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Quinze jours passent sans que je n'aie de nouvelle d'Antonio Ramirez. Je me permets d'insister lourdement via sa messagerie Facebook, mais il ne répond toujours pas. J'ai bien recherché dans l'annuaire son numéro de téléphone et son adresse à Atlanta, mais cela n'a rien donné, il doit être sur liste rouge. Il faut que je reste patiente, mais je me sens comme dans l'urgence. Plus le temps passe, plus j'ai l'impression désagréable de ne pas aller assez vite. Pourtant, je ne peux rien faire de plus.

Jérémy quant à lui, est tout aussi dépité que moi. Mais lui au moins à son travail pour passer le temps. Nous essayons de nous voir régulièrement tout de même pour faire le point sur le peu d'informations que l'on a, dès fois qu'un détail nous sauterait aux yeux après coup. Mais rien à faire, nous n'avançons plus.

Nous discutons aussi beaucoup de ce qui s'est passé à Détroit à propos de Mr Vasquez. Jérémy pense que malgré l'apparente sincérité de sa petite-fille, ce n'était qu'un canular. Personnellement, cette version ne me satisfait pas. J'en ai conclus il y a peu de temps que tout avait été fait pour que je me rende à Détroit, pour obtenir les informations que m'a donné la diseuse de bonne aventure. Bien évidemment, je garde mes conclusions pour moi, car je ne peux lui révéler ce qu'il m'a été dit.

Plus le temps passe, plus mes rêves avec Josh se font oppressants. Un sentiment d'urgence y transparait. J'ai beau réfléchir, je ne trouve pas de clef pour continuer, et cela me ronge. Je passe mon temps devant mon écran à faire de vaines recherches, et hier je me suis aperçue que je griffonnais des pages entières de « Josh » au crayon sans même m'en rendre compte.

J'ai peur, je dois l'admettre. Chacune des personnes que nous avons rencontrées ont finies par se suicider à causes de rêves et d'obsessions qui ont pris possession d'eux. C'est ce qui commence à se passer pour moi, j'en ai conscience. Devant mes parents, tout comme avec Jérémy, je cache mes angoisses et vis ma vie gentiment, mais une fois seule, ça ne va plus. Souvent je pleure devant tant d'impossibilités.

Me voyant passer autant de temps avec Jérémy, je crois que mes parents s'imaginent le début d'une idylle entre nous. Je n'ose pas leur avouer le contraire. S'ils connaissaient notre commune passion pour mon pays imaginaire, ils nous penseraient aussi fou l'un que l'autre. Autant les laisser dans l'ignorance !

Il se passe encore quelques jours interminables avant qu'Antonio Ramirez ne me rappelle enfin sur mon portable. Quand je décroche, sa voix est dure et autoritaire. Il faut dire que je n'ai pas mâché mes mots à force de lui laisser messages sur messages sans une seule réponse. Car après son Facebook d'où je ne recevais aucune réponse, j'ai fini par me résoudre à prendre contact sur son lieu de travail, et cela s'avère ayant. Il me dit être un homme occupé et ne pas surveiller son Facebook tous les cinq minutes tel un ado boutonneux. Je manque de pouffer de rire en l'entendant, mais me retient de justesse. Je le prie d'accepter mes excuses, et lui explique ma requête.

Sa voix change d'intonation une fois qu'il connait mes motivations, et son ton montre un réel intéressement à notre entreprise. Il m'explique avoir lui-même fait pas mal de recherche à ce sujet. Il avait dix-sept ans à l'époque de la disparition de son père, et s'en souvient comme si c'était hier. Ils ont beaucoup échangé tous les deux sur ce qui c'était passé alors. D'ailleurs, il était le seul à qui son père pouvait se confier, car tous les autres l'auraient pris pour un fou. Il aurait bien fini par être interné sur du long terme s'il n'avait pas eu la présence d'esprit de faire profil bas.

Quand je lui demande enfin s'il se souvient de détails précis sur les lieux, il me dit qu'il a mieux que ça. Dès son retour chez lui, Pablo Ramirez a écrit ses aventures dans un carnet. Celui-ci contient maints détails sur les lieux, l'époque, les gens... Antonio Ramirez est prêt à me les scanner dès ce soir en rentrant chez lui, puis à me les envoyer aussitôt. Il me demande juste en échange de garder ça pour moi, et de le tenir informer si jamais j'en apprends un peu plus. Par contre, il n'est pas certain qu'on puisse localiser Notown grâce à ces écrits, mais sait-on jamais.

Reviens-moi   (Histoire complète)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant