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Quand le matin se lève à nouveau, je me sens à nouveau en stress. C'est mon dernier jour avec Josh, et j'aurais bien envie de faire durer notre dernière marche un peu plus longtemps. Mais ça ne serait pas raisonnable. Cela rendra nos adieux d'autant plus difficiles.

Je me donne un coup de fouet mental, et me lève. Josh en fait autant. Contrairement à d'habitude, nous prenons notre temps ce matin. Vu le peu de chemin qu'il nous reste à parcourir, nous serons vite arrivés.

Après avoir rangé notre barda, nous reprenons la route. Je traine un peu des pieds. Josh me prend la main pour m'entrainer avec lui. Les kilomètres défilent trop vite à mon goût, et je vois la forêt changer d'aspect. Ici, elle est exploitée. Nous y trouvons des tas de bois coupés, et surtout, des chemins, des traces de pneus, des déchets. Là où est l'être humain, il ne peut s'empêcher de salir, c'est désolant.

La pluie s'invite à nous pour parcourir nos derniers kilomètres. Nous devons nous arrêter pour enfiler nos capes, et en profitons pour faire une pause et manger un morceau. Nous repartons bien vite, et à peine trente minutes plus tard, nous sortons enfin des bois.

Mon cœur palpite, je suis enfin sortie de ce calvaire. Enfin, façon de parler, ça fait bien longtemps que ce n'est plus un calvaire, mais je suis heureuse d'en être enfin sortie. Je vais enfin rentrer chez moi et réconforter mes parents.

Nous longeons la route sur cinq-cents mètres avant de pénétrer dans Notown. Josh m'en avait déjà parlé comme d'un lieu-dit, et effectivement, on pourrait en faire le tour assez vite. Une rue principale affligée de quelques échoppes, et quelques allées adjacentes.

Si je devais passer par ici seule, sûre que je ne m'y arrêterais même pas. On dirait un village fantôme digne d'un film d'épouvante. Toutefois, une certaine animation est présente. Les commerçants commencent à installer leurs étals pour la dizaine de jours d'échanges à venir. Josh m'entraine dans une ruelle.

— Nous allons aller directement voir le shérif ! Me dit-il. Il devrait pouvoir arranger ton retour rapidement je pense.

Je le suis sans dire un mot. Je ne me sens pas à l'aise ici. Le peu de gens qu'on croise nous dévisage comme si on était des bêtes curieuses. Je laisse ma capuche tomber sur mon visage comme pour me cacher de leurs regards. Nous entrons dans le bâtiment qui semble servir de prison locale.

Nous tombons directement sur plusieurs cellules, vides de toute présence humaine pour le moment. Josh s'approche du bureau, retire sa capuche et s'adresse au planton :

— Bonjour, je voudrais voir le shérif, c'est une urgence ! Dit-il.

— Je suis là pour ça ! Le shérif est occupé pour le moment ! Qu'y-a-t-il de si urgent ? Demande-t-il avec un regard de poisson mort.

— C'est lui que je veux voir ! Dites à Jim que Josh est là !

— C'est toujours urgent qu'y disent ! Répond l'agent.

Josh se rapproche du bureau et pose ses mains dessus en se penchant sur le planton. Je vois l'agent qui hésite sur la conduite à tenir. Je sens qu'il n'a aucune envie d'accéder à la requête de Josh, plus par défi que par réelle motivation. Il n'aime pas qu'on lui dise ce qu'il doit faire, et compte bien en démordre apparemment.

Puis après quelques secondes de réflexion, il prend le téléphone sur son socle et prévient le shérif. J'entends aussitôt des pas résonner dans l'escalier. Apparait alors le shérif. C'est un homme grand, presque qu'autant que Josh lui-même. Il est âgé d'une cinquantaine d'année, les cheveux grisonnants, et une bedaine tendue dans son uniforme. Son regard se pose sur moi, puis s'attarde sur Josh. Un sourire avenant éclaire alors son visage.

Reviens-moi   (Histoire complète)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant