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Ma conscience s'éveille. Voilà bien des jours que celle-ci me faisait défaut. J'entre-ouvre les yeux, et essaye de décoder ce que je vois. Point d'angelots bienheureux, ni harpes mélodieuses. J'essaye de tourner la tête pour en voir un peu plus, mais mon corps refuse encore de se soumettre à ma volonté. J'entends quelqu'un se rapprocher. Je referme les yeux bien vite, je ne suis pas prête à affronter qui que ce soit.

— Bonsoir !

Ma foi, cette voix n'est pas désagréable. Je peux faire un effort, après tout, c'est probablement cette personne qui m'a sauvé la vie. Car même si je ne suis pas encore remise de mon aventure, je sens très bien que je vais bien mieux. Ma pensée est claire et cohérente. Il faut que j'ouvre les yeux. Je n'arrive pas à me décider. Peut-être n'est-ce qu'une illusion de mon esprit, une fois de plus.

— Je sais que vous êtes éveillée, ne faites pas semblant de dormir ! S'il vous plait !

Oui, et bien là, c'est sûr, je ne peux échapper à la confrontation. J'ouvre à nouveau les yeux, pour retrouver la vision d'horreur de mes comas. Je crie, et replonge illico dans le noir, mais je sens ses mains me secouer pour me maintenir en éveil.

— S'il vous plait buvez ça ! Faites l'effort de resté consciente cinq minutes le temps de le boire, après, vous dormirez tout votre saoul.

J'ouvre encore une fois mes yeux pour y découvrir non pas un monstre, mais un homme. Quoique je comprenne ma méprise au vu de sa tête. Une tignasse hirsute, et une barbe qui l'est tout autant. Un homme préhistorique qui aurait survécu peut être. Non, ça doit être lui le bigfoot des légendes américaines ! Il me tend un bol de soupe et me demande de tout boire.

— Vous avez besoin de reprendre des forces, buvez !

— Qui êtes-vous ? Demandais-je.

Ma voix est rauque et sans forces. Mes cordes vocales sont comme asséchées, et ces trois mots à peine émis sont comme des pointes qui me perforent la gorge. Je ne peux retenir une grimace de douleur.

— Chut ! Buvez d'abord ! Ensuite vous vous reposerez. On parlera demain, car j'ai comme l'impression que ça ira beaucoup mieux.

Aussi incroyable que cela me paraisse, j'obtempère à cette voix si douce, qui ne correspond pas du tout au profil de cet homme. J'approche le bol de mes lèvres avec une grimace. Je m'attends à reboire cette infâme boisson qu'il m'a déjà donnée.

Mais force est de constater que c'est délicieux. Je l'avale rapidement avec un plaisir évident. Il est tellement simple de reprendre vie juste avec une bonne soupe chaude. Une fois repue, je sens mes forces m'abandonner à nouveau, mais de la douce manière dont le sommeil vous gagne.

A nouveau le jour arrive. Lorsque mes yeux s'ouvrent à nouveau, la lumière inonde la pièce. J'inspecte celle-ci avec circonspection. Je suis étendue dans un lit, somme-toute confortable. Une table se dresse à coté avec ses deux chaises. Plus loin un fauteuil, qui n'est plus de toute première jeunesse. Un poêle à bois orne l'angle de la pièce près de l'unique fenêtre. Le tout m'apparaît comme très spartiate. Une cabane de bucheron probablement. Je suis seule ici. Mais tellement mieux que ces derniers jours, que c'est une joie de redécouvrir le monde.

La porte est grande ouverte à ma gauche. Une légère brise caresse mon visage, il fait bon. Je vois une cour pas bien grande pour ce que je peux en distinguer, entourée par les bois. Plus loin, je distingue mon sauveur. Il est grand, même très grand pour ce que je peux en voir.

Sous le soleil, je le vois faire des étirements tel un japonais se préparant au combat. Il est torse-nu, et je vois ses muscles jouer sous sa peau ambrée. Tout à coup, il se retourne. Il a dû me sentir le regarder. Le voilà qui revient vers la cabane. Il me fait d'autant plus peur maintenant, que sa taille haute s'avère vraiment impressionnante vue de près. Je me pelotonne au fond de mon lit. Ce faisant, je vois un léger sourire lui étirer les lèvres.

Reviens-moi   (Histoire complète)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant