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Une voix. J'ai l'impression qu'on me parle, mais je ne comprends rien. La fièvre fait son œuvre, je dois délirer. Le sang me martèle les tempes, c'est à en devenir fou. Même au plus fort de la grippe que j'ai attrapé l'année dernière, jamais je ne me suis sentie aussi mal. J'essaye de m'accrocher à ces sons que j'entends, tenir coute que coute, rester en vie malgré tout.

Mais le noir me happe finalement, et je m'y laisse plonger avec rage mais bienheureuse tout de même. Plus de douleurs, enfin.

Mon esprit revient en surface. Une main presse mes mâchoires pour me faire avaler du liquide. J'essaye tant bien que mal de lutter, mais en vain. La boisson finie par franchir mes lèvres, c'est horriblement amer. Je sens mon estomac tenter de recracher ce breuvage infâme. Je sens ce liquide s'immiscer dans mes voies respiratoires, ce qui me noie à moitié, puis vient la douleur d'une toux mauvaise et impitoyable. Mon corps s'acharne à vouloir que je continue encore à respirer.

Je sombre à nouveau dans le noir et le silence.

Je sens qu'on me touche. J'essaye d'ouvrir les yeux, mais les referme aussitôt devant tant d'horreurs que je n'arrive pas à décoder. Je suis bien trop faible, et mon cerveau ne parvient plus à analyser la situation. Du bruit et des couleurs ... rien que je ne puisse comprendre. Rien que je n'arrive à comprendre ! Mon cerveau est embrumé. Même mon prénom n'arrive pas à franchir les portes de ma conscience. J'essaye de toutes mes forces de lutter, mais...

Le noir. Encore. Je ne peux me battre contre cette force qui me happe vers la fin.

Je suis allongée. Des mains me pressent à nouveau pour me faire ingurgiter la mixture amère. Je n'ai pas la force de me défendre contre cette menace. J'ai envie de hurler, mais je m'étrangle à moitié avec ma boisson. Alors je me force à avaler. Tout plutôt que de tousser à nouveau à m'en arracher les poumons.

Je me laisse emporter dans l'inconscience. Cela m'est plus confortable que de vivre, dorénavant !

Je me sens ballotée. J'ouvre à peine les yeux, que je découvre que je suis assise à califourchon sur une bête. Je n'arrive pas à distinguer de quel genre. J'essaye de parler, mais à part un pauvre son rauque et sans force, rien ne vient.

Le noir à nouveau.

Je crois que mes forces reviennent petit à petit. Je suis bien, j'ai chaud. Ma tête ne me fait plus souffrir. Ou alors, je dois être morte ! C'est ça le paradis ! Enfin le réconfort promis ! Je me laisse aller à me reposer, enfin.

Le noir, bienvenu cette fois-ci.

Reviens-moi   (Histoire complète)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant