J'avais passé le chemin du retour à penser à Salinger et à remettre en question tout ce que je savais sur lui et tout ce qu'on avait pu vivre ensemble. Ce que je venais d'apprendre m'avait complètement anéanti et j'avais l'impression que tout ce que j'avais réussi à construire depuis quelques mois venait de s'effondrer instantanément. Je marchais droit devant moi, sans vraiment faire attention à où j'allais, je ne faisais que d'errer dans les couloirs de l'université jusqu'à ce que mon instinct décida de me mener à la chambre de Sali. Avant même de prendre le temps d'hésiter, je frappai à sa porte et entrai sans attendre une seconde de plus. Je découvris alors le sujet de toutes mes pensées allongé sur son lit, le visage relevé vers moi avec surprise et curiosité.
- Sid ?
J'ai alors commencé à l'observer longuement, détaillant chaque traits de son visage, chaque fragment de sa peau qui le différenciait aux autres et tout cela pour au final constater qu'il avait l'air en pleine forme, quoi que un peu étonné de me voir ici.
- Sidney qu'est-ce que tu viens faire ici ?
Je posai alors mon regard dans le sien, osant défier ses yeux interrogateurs. Je n'étais pas d'humeur à répondre à des questions, j'étais là pour obtenir des réponses.
- C'est moi qui vais t'interroger Sali. Cette fois tu vas te contenter de me répondre sans prendre la peine de contourner le sujet et retourner la situation en ta faveur.
- Quoi ?
Je soupirai et me mis à faire les cents pas nerveusement dans sa chambre, cherchant une façon de débuter la conversation.
- Si tu veux me faire un interrogatoire, pourquoi restes-tu silencieux ? Me demanda t-il avec impatience.
Je m'arrêtai et le fixai à nouveau avec reproche:
- Comment as-tu pu croire que tu réussirais à me berner aussi facilement hein ? Je ne suis pas dupe. J'ai immédiatement vu que tu avais quelque chose à cacher, dès l'instant où je t'ai connu, j'ai su que ton côté mystérieux protégeait un lourd secret.
- Un lourd secret ?
La colère, la peur, la tristesse et l'anxiété qui me traversaient à cet instant m'obligèrent à m'asseoir sur son lit pour me calmer. J'avais besoin de savoir mais j'avais avant tout besoin de relâcher toutes ces tensions. J'ai alors pris ma tête dans mes mains et contre toute attente, au lieu de casser quelque chose ou de frapper dans un mur, je me mis à pleurer.
- Sid ? Mais qu'est-ce que tu as sérieux ?
Je le sentis poser sa main sur mon épaule avec hésitation. À ce contact, je me relevai brusquement et le regardai à nouveau, cette fois avec détresse et incertitude:
- J'arrive pas à comprendre. Enfin, je crois que j'ai compris, mais je ne sais pas, je ne sais plus...
- Mais de quoi tu parles à la fin ?! Dit-il en haussant le ton.
- Je parle de toi Salinger, et de ta maladie ! Tu sais, la même que celle de ton grand-père et de ton père ! Celle dont tu possèdes déjà les symptômes et que tu ne t'es pas gêné de me cacher alors même que je commençais à m'attacher à toi ! Cette maladie qui te consume apparement depuis un moment et qui ne va pas tarder à t'emporter ! Tu étais au courant quand on s'est rencontré dis-moi ? Est-ce que c'est de cela dont tu parlais à Elliott avant de l'embrasser langoureusement à la soirée d'Halloween ? Quand on a commencé à se fréquenter, quand je t'ai ouvert mon coeur et que je t'ai fais part de tout ce que j'avais vécu, tu le savais aussi ? Est-ce qu'au moins tu ressentais quelque chose de sincère pour moi, ou bien m'as-tu juste utilisé comme bouche-trou ou je ne sais quoi avant de partir ? Tu voulais t'amuser une dernière fois ? Et toutes ces caractéristiques sur toi que j'aimais tant: ta gentillesse, ta pureté, ton optimisme et ton innocence ? Est-ce que tout cela c'est vraiment toi ou t'es-tu inventé une autre personnalité pour m'amadouer plus facilement ? En fait je n'ai rien compris. Ces dernières heures je me suis persuadé que tu m'avais caché ta maladie pour me protéger, pour que l'on puisse être heureux jusqu'au dernier moment, que tu ne voulais pas me voir souffrir avec toi, mais visiblement je me trompais. Si tu avais vraiment ressenti ne serait-ce que un début d'amour envers moi, tu n'aurais pas disparu de ma vie comme tu l'as fait. Tu aurais profiter de tes derniers moments, tu aurais vécu chaque seconde avec cette positivité que je pensais t'être si propre. Mais tu n'as rien fait de cela. Et si jamais l'once d'humanité qui te restait ne désirait pas me voir souffrir davantage, et bien tu as perdu et tu m'as perdu avec. Tu m'avais eu Salinger, tu avais réussi à m'attraper, à me rendre fou de toi, et tu as tout gâché. Maintenant ça ne pourra plus jamais être comme avant.
Après avoir murmuré avec peine ces derniers mots, je sortis de la chambre sans laisser place à ses explications. J'avais besoin de prendre l'air et tout ce qu'il pouvait dire désormais ne pourrait jamais changé la fin de l'histoire. Tu allais mourrir.

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listen before i go
RomanceIl y avait le génie, le créatif, l'orgueilleux, le cupide, le sarcastique. Et il y avait l'innocent, le naïf, le pur, le gentil, l'optimiste. Ils se sont rencontrés par hasard, se sont aimés avec passion et sincérité, mais finiront-ils ensembles ? S...