Arrivée à Londres

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Je me réveille aussi brusquement que la façon dont je m'étais endormie dans l'euro star. J'écoute bizarrement une chanson de Johnny Hallyday qui s'appelle je crois << sang pour sang >>, je l'adore cette chanson, elle est magique vraiment, très célèbre surtout. C'est pour ça que je l'écoute. Maintenant je vais mettre du Ava Max << Sweet but psycho >>, j'adore cette chanson aussi. J'écoute tout et n'importe quoi. Il faut vraiment que je fasse un tri dans mes playlists, n'importe qui s'y perdrait. Enfin bref parlons peu, mais parlons bien, je suis très fatiguée par ce voyage. Je suis vraiment exténuée.

  - << Votre attention s'il vous plaît, nous allons procéder à la descente des passagers, veuillez ne pas oublier vos effets personnels dans l'euro star et je vous souhaite un agréable séjour en Angleterre >>,<< Attention please, we will proceed with the descent of passengers, please do not forget your personal belongings in the euro star and I wish you a pleasant stay in England >>.

Comme si j'avais compris ce qu'ils avaient dit en anglais, mais bon je ne suis pas si nulle que ça, j'ai compris le mot << personnal >> et << stay >>, c'est déjà un bon début je trouve. Je m'améliore d'heure en heure, mais j'ai encore pas mal de boulot devant moi. Il ne faut pas crier victoire trop tôt surtout pas, ça porte malheur. Je sais, je suis superstitieuse. Mais bon on ne va pas déblatérer là-dessus quand même. Au moment où je me retourne, je ne vois plus personne dans l'euro star, je panique sur le coup, mais un gentil monsieur s'approche de moi pour me dire que tout le monde était parti et qu'il ne manquait plus que moi et oui, toujours moi la dernière, évidemment. Je lui réponds que je suis désolée de prendre tout mon temps, mais au lieu de m'engueuler il me salue et me souhaite un agréable séjour en Angleterre. Je hurle un grand merci à travers toute l'Angleterre tellement fort, qu'on pourrait m'entendre à des kilomètres à la ronde.

Mais maintenant je cherche un moyen d'aller à l'auberge de jeunesse, que je ne connais absolument pas. Je n'ai aucune idée de la façon dont je dois m'y rendre, comment vais-je faire ? Est-ce que je vais trouver un taxi ? Est-ce que je vais trouver un bus ? Est-ce que je vais réussir à leur parler anglais surtout ? Ou s'ils parlaient français ? Je n'en sais rien du tout. De toute façon, quoi qu'il arrive, je suis toujours perturbée. Je suis perturbée de ne pas me souvenir des dates importantes dans ma vie, de ne pas retrouver ma chaussette jaune orange, de ne pas être à l'heure au travail, de ne pas bien m'occuper de mes enfants, si c'est le cas, même si ce n'est pas le cas je crois. Je ne sais pas trop pour le dernier point, c'est compliqué en fait, comme d'habitude, le mot << compliqué >> vient dans chacune de mes phrases. Je suis une personne maudite ! Je crois que je vais prendre un taxi, ce sera plus simple.

  - Taxi ! Please !

  - Yes go up !

  - Thank you.

  - We go where ?

  - The youth hostel << LaFoie >> please.

  - Okay.

I'll get in the taxi. Pourquoi je parle anglais là ? Je ne sais pas c'est bizarre. Je prends une bonne habitude je crois, c'est une bonne résolution. Il faudrait que je le fasse plus souvent. Je ne sais pas trop à quoi m'attendre de ce pays, c'est assez complexe pour moi, car je ne sais pas trop comment expliquer mon ressenti. En fait, si attendez... Mon ressenti est le suivant : je suis stressée, frustrée, nerveuse, pas bien, pas à l'aise du tout, en mauvaise position dans le sens que je ne suis pas à ma place on dirait. Je veux découvrir ce pays hors pair et magistral avec Big Ben et Buckingham palace. Surtout Big Ben, j'ai trop hâte de le voir en vrai. C'est carrément un rêve éveillé que je vis en ce moment, mais je ne m'en rends pas compte actuellement, car je suis sous pression de ne pas voir les enfants, que je me mets mal alors que je devrais être heureuse d'être ici toute seule... Évidemment que je suis toute seule ici, sans famille, sans amis, sans enfants, sans h... homme. Je ne dois pas me prendre la tête là-dessus, pas maintenant en tout cas, ce n'est pas le bon moment.


  - How soon can we get here, sir, please ?

Mon accent est aussi nul que ça, le chauffeur m'a lancé un regard dubitatif.

  - Vous parlez français mademoiselle, je le sais, ça se lit sur votre visage que vous êtes française.

  - Oui, en effet...

Je suis un peu gênée que le chauffeur de taxi sache que je ne suis pas originaire d'ici, car j'aimerais qu'on me prenne pour une vraie citoyenne moi ici. Je veux me fondre dans la population, voilà pourquoi je suis venue jusqu'ici, pour changer de vie, d'horizon, d'endroit, de place, etc... Je veux devenir une autre Océane, une Océane qui n'a peur de rien et qui voit la vie différemment avec un nouvel œil, une nouvelle vision.

  - Alors vous êtes en visite ici ?

  - Non, pas exactement.

J'essaie de répondre avec le moins de mots possible, pas parce que le chauffeur de taxi n'a pas l'air sympathique, mais parce que je ne veux pas avoir une conversation avec lui. Je n'ai rien à dire, mais il me pose d'autres questions et je lui réponds du coup.

  - Dites-moi pourquoi vous êtes là alors ?

  - Je suis là pour un travail d'animatrice pour des enfants qui parlent français de sept à huit ans pendant deux mois et qui sont là pour faire des jeux, des activités, s'amuser, profiter des vacances quoi. Comme ils ne peuvent pas partir, ils viennent dans ce centre.

  - C'est bien, vous êtes une bonne personne pour avoir accepté ce travail. C'est courageux à votre âge de donner du temps à des petits comme ceux dont l'âge est entre sept et huit ans. Ils ont besoin d'amusement et d'être entourés un maximum par des gens qui peuvent les faire rêver le plus possible, vous êtes la bonne personne je pense, je vous encourage à réussir à faire plaisir à ces enfants.

Je ne sais pas quoi dire, ni quoi penser de ce que le chauffeur vient de me dire, c'est tellement stupéfiant et inhabituel que je ne trouve pas les mots pour le remercier d'être aussi respectueux et gentil en fait. Ce chauffeur n'a rien de méchant ou d'ennuyeux, il fait un métier pas simple et je le vois bien. Il fait très littéraire, pour ce qu'il fait comme métier et c'est incroyable d'être aussi sage que lui. Il mérite tout ce que les gens doivent posséder dans une vie. Et cette fois, je n'ai jamais rien pensé d'aussi vrai et d'aussi sincère. Ce chauffeur mérite toute l'attention du monde pour ses belles paroles. 

  - On est arrivés, mademoiselle...

  - Mine. Océane Mine.

  - Profitez bien avec les enfants.

  - Si je peux vous dire quelque chose, vous devriez être plus comme vous êtes avec les gens autour de vous.

Il paraît surpris, alors je continue mon discours.

  - Restez vous-même, vous êtes un véritable poète, merci pour tous vos mots. La puissance de vos mots m'a permis de retrouver une partie de ma confiance en moi.

  - Ces mots me touchent, mademoiselle Mine.

  - Je vous en prie. Et vous, quel est votre nom ?

  - Jack. Jack Dick. Ravie de vous avoir rencontré Océane. Bonne route et faites attention à vous surtout.

  - Merci, vous aussi Jack (je fais un signe de la main quand je ferme la portière).

En prenant dans le coffre ma valise et mon sac, je me rends compte à quel point cette rencontre a été incroyable pour moi. J'ai découvert la nouvelle Océane je crois bien, qui commence à ressentir cette confiance en elle grâce aux mots d'un inconnu. Je suis pressée de commencer à travailler et je ferai en sorte que mon travail se déroule au mieux. Merci à Jack pour tout, je lui serais éternellement reconnaissante pour tout ça. Je suis arrivée devant l'auberge de jeunesse La Foie. Il m'aura fallu quelques secondes pour marcher en sa direction et me voilà. Enfin arriver là où je dois être. Je change souvent d'avis je sais bien, mais je suis comme je suis. Je vais sonner ou frapper, je vais sonner plutôt comme ça, ils vont entendre. Apparemment je suis seule dans ma chambre et il y a un ou une autre animatrice, animateur qui doit déjà être là je pense. Je suis sûre que je suis en retard, comme d'habitude, depuis que j'ai mes enfants. Bon, détends-toi Océane, ça va bien se passer, ne t'inquiète pas. Je sonne, j'espère que c'est une autre fille qui va ouvrir ? Ou bien un homme ? Une femme ? Le patron ? La porte s'ouvre et je suis complètement tendue là. Ces quelques secondes deviennent une abominable punition ou bien le prix à payer.

  - Bonjour mademoiselle, vous désirez ?

Une histoire en commande une autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant