce que je suis paralysé du visage comme un idiot depuis qu'il m'a parlé. Je lui tendit donc un stylo et passa une main dans mes cheveux afin de me ressaisir. Il dût sans doute remarquer ma nervosité car je l'aperçu sourire.

- T'as un problème ?

Et voilà, mon côté insupportable reprit le dessus.

- Non non, tu as l'air stressé c'est tout.

Je ne répondit pas et me mit à mordiller le capuchon de mon bic pour me concentrer sur autre chose. J'avais beau fixer le cours avec toute l'envie du monde que mon attention se porte sur celui-ci, je ne pus m'empêcher de tourner les yeux vers mon voisin. Il était en train de dessiner ce qui ressemblait à un poisson, ou peut être à une brosse à dent, mais quelqu'un vint se racler la gorge à ma gauche. Je relevai la tête et constatai qu'il s'agissait du professeur.

- Vous deux, vous allez chez le directeur maintenant pour expliquer pourquoi l'un dessine un canard sur son cahier et pourquoi l'autre a les yeux rivés sur ce gribouillage.

- Je crois que c'est une brosse à dent monsieur. Je répondis avec mon éternelle insolence.

Malheureusement, cela ne l'a pourtant pas fait changer d'avis et nous étions désormais assis dans le bureau de Mr.Ernest, notre directeur.

- Monsieur Sidney Granwall, je ne peux pas dire que je suis ravie de vous revoir. Même comme je me doutais, vous vous attirez toujours autant d'ennuies.

- Veuillez m'excuser monsieur, c'est la brosse à dent qu'a dessiné mon voisin qui a eu un effet hypnotique sur moi.

- C'était un poisson !

- Voyons monsieur Finn, n'haussez pas le ton ainsi dans cet établissement !

- Excusez-moi monsieur.

- Bon, je vous laisse retourner en cours sans sanction pour cette fois, car monsieur Finn est nouveau, mais que je nous y reprenne plus !

Nous nous levâmes en même temps quand notre directeur m'adressa un dernier mot:

- Sidney, n'entraîner pas Salinger vers le mauvais chemin je vous prie.

Nous sortîmes finalement du bureau et je ne pu m'empêcher de rire une fois seuls.

- Qu'est-ce qui te fait ricaner ? Me questionna mon nouveau voisin avec un ton trahissant son énervement.

- Tu t'es foutu de ma gueule parce que mon prénom est Sidney, mais le tien est Salinger. Comme J.D. Salinger.

Je recommençais à me moquer de plus bel, et fût agréablement surpris de constater qu'il riait cette fois-ci avec moi.

listen before i goOù les histoires vivent. Découvrez maintenant