Une lettre

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Je n'oublierai jamais ce soir d'automne, cette fin d'après-midi paisible où je vous ai vus, gaiement, rentrer de l'école.
Insousciants.

Tu portais la petite sur ton dos et tenais Sên par la main, tous les autres marchaient en chahutant joyeusement à tes côtés.

Je serrais fébrilement entre mes doigts l'enveloppe de ce courrier qu'on m'avait remis plus tôt dans la journée, les larmes aux yeux.

Quand tu m'as vue, pâle et toute tremblante, tu t'es approchée, laissant les enfants derrière. Les mots ne pouvaient sortir de ma gorge, je ne savais pas comment te l'annoncer, avec le bon ton, les bonnes phrases, les bons gestes...

Mais je n'ai pas eu besoin de parler.
Tu as vu ce papier, cette si terrible lettre que j'écrasais contre ma poitrine, et alors, tu m'as brusquement prise contre toi.
J'ai senti comme des tremblements ; oui, je sais que tu pleurais, même toi qui est si forte.

Les enfants qui étaient restés plus loin ne comprenaient pas, sauf  Bao qui après un cri d'horreur s'est jeté sur toi et s'est agrippé à ta robe.
Alors tout le monde est venu nous entourer et pleurer avec nous.

Nous sommes restés ainsi jusqu'à la nuit, et pendant tout ce temps tu ne m'as pas lachée.

Une fois calmée, tu t'es relevée, et les yeux encore plein de larmes, tu t'es mise à rire.
C'était si surprenant et spécial, mais en même temps, de toi, Suong Mai, que pouvions-nous attendre d'autre ?

Ce rire nous a tous apaisés. Il était plein d'optimisme et d'espoir.
Même si les larmes continuaient d'inonder nos joues, ton sourire nous redonnait la foi.

Mais Suong Mai... Comment allons-nous faire quand tu ne seras plus avec nous ?

Petites gouttes de rosée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant