Je n'arrive plus à te parler

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MARDI SEIZE JUILLET DEUX MILLE DIX-NEUF : 

Je ne sais pas ce que Lucas pense de notre relation maintenant. S'il éprouve toujours la même chose ou s'il me déteste de lui avoir caché mon secret, encore une fois s'il est au courant finalement. Mais je sais que oui. Ça se lisait sur son visage qu'il avait découvert mon terrible secret et surtout surprenant secret. Je suis sincèrement désolée pour ceci Lucas Colt. Je veux dire Lucas. Non Colt tout simplement. Je ne sais plus comment l'appeler. J'ai de la peine pour lui et pour moi aussi, car il a un fils âgé de je ne sais combien d'ailleurs. Il doit avoir l'âge de mes enfants ou peut-être a-t-il une femme dans sa vie, peut-être est-il bébé son fils. Beaucoup de questions se logent dans mon cerveau et je ne peux pas les dégager, pas tout de suite, c'est sûr. Je veux m'en défaire, c'est trop << douloureux >>. Je vais sortir de mon lit, aller, bouge << your ass >> Océane. Non je ne veux pas bouger, je suis très bien là où je suis, dans mon lit bien douillet, bien propre et bien frais surtout. Donc non je ne bouge pas d'ici. Je ne veux pas croiser Lucas ou lui bref, maintenant je l'appelle lui, c'est une meilleure idée pour moi et pour << lui >>. 

Je dois me détacher ou me rattacher ? Telle est la question et cette question me donne la nausée, je me rends malade pour un mec. Amélie serait là elle me tuerait, je dois l'appeler de toute urgence pour... non je ne vais rien lui dire, trop risqué. Je préfère tout garder pour moi, même si je sais que ce n'est pas bien de tout garder au fond de soi. Il faut laisser sortir ses émotions un peu. Je descends de mon lit enfin et je vais prendre une bonne douche. Hier j'ai eu la flemme et je n'étais pas bien du tout aussi, ça se comprend chez moi. Il me faut que cinq minutes pour me laver, mes cheveux sont encore propres là. Je mets mon peignoir et je vais de ce pas aller m'habiller avec mon jean vert, des chaussures blanches et une chemise blanche manche courte avec un gilet blanc. Je me dépêche. Aujourd'hui, pas de maquillage, je reste cent pour cent naturelle et je suis un peu jolie sans toute cette peinture si je peux dire ça. Il est déjà huit heures, les enfants arrivent bientôt. Je descends prendre mon petit-déjeuner. Je ne croise pas Lucas étrangement. Il a peut-être prit son petit-déjeuner plus tôt, pour ne pas me croiser, mais c'est peut-être mieux ainsi. Au fond, j'aurais voulu le voir, mais pour lui dire quoi ? Je ne sais pas quels mots seraient adéquats pour lui dire que je suis désolée. Je me morfonds un peu dans mon chocolat, mais je dois rester concentré pour la journée. Je dois juste penser à mon boulot et à rien d'autre. Je dois m'occuper des enfants, ils passent avant tout. 


Après être remonter quelques minutes, les enfants arrivent. Lucas ne devrait pas tarder, on va voir ça << now >>. Oui je continue avec mes petits mots en anglais, ça m'aide un peu. Lucas arrive pile au moment où les enfants descendent du car. Ils viennent nous dire bonjour et ont l'air en pleine forme. Ils vont me prendre toute mon énergie visiblement aujourd'hui. Mais d'un coup, ils se précipitent tous à l'intérieur et courent jusqu'à la cantine, laissant une Océane timide, avec un Lucas pas très rassuré. Jusqu'ici, ils ne nous avaient pas encore fait ce coup-là, mais à un moment, nous devions nous y attendre. On ne peut pas leur reprocher ça, ce sont des enfants encore. La discussion commence entre nous et je sens qu'elle sera très expéditive et gênante. 

  - Salut ça va ?, me dit Lucas.

  - Oui et toi ?

  - Bien, on n'y va du coup.

  - Oui.

Je pars en direction de la porte. Je passe et je vais rejoindre les enfants suivis de Lucas qui ne dit plus un mot à ce moment-là. Ce silence devient ahurissant et donne carrément mal aux oreilles. Je veux immédiatement couper ce silence, mais c'est impossible, je ne peux pas faire marche arrière, je m'en veux et je lui en veux un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout. En fait, je ne peux pas lui en vouloir. Enfin, je nous en veux à tous les deux. Je suis désemparée par la situation. C'est un bon mot pour décrire mon ressenti, mes émotions, mes sensations, mes sentiments pour Luc... lui. Cette journée commence bien, on se fait la gueule un peu, mais sans la faire. Je rentre dans la cantine. Lucas a fait livrer des croissants et des pains au chocolat pour le petit-déjeuner numéro deux des enfants. Hier je n'avais pas pris de petit-déjeuner, j'étais trop concentrée sur la situation nous concernant pour manger. J'avais juste mangé des petits gâteaux, mais sans plus, même Lucas n'avait pas mangé. Là, je n'ai pas eu le choix si je veux tenir la journée complète. Je me laisse tenter par un croissant et Lucas et moi, nous nous retrouvons avec les enfants, séparés encore une fois. Depuis deux semaines, les repas du midi sont excellents ici et les enfants sont plus que ravis. Lui et moi devons nous concentrer aujourd'hui pour les enfants. Ils me rappellent Sanaa et Matthew, mais plus Sanaa, car elle a sept ans comme ces enfants-là. Sa petite bouille me manque et à Matthew aussi, ils sont si mignons tous les deux ensemble que j'en perds mes mots.

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