Chapitre IX

15 6 0
                                    

Une fois de nouveau devant le commissariat, les lettres en poches, nous prîmes une grande inspiration puis entrâmes. Avant d'avoir fait deux mètres, nous croisâmes l'inspectrice qui nous regarda étonnée. Elle nous demanda :

- Que faites-vous là ?

- Nous aimerions vous parler. C'est important.

- Bon, bah d'accord. J'arrive dans deux minutes vous pouvez m'attendre dans mon bureau.

- D'accord, à tout de suite.

Nous rentrâmes donc dans la pièce et l'attendîmes. Quand elle revint, j'avais déjà préparé ce que j'allais dire dans ma tête. Elle s'assit en face de nous et je dis :

- Nous savons que ce n'est pas un sui...

- Ils ont déjà compris, soupira-t-elle à soi-même en me coupant.

- On a compris quoi exactement ?

- C'est à vous de me le dire.

- Ce n'est pas un suicide... Et nous voulons parler à celui qui vous a dit d'arrêter l'affaire en mentant.

- C'est impossible.

- Qu'est-ce qui est impossible ?

C'était un homme qui venait d'entrer qui avait parlé. Il avait environ la quarantaine et était bien habillé. Il reprit :

- Je pense être l'homme que vous cherchez. Je me présente : inspecteur Lundy j'ai travaillé sur la mort de votre soeur, dit-il en regardant Shawn. Ce dernier lui demanda :

- Nous voudrions parler à celui qu'on appelle "le chef", c'est vous ?

- Oui, en chair et en os.

- Vous avez menti, ma soeur ne s'est pas suicidée.

- Navrez, j'espérais que vous ne fouilliez pas dans nos affaires... Comment avez-vous découvert la vérité ?

- Nous sommes plus malins que vous ne le croyiez.

J'avais répondu à sa place mais l'inspecteur m'ignora royalement. J'avais beau être athée, je priais pour qu'en plus du reste, il ne soit pas misogyne. Shawn continua :

- Quand nous sommes retournés voir l'endroit de la mort, Eléonore a remarqué qu'il y avait une grande trainée de sang sur un meuble. Elle en a déduit qu'Aaliyah s'était laissée glisser jusqu'au sol quand elle saignait. Le coup de couteau avait forcément été donné soit dans le bras, ce qui n'aurait servi à rien pour un suicide, soit dans le dos. Il y avait aussi une trace de main ensanglantée comme si elle avait voulu partir.

Il avait fait une moue déçu quand il avait dit qui avait vu la trace de sang et deviné le reste. S'il n'était pas misogyne, il ne m'aimait pas pour autant. Je continuai à raconter comment nous avions déviné que c'était louche :

- Nous sommes ensuite monté dans sa chambre, car je savais où elle rangeait son courrier. Nous voulions voir si elle n'avait rien reçu de louche. Nous avons trouvé un tiroir avec un faux fond, et dedans, deux lettres. Une d'un collègue, maintenant mort, demandant de l'aide, l'autre de celui que vous cherchez. Nous savons aussi vers où ils se situent et le genre de trafics qu'ils pratiquent.

J'avais fait attention à dire ce que nous avions découvert dans la troisième lettre sans pour autant donner les renseignements. Il le remarqua bien et me regarda, à la fois curieux de connaître exactement tout ce que nous savions, et en même temps, il m'en voulait de mettre mêlée de ça.

- Puis-je voir les lettres en question ?

- Nous ne les avons pas ici, mais voilà des photos, m'empressai-je de dire.

- Mmmh. Merci, répondit-il en prenant mon téléphone.

Il n'était pas dupe et avait compris que je ne lui faisais pas confiance. J'avais mis la photo de la troisième lettre ailleurs pour qu'il ne la voit pas. Après avoir lu les deux messages, il demanda :

- Et comment avez-vous découvert le genre de trafic et leur localisation dont vous me parliez ?

- Bonne question, me contentai-je de lui répondre.

Shawn me regardait étonné par mon comportement. Je savais qu'il était méfiant lui aussi, mais je voulais en plus montrer ce que je valais. Je refusais qu'il ne parle qu'à l'homme avec moi, en m'ignorant.

- Et aurais-je l'honneur d'en savoir plus ?

- Oui bien sûr.... Quand on sera sûr de pouvoir vous faire confiance.

- Et comment puis-je vous le prouver ?

J'étais sur le point de répondre du tac au tac, mais je sentis Shawn me sérer la main. Nous nous regardâmes dans les yeux, il ne fallait pas se rater maintenant. Soit on découvrait tout, soit on en restait là. Tout dépendait des prochaines paroles. Il hocha doucement de la tête et je sus qu'il me faisait confiance. J'étais très bonne pour négocier, mais je devais y aller doucement. Je repris donc :

- Nous voulons connaitre toute la vérité. Nous voulons aussi, comme vous, finir le travail d'Aaliyah. Donnez-nous des renseignements, et promettez-nous de tuer ou mettre en prison les enfoirés qui l'ont assassinée et qui tuent encore des innocents. Et vous aurez les lettres, pas seulement des photos. Nous ne sommes même pas vraiment sûrs que vous soyez "le chef" à qui on demande de l'aide dans la première lettre.

- Vous en demandez beaucoup.

- Ne feriez-vous pas pareil à ma place ?

- Si, exactement pareil. Je n'en attendais pas moins de votre part. Suivez-moi.

Il sourit légèrement et sorti. Nous fîmes de même et il nous mena à son bureau.

La mort d'une sœur ~ Shawn Mendes ~ (Finie) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant