Reviens-moi (Histoire complète)

11

Sur le chemin du retour, je peine à suivre Josh. La baignade m'a quelque peu coupé les jambes. Josh quant à lui, marche toujours d'un bon pas. Par moments, je le surprends à lever les yeux au ciel. Il a l'air tendu. Je me demande bien ce qui peut le tracasser ainsi.

— Un problème, Josh ?

— Il faut que l'on se presse Ana, le temps tourne à l'orage.

— Tu rigoles !!! Il fait un temps superbe, il n'y a même pas un nuage.

— Fait-moi confiance ! On sera trempé avant même d'arriver !

— Si tu le dit ! Répondis-je en riant.

— On pari ? Me demanda-t-il en se retournant pour me faire un clin d'œil.

Je ne trouve rien à répondre à ça. Il est tellement sûr de lui.

Pendant le trajet, j'observe les nuages qui commencent à s'accumuler au-dessus de nous. Je force le pas. J'aimerais arriver au sec, rien que pour le faire mentir, pour une fois. Mais c'est trop tard, les premières gouttes de pluies me tombent sur le bout du nez.

Josh se retourne à nouveau en souriant, il savoure sa victoire. Un grondement de tonnerre claque dans le ciel, et là, le déluge s'abat sur nous. Josh m'attrape par la main, autant pour me guider que pour me rassurer. Il ne nous reste plus que quelques centaines de mètres avant d'arriver à destination. Une fois dans la cour, nous courrons nous mettre à l'abri sous le perron. Josh rentre le fauteuil pour lui éviter de prendre l'humidité. Je le suis à l'intérieur.

Nous nous séchons, puis nous habillons de vêtements secs. Il fait tellement sombre que Josh est obligé d'allumer sa lampe à huile. Dehors, le temps est épouvantable. Je me pelotonne sur le lit, roulée dans une couverture. Chaque coup de tonnerre me fait frissonner.

Là, en pleine nature, ce n'est plus un orage, mais la fin du monde. Le vent souffle avec force, et les branches d'arbres craquent partout autour de nous. Josh est serein. On voit qu'il a l'habitude de ce genre de tempête. Il nous prépare un en-cas, mais je me contente d'un thé bien chaud, je n'ai pas faim.

— Josh ?

— Oui Ana ?

— C'est fichu le hamac dehors, ce soir !

Il lève les yeux sur moi en riant.

— Je le crains, oui. Mais le fauteuil fera tout aussi bien l'affaire.

— Tu rigoles ! Tu vas te casser le dos là-dedans ! Viens dormir sur le lit, c'est le tien après tout !

— Merci pour la proposition ! Mais promet-moi, que ce sera en tout bien, tout honneur !

— Croix de bois, croix de fer ! Si je mens, tu me vire par terre !

Il vient s'assoir près de moi sur le lit, et passe son bras par-dessus mes épaules. Je me sens rassurée par sa présence. Nous restons ainsi un long moment, à écouter les éléments qui se déchainent autour de nous. Soudain, me reviens notre conversation au moment de notre départ de la source.

— Josh ! Tu lis dans les pensées où quoi ? Tu devines les choses ?

— Ana, je n'ai pas envie de parler !

— Toi peut-être, mais moi oui, parce que je trouve ça flippant. Enfin quoi ! Ça fait un drôle d'effet de voir que tu devines mes pensées ! Et c'est assez fréquent tout de même pour que je le remarque ! Mets-toi un peu à ma place !

— Non Ana, je ne lis pas les pensées ! Dit-il en soupirant.

— Ben c'est quoi ton truc alors ? Et le temps qui change, hein ! Tu fais comment ?

— Rien de très exotique. En fait, j'observe, c'est tout. Si je dois avoir un don particulier, c'est celui d'avoir un sens aigu de l'observation.

— Tu plaisantes, là, non ? C'est tout ?

— Non, je suis sérieux. J'observe juste tes réactions. Elles sont parfois minimes, mais chez moi, ça parait évident, alors que pour les autres elles sont inexistantes.

Comme cet après-midi, J'ai su à quoi tu pensais en te regardant : tu étais nue, tes yeux étaient fixés sur moi, tes joues rosissaient et tes seins pointaient. Là, par exemple, c'était très évident ! D'ailleurs, tu devrais apprendre à te contrôler un minimum, un mâle en chasse n'a même pas besoin de te conquérir pour savoir que c'est tout cuit !

Je rougie de honte. En même temps, il n'a pas tort, en amour, dès qu'un homme me plait, il n'aura pas grands efforts à faire.

— Quand tu as pensé que j'étais gay, c'était facile! Et entre ce que je venais de dire, et tes yeux qui s'écarquillent, tu ne pouvais avoir pensé qu'à ça !

— Et l'orage !!! Il ne t'a pas fait « coucou j'arrive ! », non ?

— Il n'y avait plus un bruit, Ana ! Les animaux qui se planquent et se taisent annoncent en général un truc pas joli-joli ! D'où ma conclusion de l'orage proche.

— C'est quand même stupéfiant ! Tu devrais sortir d'ici, tu ferais fortune avec un talent pareil !

— Non Ana ! C'est bien le problème ! J'Analyse tout sans même m'en rendre compte. Quand il y a du monde, ça me donne mal à la tête. Je perçois trop d'informations. Je suis bien seul !

— Et moi, je te donne mal à la tête ?

— Toi non, mais tes questions sans cesse, oui ! Et si on dormait ?

Il me regarde en souriant, se lève pour éteindre la lampe, puis reviens se coucher près de moi. Je ne sais pas comment me mettre vu que le lit est relativement étroit. Trop grand pour une personne, trop étroit pour deux. Je finis par lui tourner le dos en me serrant au possible sur le bord. Joshua s'installe à son tour confortablement. Il se presse contre moi, puis passe son bras autour de ma taille. Je souris intérieurement.

— Bonne nuit Ana !

— Bonne nuit Josh.