Chapitre 13

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Halloween. Cette fête si populaire dans notre pays. C'était le grand soir, celui de notre premier rendez-vous officiel avec Sal. Même si nous étions déguisés, et donc méconnaissables, c'était un cap important dans notre relation. Ces derniers jours, nous les avions passé ensembles. Je ne m'étais jamais senti aussi heureux et excité. J'avais l'impression d'avoir commencé une nouvelle vie et d'expérimenter le quotidien sous un nouvel angle. Mais est-ce que je méritais vraiment ce bonheur ?

- Hey Syd, à quoi tu penses ?

Je tournai la tête vers mon interlocuteur, qui n'était autre que mon partenaire pour la soirée.

- J'étais en train de me dire que la moustache de Gomez ne tiendra pas. Je devrai plutôt me déguisé en Mercredi non ?

- Mais non, elle va tenir regarde.

Il s'approcha de moi et attrapa un bout de scotch qu'il vint coller par dessus ma fausse moustache.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? Tout le monde va me dévisager avec ça !

- Non tu verras, personne ne va remarquer un petit morceau de scotch transparent.

Je grommelai une bêtise entre les dents et reluquai Morticia en souriant.

- Je suis belle hein ? Me demanda Salinger ironiquement.

- Bien sur.

Nous nous dirigeâmes ensuite vers la porte de sa chambre et partîmes en direction de la soirée qui avait lieu à l'autre bout du campus. Après avoir traversés tous les jardins, nous atteignîmes enfin le studio et entrâmes. La musique était déjà très forte alors qu'il n'était seulement que 20h30. Nous réussîmes à nous frayer un passage entre les vampires et les sorcières et Sal s'arrêta devant le bar.

- Qu'est-ce que tu veux boire ?

- Un mojito s'il te plaît.

Il se retourna vers le serveur:

- 2 mojitorture s'il vous plaît.

- Un quoi ?

- C'est Halloween Sydney, chaque chose que tu commandes a pour but de faire peur. Je suis d'accord pour dire que le "mojitorture" n'est pas le mieux trouver, mais il y a quelques jeux de mot pas mal comme le "terribellini" ou le "cosmortpolitain".

- Je les trouves pas transcendants personnellement.

- C'est parce que tu n'as pas d'humour.

Il prit les deux cocktails dans ses mains et nous nous éloignâmes vers un coin plus calme.

- Détrompe-toi, j'ai un humour dévastateur.

- Oui c'est évident.

Je voyais bien qu'il se moquait de moi, mais je ne rétorquai pas. Une chanson plus calme débuta alors et je l'invitai à danser avec les autres. On s'installa entre un couple de démon et un groupe de robots et entama une danse assez démonstrative si je puis dire. Je pris conscience des sensations qui s'émanaient de moi à ce moment là et réalisai à quel point j'avais pu rater des choses ces dernières années en me cachant de qui j'étais réellement. 

La musique s'arrêta alors brutalement et on entendit quelque chose se briser. Tout le monde se retourna vers la provenance du son et nous découvrîmes un garçon au milieu de la salle en train de nous fixer nous, Salinger et moi même. Il devait avoir notre âge, peut-être venait-il même de notre fac. Il portait un costume de pirate et venait de faire tomber une dizaine de verres précédemment porté par le plateau qu'il tenait encore dans sa main.

- Pourquoi ce type nous regarde ? Demandais-je à mon partenaire avant que celui-ci s'en aille brusquement vers le mec en question. 

Il le prit par la main et l'entraîna dehors. Je ne pu m'empêcher de les suivre en prenant soin de me cacher derrière un muret afin qu'ils ne puissent pas me voir, mais je ne parvins pas à entendre leur conversation. Et ce que j'avais pu appréhender de pire arriva. Je les aperçus s'embrasser de ma cachette et se prendre dans les bras, pour finalement partir main dans la main je ne sais où, me laissant seul et anéantis par ce que je venais de voir. J'avais beau chercher une explication à ce que je venais de voir, il me paraissait impossible qu'il ait échangé un baiser avec son frère où bien qu'il ait fait du bouche à bouche à un inconnu qui avait de l'asthme comme par hasard à ce moment. Je comprenais parfaitement ce qui venait de m'arriver. Je m'étais fait de faux espoirs, j'avais dû mal interpréter les signes que me montraient Salinger. Il ne voulait sans doute pas sortir avec moi, où voulait-il seulement me faire plaisir en m'invitant à cette soirée ? Il me paraissait clair qu'il n'était pas intéressé par moi, en même temps, qui le serait ? Je n'étais qu'un imbécile orgueilleux. Je ne pensais qu'à ma petite personne, comme lorsque je me suis volontairement fait tabassé pour récupérer Sal. Et si je n'avais pas fait tout ça, il ne se serait pas senti obligé de me prendre sous son aile. 

Je suis stupide, complètement stupide si tu savais, mais j'avais raison, je ne méritais pas ce bonheur.

listen before i goOù les histoires vivent. Découvrez maintenant