Chapitre 16

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J'avais pris quelques jours pour réfléchir et prendre du recul sur la situation. Dès que quelque chose n'allait pas, il y avait toujours une nouvelle information encore plus insensée qui me tombait dessus. Entre le caractère plus que douteux de Sal et ma rencontre saugrenue avec Elliott, je ne savais plus où donner de la tête, d'autant plus que mes camarades ne cessaient de m'humilier et de m'harceler. Mais j'avais beau avoir essayé de me vider la tête, mes pensées se dirigeaient toutes vers l'adresse que m'avait confié Elliott. La façon qu'il avait eu de me présenter les choses ne pouvait qu'attiser ma curiosité. Alors un jour de weekend, j'ai finalement pris la décision de me rendre au lieu indiqué sur le papier. Cela avait été assez compliqué. C'était en réalité à l'autre bout de la ville et il m'avait fallu près de deux heures de route en transport. Lorsque je croyais enfin avoir atteint ma destination, je me suis retrouvé dans une rue plutôt glauque et le bâtiment que je recherchais ressemblait à un vieil immeuble délabré et lugubre. Rien de très accueillant comme tu peux le constater, mais le pire fut à venir. J'avais perdu plusieurs heures à faire ce trajet, ce n'était donc pas une bâtisse un poil effrayante qui allait m'arrêter. C'était donc avec crainte certes, mais surtout avec détermination que je décidai de sonner à l'interphone. Mais avant que qui que ce soit ne puisse répondre, la porte d'entrée lourde et rouillée s'ouvrit sur un homme âgé qui s'apprêtait à sortir dehors.

- Qu'est-ce que vous faîtes ici jeune homme ? Vous êtes un ami de Salinger ?

- Oui, tout à fait.

Bon, au moins j'étais à la bonne adresse et cette personne semblait le connaître.

- Vous savez où est-ce que je peux le trouver ?

Le monsieur toussa à plusieurs reprises et me regarda avec empathie:

- Je suis désolé mon grand, ton ami est parti il y a environ une heure, mais tu peux rendre visite à son père si tu veux, ça lui fera plaisir de voir une nouvelle tête. Il reçoit peu de visite tu sais. D'ailleurs, c'est le cas de nous tous ici. Oh c'est compréhensible, personne n'a vraiment envie de côtoyer de vieux malades tristes et agonisants.

Il se remit alors à tousser, cette fois plus violemment et agrippa sa canne davantage.

- Vous avez besoin d'aide monsieur ?

- Oh non je te remercie. Je vais me débrouiller, mais fait-moi plaisir, va dire bonjour à Christophe.

Il fit quelques pas sur le trottoir et me salua de la main. Un peu surpris par ce que je venais d'entendre, je ne me laissai pas déconcerter et entra dans la hall de l'immeuble qui était encore plus détérioré que l'extérieur. Je jetai un coup d'oeil sur les boites aux lettres afin de trouver le nom de famille de Sal et par conséquent, l'appartement où vivait son père. Je trouvai sans grande difficulté l'information et montai les escaliers en bois grinçants et étroits jusqu'au quatrième étage. J'hésitai quelques secondes avant de sonner à la porte, et quand je l'eu fait, c'est une dame d'une quarantaine d'années qui m'ouvrit.

- Oui ? Vous êtes ?

- Euh, je suis un ami de Salinger Finn.

- Oh bien sur, entrez.

La dame qui était sans doute une aide soignante me laissa passer et me conduit jusque dans la chambre d'un monsieur qui semblait être assoupi.

- Monsieur se repose pour le moment, il est très fatigué et il est complètement dépassé par les évènements. Cela fait plusieurs jours qu'il est au courant, et il avait passé la plupart de ces dernières nuit à pleurer et à prier. Il faudrait mieux le laisser dormir un moment, vous comprenez.

- Oui évidemment, et je ne voudrais pas paraître impoli mais, de quoi est-il au courant au juste ?

La femme me regarda stupéfaite.

- Et bien vous êtes l'ami du jeune Sali, vous savez donc.

Je ne répondis rien, attendant qu'elle en dise plus.

- Vous savez, par rapport à la maladie de son fils.

- La maladie ? Je demandai intrigué et effaré.

- Je suis confuse, je pensais qu'il vous avait prévenu, mais c'est vrai qu'il n'est pas toujours facile de dire ces choses là. Répondit-elle embarrassée.

- Que voulez-vous dire ?

- Et bien monsieur est malade, tout comme l'était son père; le grand père de votre ami. Il a une maladie qui est héréditaire dans la famille et dont on peut constater les symptômes à n'importe quel âge. Monsieur a eu de la chance, il ne les ressent que depuis récemment, mais cela signifie donc qui ne serait tarder. Ses jours sont comptés, j'en ai peur.

- Héréditaire ? Salinger va aussi avoir cette maladie ?

- Justement monsieur, là est le problème. J'ai bien peur que le jeune Sali ne ressente déjà les derniers effets.

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