26

68 3 0
                                    

Le taxi me dépose devant le restaurant cinq minutes en retard. Tant pis, j'ai fait de mon mieux, et ce n'est pas un retard si important que ça. Jérémy Baker m'attend devant en fumant une cigarette. Un sourire illumine son visage dès qu'il m'aperçoit. Il me serre la main pour me saluer.

— Bonsoir mademoiselle Straw ! Je suis ravi de pouvoir enfin vous rencontrer ! Me dit-il.

— Bonsoir ! Appelez-moi Ana, s'il vous plait ! Sinon j'ai l'impression d'être une vieille fille !

— Pas de soucis ! Moi c'est Jérémy alors !

Il m'ouvre la porte du restaurant et m'invite à entrer. Il s'annonce au serveur qui nous accueille. Apparemment, il a réservé une table. Le serveur nous conduit dans une arrière salle ou nous serons les seuls. Après nous être installés, celui-ci revient avec les menus. J'opte pour des tagliatelles au parmesan, Jérémy choisi quant à lui une pizza aux fromages. Le serveur s'en va passer notre commande en cuisine.

— Alors ! Demandais-je. De quoi voulez-vous parlez ?

— Je souhaiterais savoir ce qui vous est arrivé, Ana, afin de faire des comparaisons avec ce que je pense déjà savoir. Comme je vous l'ai dit au téléphone, je pense que vous n'êtes pas la seule à qui ce soit arrivé, mais malheureusement, les témoignages en ce sens sont rares.

— Ce n'est pas étonnant, vu que les médecins ont tendance à faire passer ça pour de la folie. Mais comment les avez-vous trouvé, ces témoignages, s'ils sont si rares ? Qu'est-ce qui fait que vous vous y soyez intéressé ?

— J'ai eu l'occasion de rencontrer l'une de ces personnes dans ma jeunesse ! Je vous avoue qu'à l'époque, je n'y ai pas cru une seconde. ! Les médecins parlaient de folie, je n'étais pas en mesure de ne pas les croire. Plus tard, le hasard m'a mis sur le chemin d'un autre cas identique. A partir de là, je me suis demandé comment deux personnes aussi dissemblables pouvait avoir vécu des choses aussi similaires.

Fascinée par ce qu'il me dit, je me fais surprendre par le serveur quand il nous apporte nos plats. Ça sent divinement bon. Nous y goûtons à peine que Jérémy se remet à parler.

— Donc à partir de là, je me suis mis en tête de rechercher d'autres témoignages en ce sens. Au début, cela n'a pas été simple. Puis j'ai eu l'idée de parcourir les hôpitaux psychiatriques pour voir. Ils étaient plutôt réticents, ce qui peut se comprendre, mais j'ai réussi à attiser leur curiosité avec le motif de mes recherches.

— Et pourquoi dans des hôpitaux psychiatriques ? Et ils vous ont laissé fouiner dans les dossiers médicaux ? Dis-je surprise.

— Disons qu'ils m'ont autorisé, mais uniquement sur les dossiers vieux de plus de trente ans. Et pourquoi ? Et bien tout simplement car tous ceux qui l'ont vécu passe pour être fou à lier ! Donc, je suppose que plus je remonterais loin dans le temps, plus il y avait des chances qu'ils se soient fait interner !

—C'est rassurant ! Et vous en avez trouvez combien ? Et qu'ont-ils de si spécial pour ça vous ai marqué au point de faire ces recherches ?

— Avec vous ça fait sept personnes ! Et quant à ce qu'ils ont de spécial ? Tous ont affirmé avoir été secouru à Notown, ou y être passé. Elisabeth Jefferson, 24 ans, y aurait passé presque un an en 1984. Pablo Ramirez, 51 ans, trois mois en 1980. Victor Smith, 17 ans, cinq mois en 1975. Eléonore Vasquez, 33 ans, un mois en 1971. Arthur Miller, 60 ans, trois mois en 1965. Et enfin Hariette Mcdonovan, dix mois en 1889. Bon pour celle-ci, je n'ai pas eu à chercher bien loin, c'est l'un des médecins que j'ai eu l'occasion de rencontrer qui m'en a parlé. Apparemment cette affaire a été un cas d'école dans la psychiatrie de l'époque. D'ailleurs, c'est avec cette personne que j'ai décidé de faire des recherches.

Reviens-moi   (Histoire complète)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant