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Perdue, je suis perdue ! Voilà plus de dix jours que la forêt m'a avalée. Enfin, il me semble. Tout se mélange tellement dans ma tête que je ne suis plus sûre de rien. Je ne suis même plus capable de suivre la succession des jours et des nuits. Souvent, je m'assieds au pied d'un arbre pour me reposer, et laisse mon esprit divaguer. Quand ma conscience reprend le dessus, je me sens encore plus désorientée.

Après une auto-inspection de moi-même, le verdict est simple : je ne vais plus survivre très longtemps à présent. Mon corps est à bout. Le froid, la faim et la peur auront finis par avoir raison de moi ... Mes muscles sont endoloris et c'est à peine si mes jambes ont encore la force de tenir debout pour continuer d'avancer, encore et encore. Je suis faible, très faible, trop faible certainement, pour espérer continuer ainsi longtemps. Mes pieds ne ressemblent plus à rien, je ne les sens plus et pourtant ils me soutiennent encore.

La dernière fois que j'ai osé les regarder, ils étaient déjà dans un état épouvantable, et cela fait déjà quelques jours. Des ampoules éclatées, suintantes de pue, des orteils bleuis par le froid de la nuit, des plaies qui ne cicatrisent même plus et s'infectent. Il faut dire que mes petites baskets de ville n'ont pas aimé le traitement infligé depuis que je me suis permis de suivre ce maudit sentier. Quelle idiote je fais ! En gardant mes chaussures de marche plus longtemps ce jour-là, je n'en serais pas là.

Il faut dire qu'au vu des journées de cinq ou six heures de randonnée chaque jour ou presque, le soir venu, le confort passait avant toute chose. Quand je suis allée acheter mes chaussures de randonnée, j'ai fait confiance au vendeur : « Avec ça vous pourriez faire le tour du globe sans problèmes ! » m'avait-il affirmé. Je ne peux que le croire vu comment elles sont raides et inconfortable, elles doivent être inusables. Moi qui pensais qu'il me disait ça pour me dire qu'elles étaient agréables à porter. J'aurais dû prendre conseil auprès d'un professionnel. Du coup, la première chose que je faisais dès le campement établi, c'est de mettre des chaussures plus agréables à porter.

Bon ! Il me faut cesser de m'auto-flageller avec ça. Si on m'avait dit ce qui allait arriver, cela m'aurait paru impossible. Et puis ! Si cela n'avait tenu qu'à une histoire de chaussures.

Reviens-moi   (Histoire complète)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant